30 décembre 2009

Top BD - Benzine Mag

Dans ce top BD, je suis contente de retrouver l'excellent Je mourrai pas gibier, d'Alfred, que je n'ai pas mentionné dans ma liste des derniers jours. Pourtant il s'agit d'une des très bonnes BD lues cette année.
On retrouve aussi ma BD préférée de 2009, Droit du sol, de Charles Masson. D'ailleurs vous trouverez ici la critique de Benzine sur celle-ci.

En écrivant ce soir, j'écoute ma dernière trouvaille achetée hier, Grizzly Bear, Veckatimest (Warp Records, 2009)

29 décembre 2009

Une liste

Voici les 10 livres qui m'ont particulièrement enthousiasmée cette année. Certains d'entre eux ont été publiés il y a longtemps, mais la majorité sont de 2008 ou 2009.
1) Des vents contraires, Olivier Adam, Éditions de L'Olivier, 2008
2) La maison des temps rompus, Pascale Quiviger, Éditions du Boréal, 2008
3) Une vie française, Jean-Paul Dubois, Éditions de l'Olivier, 2004
4) La pluie, avant qu'elle tombe, Jonathan Coe, Éditions Gallimard, 2009
5) Villa Amalia, Pascal Quignard, Gallimard, 2006
6) Vandal Love ou Perdus en Amérique, D.Y. Béchard, Québec Amérique, 2008
7) Impardonnables, Philippe Djian, Éditions Gallimard, 2009
8) Lettres à un jeune poète, Rainer Maria Rilke, Livre de Poche, 1991 (mais 1929 pour la première parution)
9) Seul dans le noir, Paul Auster, Actes Sud, 2009
10) La trahison de Thomas Spencer, Philippe Besson, Julliard, 2009

Au rayon BD, voici une sélection de 7 ouvrages que j'ai beaucoup aimés :
1) Droit du sol, Charles Masson, Casterman, 2009
2) Harvey, Hervé Bouchard et Janice Nadeau, Éditions La Pastèque, 2009
3) Faire semblant c'est mentir, Dominique Goblet, L'Association, 2006
4) Les mauvaises gens, une histoire de militants, Étienne Davodeau (tout Étienne Davodeau, en fait), Delcourt, 2005
5) Un zoo en hiver, Jiro Taniguchi, Casterman Écritures, 2009
6) La fin du monde, Pierre Wazem, Éditions Futuropolis, 2008
7) La mal aimée, Kim Dong-Hwa, Casterman Écritures, 2008

24 décembre 2009

Top 2009 (suite)

Maintenant, les listes des meilleurs livres de l'année 2009, par les journalistes de La Presse...

Ici.

Et vous, quels sont vos meilleurs livres pour l'année 2009 ?

23 décembre 2009

La liste de Benzine mag

Les 10 meilleurs romans 2010 selon la rédaction :

1. Des Hommes, de Laurent Mauvignier

2. Exit le fantôme, de Philip Roth
3. La pluie avant qu’elle tombe, de Jonathan Coe
4. Trois femmes puissantes, de Marie Ndiaye
5. Quand je serai roi, de Enrique Serna
6. La Vérité sur Marie, de Jean-Philippe Toussaint
7. L’atelier d’écriture, de Chefdeville
8. Un mensonge sur mon père, de John Burnside
9. Jan Karski, de Yannick Haennel
10. La cendre aux yeux, de Jean Forton (réédition)

Benzine Mag

Il faudrait que je profite de mes quelques jours de vacances (bientôt bientôt) pour vous concocter moi aussi ma liste des 10 meilleurs livres que j'ai lus en 2009. Notez que ce ne serait pas nécessairement des livres parus en 2010, j'ai lu quelques perles un peu anciennes... Comme Une vie française, de Jean-Paul Dubois, qui m'a beaucoup plu.

En écrivant ceci, j'écoute Stereolab, Contronatura (Dots and Loops, 1997)

17 novembre 2009

Parce que j'en ai parlé dernièrement...

Le livre Harvey rafle deux prix du gouverneur général

Alain Martineau
La Presse Canadienne

Une première pour les prix littéraires du gouverneur général: le Conseil des arts du Canada a décerné deux prix à un même livre, le roman Harvey, dans le créneau littérature jeunesse.
Hervé Bouchard a été récompensé pour son texte à saveur poétique, alors que Janice Nadeau l'a été pour les illustrations accompagnant l'ouvrage.
«Le livre raconte l'histoire d'un petit garçon qui perd son père et qui doit apprendre à survivre à ça, tout simplement», a affirmé M. Bouchard après l'annonce officielle des lauréats, mardi, dans l'auditorium de la Grande Bibliothèque à Montréal.
Le romancier de Saguenay et l'illustratrice de Montréal font partie des 14 lauréats (sept en français et sept en anglais) qui recevront leur prix (25 000 $) des mains de la gouverneure générale du Canada, Michaëlle Jean, le 26 novembre à Rideau Hall.

Le jury a souligné que l'auteur «a une écriture à la fois surprenante et d'une extrême sensibilité». Pour ce qui des illustrations, on a noté que «le dessin, tout en nuances, danse avec le texte et donne un rythme à la lecture du livre».
«Le livre parle beaucoup d'une enfance heureuse mais qui est brisée par l'événement, a signalé M. Bouchard, qui écrit aussi des romans pour adultes. Harvey, qui a l'imagination fertile, a de la difficulté à faire la différence entre la réalité et ses fabrications imaginaires. Et c'est son imaginaire qui triomphe.»

Les illustrations sont aussi importantes que le texte, a reconnu le romancier. «C'est le mariage entre l'illustration qui raconte et le récit qui procure des images», a-t-il résumé au sujet de son livre fait pour les jeunes de 10 à 110 ans.
L'illustratrice Janice Nadeau en était à son troisième prix littéraire du gouverneur général.
«Je connaissais déjà les textes d'Hervé Bouchard, a mentionné la jeune femme. Je travaillais à partir de ses mots. Je connaissais plus son texte que lui, probablement. C'est un grand bonheur que de mériter ces honneurs.»

Dans la catégorie romans et nouvelles, la palme est allée à Julie Mazzieri, de Saint-Paul-de-Chester, pour Le discours sur la tombe de l'idiot, un texte «noir» portant sur des gens d'un village qui veulent se débarrasser de l'idiot de la place. On estime que l'auteure a gagné son défi de rendre crédible une histoire lourde, qui pourrait fort bien faire l'objet d'un film.

En études et essais, Nicole V. Champeau, d'Ottawa, a mérité le prix pour Pointe Maligne, l'infiniment oubliée, un essai poétique qu'elle a produit après dix ans de travail. Ce livre parle de pans d'histoires disparus, oubliés, des peuples amérindiens et français du Haut Saint-Laurent, entre Cornwall et les Mille-Iles, du temps du régime français.

«C'est une partie occultée du fleuve, cette présence française qui se manifeste dans les cartes anciennes et les textes. On retrouve des patronymes délirants de beauté. Cet aspect de poésie de l'histoire m'a fascinée», a soutenu cette passionnée du Saint-Laurent qui a pu mettre la main sur des écrits du comte de Frontenac et de Radisson, pour ne nommer que ceux-là.

L'essai fait aussi référence à une période pas si lointaine de la construction d'un barrage hydro-électrique à Cornwall et de la Voie maritime (dans les années 1950), au cours duquel des gens ont été forcés de quitter leur village.

«On a détruit des villages en faisant déménager 6500 personnes. Il y avait du français. Ces lieux ont disparu de la mémoire», a déploré l'auteure franco-ontarienne.

En théâtre, le prix va à Suzanne Lebeau pour Le bruit des os qui craquent, une dénonciation de la guerre et des ravages qu'elle fait sur les enfants.

En poésie, la Montréalaise Hélène Monette, qui a raflé le prix pour Thérèse pour joie et orchestre, a profité de l'annonce des lauréats pour réclamer l'abolition de la TPS pour les dictionnaires et une diminution de 40% des gaz à effets de serre.

Enfin, dans la catégorie traduction, Paule Noyart, de Bromont, a livré un plaidoyer pour que les gens lisent le livre qu'elle a traduit, Le Miel d'Harar, qui parle notamment de la solidarité de femmes de l'Éthiopie.

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J'apprends d'ailleurs que Hervé Bouchard et Janice Nadeau seront en dédicace au Salon du livre ce samedi 21 novembre de 14 h 30 à 16 h au kiosque de La Pastèque. N'hésitez pas à aller découvrir leur travail magnifique !

26 octobre 2009

Sampat Pal

Moi, Sampat Pal, chef de gang en sari rose, Sampat Pal, en collaboration avec Anne Berthod, Oh ! Éditions 2008, 290 pages.

Il y a quelques semaines, alors que Patrick Masbourian nous offrait son excellente émission "Vous êtes ici", injustement supprimée des ondes de Radio-Canada depuis, j'ai entendu une entrevue portant sur Sampat Pal, chef de gang en sari rose.
Celle-ci a écrit sa biographie et décrit son combat, en collaboration avec Anne Berthod.
Pas de la grande littérature, certes, mais nous sommes ici avant tout dans un témoignage qui nous offre une vision de l'Inde vue de l'intérieur, par une femme que rien n'aurait laisser présager qu'elle se transformerait en justicière dans un monde machiste, sexiste et corrompu. Un pays où cette culture est si présente, presqu'immuable, où le système de castes, bien que banni dans les papiers depuis plusieurs années, reste omniprésent, particulièrement dans les campagnes, où les plus forts règnent souvent sur les plus faibles, parfois avec violence.
Cette entrevue avec Karine Bates, anthropologue spécialisée dans l'Inde, entendue donc en avril 2009, m'avait véritablement frappée, et depuis je cherchais ce fameux livre, pour connaître un peu mieux la vie de cette femme.
Le livre en main, j'ai donc suivi tout le cheminement de cette femme, issue d'une basse caste, celle des bergers, qui parviendra par la force de son caractère à imposer sa vision du monde d'abord à sa famille (et surtout sa belle-famille) et à son mari puis aux forces policières et aux entrepreneurs véreux de sa région, l'État le plus peuplé de l'Inde, et aussi l'un des plus pauvres, l'Uttar Pradesh.
Progressivement, elle s'organisera pour fonder le gang des saris roses, le Gulabi Gang. Ses actions commencent modestement, la plupart du temps, elle s'occupe d'arranger des affaires liées aux injustices du système de castes ou des problèmes territoriaux. Parallèlement, elle donne des cours de couture à des femmes pour leur permettre de s'émanciper en fabriquant des habits qu'elles peuvent vendre.
Puis, de plus en plus de femmes viennent la consulter pour des problèmes conjugaux, la plupart du temps de la violence qu'elles subissent de la part de leur mari ou de leur belle-famille. Il faut savoir qu'en Inde, dans les milieux les plus défavorisés, la femme qui se marie (souvent qui ne choisit même pas son mari et qui est mariée à 12 ou 13 ans) s'en va vivre dans sa belle-famille, donc celle-ci devient très présente dans les affaires du couple. Si le couple a des problèmes ou met du temps à avoir des enfants, c'est toujours la faute de la femme, et si celle-ci n'accouche que de petites filles, elle peut être rejetée par son mari, qui souhaite souvent ardemment avoir des fils !
Donc Sampat Pal devient la conseillère de ces femmes et bien souvent elle arrive à résoudre leurs problèmes.
Parfois, elle organise quelques actions chocs, des sit-in devant les postes de police, ou des "corrections" données à des maris violents... Elle use de méthodes peu orthodoxes, mais c'est le seul moyen pour elle de se faire entendre.
Grâce à la fondation du Gulabi Gang, ces femmes qui viennent la consulter peuvent devenir des ambassadrices de Sampat Pal, venant à leur tour en aide à d'autres femmes. Seule une modeste contribution au Gulabi Gang est demandée, pour acheter le fameux sari rose et aider un peu à son fonctionnement. Sampat Pal souhaite surtout que les femmes s'impliquent dans le gang de façon active, en apprenant à lire, à écrire, en développant leur éducation et en découvrant leurs droits, droits qui ont souvent été bafoués toute leur vie.
Sampat Pal a aussi été sollicitée pour se lancer en politique. Mais son souhait de ne faire aucun compromis lui fermera les portes des grands partis et ses candidatures comme candidate indépendante n'aboutiront pas.
L'expérience politique tourne court. Mais si jamais elle devait recommencer, car cela l'intéresse, elle écrit que «jamais je ne ferai passer mes propres intérêts avant ceux de la communauté et je me battrai toujours pour les autres, avec le même acharnement. Je le jure.» (p.250)
Nos politiciens devraient en prendre note.

L'Inde est un pays fascinant, si riche et aussi plein de contrastes. Grâce à ce document biographique, nous percevons un peu plus l'ampleur de ces contrastes et saisissons l'importance du combat de cette femme. Un témoignage plein de rage et d'espoir, souvent déconcertant.


Le Gulabi Gang a maintenant un site Internet, sur lequel vous pourrez contribuer aux projets de Sampat Pal si vous le souhaitez.

En écrivant ceci, j'écoute Nitin Sawhney, Prophesy (V2/BMG, 2001)


06 octobre 2009

La trahison de Thomas Spencer

La trahison de Thomas Spencer, Philippe Besson, 2009, 265 pages.

Un mot me vient après la lecture de ce livre : douceur.
L'écriture de Philippe Besson a cette douceur langoureuse, cette sensualité, qui s'accorde tout à fait avec les lieux où se déroulent l'histoire de son dernier roman.
Je n'avais lu aucun des livres de cet auteur, et pourtant son écriture correspond tout à fait à ce que j'aime dans un livre : cette douce mélancolie...
Le Mississippi dans lequel se déroule l'histoire de ce livre est moite et collant. Il est raciste aussi, dans ces années 60 particulièrement. C'est ce que nous montre le narrateur, Thomas Spencer lui-même, qui traverse ces années tranquillement, accompagné de son ami Paul. Leurs deux familles sont voisines, par le plus grand des hasards (la mère célibataire de Thomas emménage là juste après la naissance de son fils, abandonné par son mari), et les deux garçons, sorte de jumeaux cosmiques, sont nés le même jour (le jour du bombardement sur Hiroshima). Ils deviendront les meilleurs amis du monde et vivront tout ou presque à deux. Leur relation reste totalement pure et sans ambiguïté mais le livre comporte une scène teintée d'une sensualité chaste, lorsque les deux garçons se baignent ensemble dans le fleuve. Philippe Besson a ce talent pour décrire les corps des garçons et leurs premiers émois.
Les deux amis rencontreront un beau jour Claire, qui sera à l'origine (la rencontre) du drame.
Les chapitres sont très courts et nous précipitent dans cette Amérique des années 50 et 60 qui vit quelques-uns de ses plus grands événements (Premier homme sur la lune, assassinat de JFK et de Martin Luther King, lutte pour les droits sociaux... une description par ailleurs un peu scolaire et maladroite parfois de tous ces événements). Cette construction en chapitres brefs et fluides fait que nous lisons ce livre assez rapidement, d'une part parce que les pages se tournent vite et d'autre part parce que l'on ne veut plus lâcher l'histoire...
La fameuse trahison, quelle est-elle ? Je m'y attendais un peu, à cette trahison finale, dans les grandes lignes. Elle tarde et tarde à venir, mais le suspense n'en est que plus intense. Je frémissais à l'idée de tourner la page et d'enfin savoir... Le drame final contrecarre la beauté et la quasi-légèreté du début, comme une ode à l'adolescence et à l'enfance définitivement perdues dans ces 50 dernières pages.

Un avis beaucoup plus mitigé ici.
Et une critique très dure sur TV5 Monde...(!)
La critique de Lire, beaucoup plus élogieuse.

En écrivant ceci, j'écoute Rocco Deluca and The Burden, Mercy (Universal, 2009)

03 septembre 2009

Droit du sol

Droit du sol, Charles Masson, Casterman Écritures, 2009

Ce pavé de 435 pages, dont les planches finales m'ont jetée à terre par leur rudesse, loin de tous les "happy ends" hollywoodiens, a tout de suite accroché mon regard à la bibliothèque, parce que Casterman Écritures nous offre souvent de bons crus (Les Taniguchi et Kim Dong-hwa, Amères saisons d'Étienne Schréder, lu récemment, en fait en parcourant leur catalogue, je me rends compte que je les ai presque tous lus !).
Ici, nous sommes loin des histoires classiques, puisque Droit du sol se déroule à Mayotte, petit île appartenant à la France, collectivité d'outre-mer française, plus exactement (qui deviendra cependant une département d'outre-mer français en 2011). Située non loin de Madagascar, dans l'Archipel des Comores, Mayotte est un peu à part puisqu'obéissant à des lois françaises, à deux pas de deux pays très pauvres (Madagascar et Les Comores, ancienne colonie française) et instables. L'île de Mayotte fait figure d'eldorado pour les Malgaches ou Comoriens désireux d'améliorer leur sort. Ces derniers n'ont que 70 km à parcourir pour se retrouver en terre française, et avoir accès aux hôpitaux et maternités. On comprend donc pourquoi il y a tant d'immigration clandestine entre ces deux îles. Souvent, des femmes enceintes qui veulent accoucher à Mayotte pour obtenir le "droit du sol"... Mais tout n'est pas aussi simple pour ces immigrants à la recherche d'un avenir meilleur pour leurs familles.
Charles Masson, qui vit aujourd'hui à La Réunion (donc non loin des lieux qu'il décrits), brosse le portrait de plusieurs personnages, tous aussi intéressants les uns que les autres. D'abord il y a Danièle, qui accepte un contrat de plusieurs années comme sage-femme à Mayotte, en coopération. Elle quitte tout en France métropolitaine pour vivre pleinement son expatriation africaine. Les passages où nous la suivons donnent lieu à des descriptions juteuses d'expatriés français bien lourds et malheureusement réalistes. De vrais colons... dans tous les sens du terme (les Québécois comprendront) !
Il y a aussi Pierre, qui, parti faire un "break" à Mayotte comme médecin, y rencontrera l'amour en la personne d'une immigrante clandestine, Anissa. Le problème, c'est qu'il a déjà une conjointe restée en France, mais avec qui tout n'est pas simple. Il se retrouvera face à un choix important. D'autant plus qu'Anissa n'arrive pas à obtenir de papiers...
Puis, il y a Jacques et Jeff, le premier marié à Marie, immigrée comorienne, et avec qui il a deux petites filles, et le second éternel célibataire. Les deux hommes sont amis et vivent bien intégrés à Mayotte. Ils deviendront amis avec Danièle.
Enfin, il y a le directeur du magasin SFR, Serge, le "métro" (pour métropolitain, venant de la France métropolitaine) dans toute sa splendeur et persuadé de son bon droit, plein de naïveté, qui rédige son journal intime dans un style très collégien, relatant ses rencontres et ses espoirs.
«En ce qui concerne l'Île, ce territoire se dirige enfin vers la civilisation : les autorités Sanitaires et Politiques vont instaurer la SÉCURITÉ SOCIALE ! C'est le premier pas vers le "monde moderne "!»
«Par contre, il est primordial maintenant que les clandestins retournent chez eux : C'est le premier point de cette avancée sociale ! Il est fondamental qu'ils arrêtent de croire qu'ils peuvent venir ici pour se faire soigner gratuitement. C'est notre argent, et il doit être géré sainement
Le meilleur pour la fin...
«Nicolas Sarkozy est au Ministère de l'Intérieur, les fonctionnaires de la P.A.F. (Police Aux Frontières) ont enfin carte blanche pour expulser ceux qui doivent l'être !»
Toutes ces réflexions que ce personnage pose dans son journal sont d'une telle naïveté et d'une telle idiotie qu'on a du mal à y croire. Et pourtant c'est bien réel, et je suis persuadée que de nombreuses personnes pensent de cette façon.
Le sujet de l'immigration clandestine n'est pas simple, c'est sûr. Mais manquer à ce point de jugement me paraît si inhumain. Olivier Adam, que j'adore comme vous le savez, a très bien parlé de ce sujet dans son livre A l'abri de rien, publié en 2007 aux Éditions de l'Olivier. Même problème, mais dans le Nord de la France, avec des immigrés clandestins d'origine iranienne, irakienne, turque, qui rêvent d'aller en Angleterre pour fuir leur pays en guerre ou leur misère.
Un film sort prochainement sur les écrans québécois, Pour un instant, la liberté, d'Arash T. Riahi. Les extraits que j'ai vus présagent d'un film assez bouleversant, surtout quand tu vois un enfant dire à son père : «Papa, pourquoi il faut des papiers pour être avec ses parents ?» (la phrase m'est restée en tête depuis que j'ai vu la bande-annonce).

L'immigration clandestine, c'est ça. Réfléchir à une solution implique de se torturer la tête avec des émotions et des sentiments qui pour nous sont accessibles, comme vivre où l'on veut avec qui l'on veut... Pour ces personnes, ces simples faits ne sont pas possibles.

Encore une fois, le problème est complexe et je ne suis vraiment pas spécialiste. Charles Masson, dans son ouvrage, n'apporte pas non plus de réponse, mais permet de réaliser, si ce n'est pas déjà fait, que l'injustice est partout, et permet également de connaître mieux la situation dans cet archipel des Comores, quelque peu méconnu.
Les différents "chapitres" de cette bande dessinée, au trait simple et direct, sont entrecoupés de passages où nous assistons à des traversées clandestines entre les Comores et Mayotte, des "Kwassa - Kwassa". Ces moments, se déroulant de nuit, sont dessinés sur fond noir, ce qui permet d'insister sur la dureté de ces événements pour ceux qui les vivent.

Cette bande dessinée m'a beaucoup marquée et je la recommande à tous.« L'auteur est un médecin ORL, qui a toujours dessiné. Mais c'est sa vie qui lui a apporté les scénarios qui lui manquaient. Charles Masson ne peut se résoudre à accepter la souffrance et l'injustice. Il la combat au quotidien dans son premier métier ; il la raconte dans ses bandes dessinées pour reprendre son souffle.» (extrait de la quatrième de couverture)

Une interview de l'auteur.
Une critique avec un lien vidéo

En écrivant ceci, j'écoute Air, Pocket Symphony (Toshiba EMI, 2007)

Note : J'ai aussi beaucoup aimé Lulu, femme nue, d'Étienne Davodeau (Éditions Futuropolis, 2008), et Je mourrai pas gibier, d'Alfred (éditions Delcourt Mirages, 2009)
Je manque malheureusement de temps pour vous en parler plus longuement. Mais vous pouvez les lire sans hésitation, elles sont toutes les deux, dans un style très différent, tout à fait bouleversantes.

24 août 2009

Des vents contraires

Des vents contraires, Olivier Adam, 2009

Encore un formidable roman d'Olivier Adam, à l'écriture lumineuse et au propos bouleversant. Des personnages, incluant les paysages (qui sont des personnages à part entière dans les romans d'Olivier Adam), cassés par la vie, comme ces falaises abruptes et dangereuses, ou cette mer agitée et fourbe, mais qui se battent toujours pour faire briller une petite étincelle de vie ou un sourire d'enfant. Des personnages attachants, à qui l'on tend la main durant toute la lecture de ce livre, lecture rapide puisqu'il est difficile de les laisser ne serait-ce que pour dormir...
Je me souviens de Falaises, que j'avais lu en une nuit, ne pouvant pas lâcher ce texte bouleversant. Cela aurait pu être la même chose pour celui-là, même si tant de tristesse et de mélancolie pèse parfois.

10 août 2009

Dans le ventre de Montréal

Montréal souterrain, sous le béton, le mythe, Fabien Déglise, Éditions Héliotrope, 2008

Les ambiguïtés urbaines me fascinent parfois, particulièrement à Montréal, où, ne nous le cachons pas, elles sont nombreuses.
Il en va ainsi de la fameuse ville souterraine, que j'ai eu l'occasion d'arpenter il y a quelques années.
Fabien Déglise, sociologue de formation et aujourd'hui journaliste au Devoir depuis 2001, s'est penché sur l'histoire de la création de cette ville sous la ville. En sept chapitres distincts (Rêver, creuser, inaugurer, consommer, aseptiser, voyager, inspirer), l'auteur nous amène du rêve d'une ville intérieure à sa réalisation concrète, tunnel après tunnel, galerie après galerie, et à ses différents usages. Une construction fortement liée à l'Histoire du Québec, de la Grande Noirceur au référendum de 1980...
L'œil objectif de Fabien Déglise nous montre les contradictions qui existent dans cet ensemble, comme ces espaces parfois inutiles, ou ces indications souvent difficiles à trouver ! Il n'est pas rare de se perdre dans les couloirs successifs du Montréal souterrain.

J'ai toujours été surprise par l'image de Montréal à l'étranger. Mes amis français m'ont souvent dit : « Vous avez une ville souterraine, vous ! On ira se promener dans la ville souterraine ?»
Je n'y avais jamais mis les pieds jusqu'à il y a deux ans car pour moi, elle n'était synonyme que de magasins et de consommation de masse.
La lecture de ce livre est une visite à part entière, mais très loin des guides touristiques, qui, si ce n'est déjà fait, vous donnera envie d'aller explorer ces galeries, en connaissant les petits secrets de leur construction, de la politique de la Ville à leur égard et de tous les ouvrages artistiques que l'on peut y trouver (plus de 120 créations sont visibles dans ces galeries, métros inclus). L'auteur nous précise que «certains disent que cela fait du sous-sol de la métropole le 31ème musée de Montréal».
Savez-vous où se trouve cette murale de Frédéric Back, qui retrace l'histoire de la musique à Montréal ?
Qui sait qu'il y a une oeuvre d'art de Guido Molinari à l'entrée souterraine du magasin Simons ?
Peu de gens... car malheureusement, si ces oeuvres sont bel et bien présentes dans la ville souterraine, elles ne sont que peu mises en valeur.
Vous apprendrez tout cela et bien d'autres choses dans ce livre, pour toutes les personnes qui aiment à mieux connaître leur lieu de vie.

Un article dans La Presse.

Un super site passionné sur le métro de Montréal.

01 août 2009

La pluie, avant qu'elle tombe

La pluie, avant qu'elle tombe, Jonathan Coe, Éditions Gallimard, 2009

Jonathan Coe est l'un de mes auteurs contemporains préférés. J'adore ses histoires où se mêlent politique et musique, histoires personnelles et Histoire avec un grand H, souvent avec beaucoup d'humour. Dans ce dernier roman, au si beau titre (et le passage duquel il est tiré est très beau aussi), pas question de politique, ni de musique, excepté ce bailero, musique auvergnate découverte par la narratrice avec son premier et seul véritable amour, et qui ne la quittera jamais. Ce dernier ouvrage ne ressemble pas beaucoup à ses prédécesseurs, si ce n'est par le style et la construction du texte, toujours aussi habilement mené et avec une verve exaltante. Ici, il est question d'histoires personnelles et familiales. Plus exactement de filiation, d'héritage. Une histoire où les femmes ont une place prépondérante. Jonathan Coe est un auteur si sensible qu'il arrive à se mettre dans la peau d'une vieille dame, Rosamond, qui va raconter, au moyen de cassettes qu'elle lègue à une mystérieuse Imogen, l'histoire bouleversante de sa famille sur trois générations. Comment le désamour d'une femme peut entraîner chez sa propre fille et sa petite fille ensuite tant de haine et de violence, envers elles-mêmes, envers les autres ? Comment pardonner ?
Un roman bouleversant, comme chacun des romans de Jonathan Coe, mais celui-là plus ancré dans le réel, plus abouti dans les émotions qu'il suscite.

La critique de Benzine Magazine

Exit Wounds

Exit Wounds de Rutu Modan, traduit de l'hébreu par Rosie Pinhas-Delpuech, Actes Sud BD, 2007

Le point de départ de cette BD : un chauffeur de taxi, Kobi, rencontre la mystérieuse Nomi, surnommée "La girafe" (tiens, ça me rappelle des souvenirs...), qui lui parle de son père qui aurait peut-être disparu dans un attentat quelques jours auparavant.
Comment a-t-elle connu le père de Kobi ? Que s'est-il passé le jour de l'attentat ? C'est ce qu'ils tenteront de découvrir en allant à la rencontre des différents protagonistes autour de cet événement, mais également à la rencontre d'eux-mêmes...
Une histoire intéressante et bien écrite, que l'on lit d'une traite et en très peu de temps en ce qui me concerne. Je n'ai pas beaucoup accroché sur le dessin mais c'est tout de même à découvrir.
Cette bande dessinée a reçu deux prix : Le prix France Info 2008 de la bande dessinée d'actualité et de reportage et le Prix Essentiel 2008 à Angoulême.
Exit Wounds est assimilé à une bande dessinée"ligne claire" qui est un terme désignant un dessin sobre et peu exubérant. La bande dessinée en ligne claire vient d'Hergé, dessinateur de Tintin, et le terme a été créé en 1977. Voici ce qu'en dit Wikipédia.

Voici un article très intéressant qui comprend un entretien avec l'auteure d'Exit Wounds : Actualités de la bande dessinée ligne claire


Harvey

Harvey, de Hervé Bouchard et Janice Nadeau, Éditions La Pastèque, 2009

Les Éditions La Pastèque ont pour habitude de nous offrir des ouvrages originaux et touchants (comme la série des Paul, de Michel Rabagliatti, l'ouvrage L'Appareil, etc.). Souvent, on a même droit à de petits bijoux. C'est encore une fois le cas avec cet ouvrage de Hervé Bouchard et Janice Nadeau, qui nous parle du deuil et de la façon d'aborder la mort d'un parent pour un enfant. C'est poignant et très beau.

Une critique du journal Voir, par Tristan Malavoy-Racine :
« Un roman graphique signé Janice Nadeau et Hervé Bouchard? L'annonce n'était pas passée inaperçue, en début d'année. Après quelques mois d'attente et de supputations - «mais à quoi donc est-ce que ça va ressembler?» a-t-on entendu souvent dans le milieu -, voici la chose, fruit du travail à quatre mains de la gagnante de deux Prix du Gouverneur général (littérature jeunesse - illustration) et de celui du Grand Prix du livre de Montréal 2006 pour son inclassable roman Parents et amis sont invités à y assister (Le Quartanier). Gros plan sur le petit Harvey, pour qui le printemps est à jamais synonyme de perte. C'est à cette saison en effet que son monde a basculé, quand en rentrant à la maison, un soir, après avoir joué dans les rigoles avec ses amis et son frère Cantin, il a vu son père sortir les pieds devant, son corps inerte emporté par deux brancardiers. Récit tout simple d'une mort et de son impact sur l'imaginaire d'un enfant, Harvey comporte aussi des éléments de fantastique intégrés avec beaucoup de finesse, auxquels contribue le dessin aux dominantes de beige et de prune, tantôt collé au réel, tantôt capable de dire l'émotion pure. Une histoire belle à pleurer, dont La Pastèque a fait un objet d'exception (impression en trichromie, couverture cartonnée toilée.). »

Le super article de La Presse ici.

21 juillet 2009

2 mois

Ohlala, presque deux mois sans rien raconter ici !! Ne me dites pas que vous n'avez rien remarqué ;-)
Bon, on verra d'ici la fin de l'été si je continue ce blogue ou pas.
Je dois juste vous dire que j'ai réussi à emprunter le dernier de Jonathan Coe à la bibliothèque cette après-midi et j'en frémis d'avance... Il paraît qu'il est extraordinaire.
Sinon je m'instruis ces temps-ci en lisant quelques ouvrages d'histoire (histoire du Québec etc.) et la revue Le Tigre, le "curieux magazine curieux", curieux magazine, donc, auquel mon frère m'a abonnée, et dont les articles s'apparentent à de petites histoires extraordinaires de la vie ordinaire. Passionnant. Ce magazine a beaucoup fait parler de lui, et notamment sur fa.ce.boo.k, avec cet article : Marc L***. À lire absolument.
Mes concerts ces jours-ci : Alexandre Désilets, Patrick Watson, Patricia Barber, Arthur H prochainement, et Julien Doré. Il y a aussi Jorane en concert gratuit avec l'Orchestre Métropolitain aux Francofolies de Montréal. Excellent.
Et qu'est-ce que j'écoute en écrivant cela ? Patricia Barber, bien sûr.

02 juin 2009

L'histoire d'un livre

À l'auberge de jeunesse de Chicago où nous étions, j'ai trouvé un livre dans la salle commune. Seabiscuit de Laura Hillenbrand. À priori pas un livre qui m'aurait attirée...
Mais ce n'est pas un livre comme les autres. C'est un "Traveling book".
Un livre que l'on prend, que l'on lit, et que l'on dépose quelque part pour que quelqu'un d'autre le prenne, le lise, etc.
Un livre qui a été soigneusement enregistré sur le site bookcrossing.com.
Alors je suis allée m'y inscrire moi aussi, et j'ai cherché par où était passé "mon" livre... Et bien, il a déjà fait presque un tour du monde (Australie, Nouvelle-Zélande, Europe) et a traversé les États-Unis en long, en large et en travers. J'ai pu lire les commentaires des personnes qui l'avaient lu.
J'ai trouvé cette idée (que je connaissais mais que je n'avais jamais pu observer concrètement) tout à fait intéressante et presque émouvante. J'ai décidé de lire ce Seabiscuit, en anglais s'il vous plaît, et je le laisserai partir quelque part à Montréal... Ou ailleurs, au gré de mes pérégrinations. Et puis ensuite, je pourrai peut-être faire voyager quelques livres de mon choix...
À noter : le site original de bookcrossing est en anglais mais un "site miroir" a été réalisé par des mordus français, alors n'hésitez pas à y faire un tour...

18 mai 2009

Retour de vacances

Je reviens de Chicago où j'ai vu Patricia Barber en concert au Green Mill.
Super concert jazz avec beaucoup d'impro. Patricia Barber est en résidence dans ce bar tous les lundis soirs depuis un moment déjà, c'est donc toute une expérience de - en quelque sorte - pénétrer dans l'intimité de cette artiste. C'était presque chez elle que nous étions invitées, dans sa ville et dans son bar, et c'était une expérience magique !

Je me suis procurée le premier album d'Elvis Perkins, Ash Wednesday, dans le magasin Reckless Records, magasin de disques usagés assez mythique.
Nous sommes aussi allées dans le "meilleur magasin de bd et de comics de tous les États-Unis", le Chicago Comics. Le choix était si vaste que finalement, je n'ai rien acheté, en fait, je n'avais plus un sou.
Il ne faudrait pas que ces magasins se trouvent à ma porte sinon je serais ruinée...

22 avril 2009

Faire semblant c'est mentir

Faire semblant c'est mentir, de Dominique Goblet, L'Association, 2008 (emprunté à la bibliothèque de Parc-Extension)

Voici le résumé de l'éditeur ainsi qu'une courte biographie de l'auteure :
«Commencé il y a douze ans, ce travail autobiographique est le chef-d'oeuvre de Dominique Goblet, l'un des livres les plus essentiels du catalogue de L'Association et de la forme autobiographique. Il s'agit d'un travail où le temps joue un rôle complet : l'auteur a intégré son changement de style à la narration, ainsi que les événements survenus dans sa vie dans une structure élaborée aux recherches stylistiques et narratives rarement égalées dans la bande dessinée.
Dominique Goblet élabore toutes sortes de récits sur de très nombreux supports : peintures, dessins, photographies, textes, installations, carnets, objets, fragments divers.
Sa narration peut se manifester à partir de deux dessins qui se font face ou de la complexité d'un livre.
Elle expose, publie, participe à des événements théâtraux (muziek LOD, à Gand), imagine des concepts photographiques pour les pochettes du label Sub Rosa.
Son travail est publié par Frémok (Bruxelles / Paris) et par l'Association (Paris).
Elle a participé à de nombreuses revues (Le Lapin, Strapazin, Comix 2000, Frigobox, Beaux Art magazine ...), expositions (Autarcique Comix, musée d'art contemporain de Luzern, Diapason à New York ...) et festivals (Angoulême, Villeurbanne, Haarlem ...).
La galerie Pierre Hallet représente Dominique Goblet à Bruxelles, Sjakie's Gallery à Haarlem et la galerie DS à Vence.»

Cette bande dessinée nous emmène dans un univers totalement à part. À part de la bande dessinée traditionnelle, à part du dessin traditionnel...Quand on la commence, on ne peut s'arrêter avant de l'avoir terminée !
Quatre chapitres se succèdent, alternant entre le récit de Dom, qui vit des retrouvailles douloureuses avec son père, accompagnée de sa fille Nikita, et l'histoire de GM, qui n'arrive pas à clôturer une relation amoureuse pour se laisser aller totalement avec sa nouvelle amie.
Les événements relatés sont dans les deux cas douloureux, mais ne tombent jamais dans le mièvre. Le personnage central, Dom, est à la recherche de cette pureté, de cette transparence, de cette vérité, mais se retrouve face à ses vieux démons, et face à des personnes qui à un moment ou à un autre, vont faire semblant (son père faisait semblant de ne pas entendre quand sa mère l'enfermait au grenier, les mains attachées ; son amoureux, perdu, fait semblant de l'aimer). Le livre montre l'omniprésence de l'enfance et des souvenirs dans notre vie d'adulte. Dom et GM tentent tous deux de s'aimer dans un présent jonché de leurs souvenirs douloureux. Le dernier chapitre apporte une douceur par ses couleurs chaudes, les tableaux, l'utilisation de la peinture... Nous sommes loins des chapitres précédents aux coups de crayons incisifs et parfois agressifs. Ce chapitre présage de jours heureux...

À lire absolument.

Vous pouvez en lire quelques pages ici.

En écrivant ceci, je découvre l'album que Tortoise a fait avec Bonnie Prince Billy, The Brave and The Bold (Overcoat recordings, 2006)

20 avril 2009

Quelques jolies BD

J'ai lu dernièrement :
- Je ne verrai pas Okinawa, d'Aurélia Aurita, aux Impressions Nouvelles
- Couleur de peau : miel, tome 1, de Jung, aux Éditions Quadrants (Astrolabe)
- Le cadavre et le sofa, de Tony Sandoval, aux Éditions Discover (aux bords arrondis)

Ces trois ouvrages, chacun dans leur style, m'ont beaucoup plu, avec une mention spéciale à celui de Tony Sandoval (une traduction de l'espagnol) avec ses très belles couleurs, sa fantaisie et sa sensibilité, l'histoire d'un jeune garçon solitaire qui rencontre une jeune fille qui lui ressemble, tout cela sur fond d'histoire de loups-garous et d'assassinat...
En allant voir ce lien, vous pourrez lire quelques planches de cette bande dessinée, et aussi découvrir un peu ce que sont les Éditions Discover.
Couleur de peau : miel relate l'histoire d'un petit garçon coréen qui est adopté par une famille belge. C'est une réflexion intéressante sur l'adoption, l'identité, l'abandon, etc. Très beau, j'ai hâte au deuxième tome. J'ai beaucoup aimé le dessin mais j'ai trouvé la typographie utilisée moins jolie. Je ne sais pas comment est fait ce choix en bande dessinée...
Quant à Je ne verrai pas Okinawa, il s'agit des mésaventures d'une jeune femme (l'auteure), passionnée par le Japon (elle est mangaka, dessinatrice de mangas), qui se voit refuser l'entrée dans ce pays pour trois mois sous prétexte qu'elle vient trop souvent et que c'est louche. Le Japon connaît en effet depuis quelques années un resserement dans ses politiques d'immigration. Le problème étant que son fiancé vit là et que cette expérience risque de les séparer. Comme le dit le résumé de la BD dans la couverture, «l'histoire de Chenda est aussi une histoire plus globale, car le Japon n'est pas le seul pays à triater ses étrangers avec méfiance et de manière arbitraire...»

Je me dois de signaler aussi que je me suis finalement plongée dans d'autres ouvrages d'Étienne Davodeau, dont je parlais ici. Chute de vélo, Le constat, Le réflexe de survie, j'attends avec impatience d'en trouver d'autres à la bibliothèque.
Ses histoires sont toujours touchantes, bien écrites, imprégnées d'une atmosphère nostalgique. À mettre entre toutes les mains.

J'ai encore quelques BD à lire avant de me lancer à la recherche de quelques titres de romans dont j'ai entendu le plus grand bien ces jours-ci, notamment dans les émissions Vous êtes ici, Vous m'en lirez tant et La librairie francophone, sur Radio Canada.
- Moi, Sampat Pal : chef de gang en sari rose, de Sampat Pal. Une histoire de la lutte de certaines femmes en Inde, menée par Sampat Pal.
- Entre le chaos et l'insignifiance : histoires médicales, de Jean Désy
- Le monde d'Archibald, d'Anne Brécart
- Tarmac, de Nicolas Dickner

En écrivant cette note, je découvre Do Make Say Think, & Yet & Yet (Constellation, 2002), qui me fait penser à Tortoise...

12 avril 2009

Nicolas Dickner

J'avais adoré Nikolski il y a quatre ans, et avais été charmée par Le Traité de balistique, il y a trois ans (Alexandre Bourbaki, l'auteur du Traité... est un nom inventé pour désigner les auteurs Nicolas Dickner et Bernard Wright-Laflamme et le dessinateur Stéphane Trahan), alors quelle nouvelle enthousiasmante !


Alexandre Vigneault, pour La Presse

Des phrases ne laissant rien au hasard, une imagination foisonnante, des images imprévisibles et ce ton plein de sous-entendus, pas de doute, revoilà bien Nicolas Dickner. Quatre ans après son célébré Nikolski, il publie Tarmac, un divertissant roman sur la fin du monde.

On a entendu des folies pour une existence entière à l'approche de l'an 2000. Il suffit de repenser un instant au fameux bogue informatique anticipé pour se rappeler à quel point l'époque était propice à la propagation de scénarios catastrophes. Le même vent de panique souffle à la fin de chaque siècle et de chaque millénaire, répétaient pourtant des érudits.

L'apocalypse n'est toutefois pas une préoccupation conjoncturelle pour la famille de Hope Randall, l'un des personnages centraux de Tarmac, deuxième roman de Nicolas Dickner. C'est une véritable obsession. Un legs douloureux du souvenir de la déportation de 1755 ou une maladie congénitale développée à coup d'unions consanguines. «Les Randall étaient casaniers», souligne le narrateur.

De génération en génération, au moment de la puberté, chaque Randall vit son «mauvais-quart-d'heure», sorte de cauchemar en trois dimensions pendant lequel lui sont révélés la date, l'heure et la nature de la fin du monde. Ann Randall, la mère de Hope, avait pressenti que l'inévitable devait se produire au cours de l'été 1989. C'est-à-dire au moment où débute le roman...

Tarmac, ce n'est pas une coïncidence, s'amorce la même année que Nikolski: 1989. Pas parce que les deux récits sont liés - ils ne le sont pas -, mais parce que Nicolas Dickner a une affection particulière pour cette année, bien qu'il affirme ne pas avoir été marqué outre mesure par la chute du mur de Berlin ou le massacre de Tian'anmen. «Le début de ma conscience historique, c'est le bombardement de Bagdad en 1991», dit l'écrivain né en 1972.

«Ce qui m'intéresse, c'est la période qu'introduit 1989, poursuit-il. Ça correspond au début d'une décennie qui va être marquée par l'altermondialité et la globalisation. Il y a une décennie de flottement entre la chute du bloc soviétique et les attentats de New York en 2001.»

La toile de fond du roman, c'est donc cette époque. Ces changements profonds dans l'équilibre du monde qu'observent Hope et son nouvel ami Mickey, entre un film de zombie et une infopub ridicule, dans le confort de leur bunker. C'est-à-dire le sous-sol d'une résidence familiale située loin de l'action, à Rivière-du-Loup.

S'amuser de la fin du monde, c'est un peu culotté. Nicolas Dickner refuse d'ailleurs d'acquiescer à la suggestion que Tarmac soit une satire des folies millénaristes qui ont circulé de la fin des années 1980 à l'an 2000. «On ne peut pas dire objectivement que ce soit drôle», rétorque-t-il.

L'obsession de la fin du monde dans laquelle on vit depuis 20 ans, selon lui, teinte le regard qu'on pose sur l'actualité et fait que, à force de toujours être en mode panique, on manque de perspective. «On pense à la fin des choses, mais on ne pense pas au renouveau, regrette-t-il. C'est toute l'idée derrière le bouquin: les fins du monde ne sont jamais définitives.»

Tarmac évoque un peu tout ça à travers la quête de Hope - seule Randall à n'avoir jamais subi de «mauvais-quart-d'heure» - et l'étrange relation qu'elle entretient avec Mickey. Tous deux à l'aube de l'âge adulte, ils cherchent plus ou moins à échapper à une forme de prédestination familiale. Un autre thème qui semble cher à Nicolas Dickner qui, dans Nikolski, avait mis en scène une supposée descendante de flibustier devenue pirate informatique.

«Je viens d'une grosse famille, mes parents étaient 13 d'un côté et 16 de l'autre. J'ai fini par intégrer ça comme un raccourci pour le monde, expose-t-il. Utiliser une famille, c'est une image commode pour parler de la société.» L'esprit tordu de la famille Randall, ce n'est qu'une métaphore pour mettre en scène le discours catastrophiste.

Einstein et Nana Mouskouri

Construit comme une suite de fragments plus ou moins longs séparés par des intertitres parfois loufoques (Parum pum pum, Mégacitrons), le roman permet de renouer avec le style férocement ironique de Nicolas Dickner. Peu importe le drame qui se joue, on sent toujours le sourire en coin du romancier, qui se manifeste ici et là dans des dialogues spirituels ou des images inusitées. De plus, au chapitre des références culturelles, l'écrivain ne fait pas de discrimination: il cite aussi bien Einstein et Romero que... Nana Mouskouri.

Moins distant que Nikolski, Tarmac ne verse pas pour autant dans la psychologie et le sentimentalisme. Ce qui lie Hope et Mickey, c'est une espèce de non-relation pourtant intime. «Le roman psychologique, ce n'est pas ma tasse de thé, tranche le romancier. J'utilise la psychologie quand ça fait mon affaire. Il y en a plus dans Tarmac que dans Nikolski parce que l'histoire s'y prête mieux.»

Nicolas Dickner a choisi son camp: celui des écrivains qui abordent le roman comme des metteurs en scène, laissant au lecteur le loisir de deviner ce qui se passe dans la tête des personnages et que le texte ne dit pas. «C'est beaucoup plus difficile et c'est également beaucoup plus limité, reconnaît-il. C'est un choix d'outil. L'introspection, ça m'agace.»

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Tarmac

Nicolas Dickner Alto, 23,95$

En librairie le 15 avril

11 avril 2009

Inspiration et trouvailles

Dans les commentaires de mon précédent article, M me demandait où je trouvais mes suggestions de lecture, comment je m'approvisionnais en livres et de quoi je m'inspirais.
Et bien, la plupart du temps, c'est au feeling que je fonctionne... Cependant je dois bien avouer que je lis beaucoup, d'une part le journal Voir, et La Presse ou Le Devoir, section arts, pour lire les dernières critiques sur les nouveautés littéraires, et d'autre part, ma revue préférée, Entre les lignes, qui m'offre un panorama de nouveautés assez large et varié, des coups de cœur de lecteurs ainsi que des articles avec des suggestions intéressantes (par exemple, les entrevues avec des personnalités qui nous parlent de leurs bibliothèques).
Ensuite, je visite mes bibliothèques préférées : Mile End, Parc-Extension, Petite-Patrie, et je regarde les nouveautés qui m'inspirent. Je prends énormément de livres, de romans, de BD. Je les lis presque tous. Parfois, c'est une couverture qui va m'attirer, d'autres fois le résumé de la quatrième de couverture, d'autres fois encore le nom de l'auteur qui me dit quelque chose...
Et puis, il y a les amis qui me prêtent gentiment des choses, des BD qui les ont bouleversés, des romans qui les ont questionnés. Il y a aussi les livres que je n'ai pas encore lus alors qu'ils m'appartiennent, achetés lors d'une vente dans une bibliothèque ou ramenés de France, ou reçus en cadeau...
Pour ce qui est de la musique (référence au même commentaire de M sur mes choix d'écoute musicale), je suis remise à jour régulièrement par une de mes amies (merci Zoute!) et sans elle je serais carrément larguée. Sinon je navigue pas mal sur Poste d'écoute, mais le son est pas terrible. Je n'ai pas encore compris toutes les subtilités de Lastfm mais je me soigne.

Enfin, un seul mot d'ordre dans ma démarche : les oreilles et les yeux grands ouverts !

Un petit ajout pour M : j'ai oublié de mentionner aussi la chronique de Jean Fugères du dimanche matin chez Le Bigot, que j'écoute régulièrement. D'ailleurs, ce matin, il a parlé du dernier de Nicolas Dickner, qui sort mardi. Ça s'appelle Tarmac et ça semble très prometteur... Aux Éditions Alto bien sûr ! ;-)
Et il y a aussi les suggestions provenant de la blogosphère, que je trouve sur différents blogues que je lis religieusement (merci Google Reader !), dont celui de M...

En écrivant ceci j'écoute Kruder & Dorfmeister, The K&D Sessions (Studio K7, 1998)

07 avril 2009

La maison des temps rompus

La maison des temps rompus, de Pascale Quiviger, Éditions du Boréal, 2008, 238 pages

La narratrice, dont on ne sait rien, fait l'acquisition d'une maison en bord de mer, lieu qui semble à la fois idyllique et mystérieux puisque personne d'autre qu'elle ne semble le voir. Ses amies, voulant lui rendre visite, marchent pendant des heures le long de la plage sans jamais trouver cette maison («Comment, vous n'avez pas trouvé la maison ? Je vous ai tout expliqué, je vous ai même fait un dessin, ce n'est pourtant pas compliqué !»).
Le premier chapitre nous décrit pourtant cette maison (dans un style magnifique d'ailleurs), nous avons l'impression d'y être. Contrairement à la majorité des critiques que j'ai lues, j'ai beaucoup aimé cette première partie. Le passage au deuxième chapitre (L'âge tendre) a été un peu difficile car il y a une vraie cassure dans le style et la narration.

«Il convient de commencer par la fin. Par le début de la fin, qui est en soi un commencement : je voulais une maison.
Je voulais une maison pour qu'elle m'avale, je me souviens avoir pensé : j'aimerais tant être nulle part. Être nulle, annulée. Une maison, si possible au bord de la mer, comme antidote à l'étroitesse d'horizon»

Cette histoire débute donc par une fin, qui présage d'un renouveau, ou qui tend vers cela. Nous l'espérons.
«J'allais bientôt savoir à quoi m'en tenir au sujet de ma maison, c'est à dire : au sujet de ma vie.»

Jusqu'au dernier chapitre, nous ne saurons pas exactement ce qui amène une telle détresse chez la narratrice. Les morceaux se recollent au fur et à mesure, comme un puzzle, car un deuxième roman débute dans le roman : l'histoire de l'amitié forte et unique entre deux jeunes filles, Claire et Lucie, d'abord petites filles (L'âge tendre), puis jeunes enfants (L'âge de raison), puis ados (L'âge ingrat) et enfin adultes (L'âge adulte).
Ce roman est un hommage aux femmes, aux mères, aux amies, à toutes les femmes qui ont marquée Lucie et qu'elle a aimées. Sa mère, Aurore, prend beaucoup d'importance dans l'univers des deux fillettes, leur racontant des histoires magnifiques... «Il semble parfois à Lucie que les histoires d'Aurore poursuivent passionnément un objectif caché: expliquer qui elle est sans devoir s'exposer. D'une manière ou d'une autre, elles commencent à lui poser problème et Lucie s'interroge de plus en plus sur la nature de la vérité.»
Aurore, qui finalement, fuira face à cette vérité. Moment difficile, que Lucie extériorisera peu mais qui posera les jalons de sa vie d'adulte.

Il s'agit d'une lecture très exigeante, demandant toute l'attention du lecteur. Le style contient de nombreux passages poétiques et lyriques, notamment les histoires inventées d'Aurore, des légendes qui nous transportent, si l'on veut bien, par leur magie. Celles-ci nous permettent de comprendre le cheminement de Lucie, jusqu'à revenir au point de départ dans le livre, mais le point d'arrivée pour elle : l'achat de la maison des temps rompus.
«Je voulais une maison pour qu'elle m'avale. Je me souviens avoir pensé : j'aimerais tant être nulle part. «En vente, bord de mer» est la maison des temps rompus. C'est le lieu concocté par ce qui, en moi, demeure capable de vision, de guérison et d'espoir. Je n'ai pas d'autres mots pour le dire.»

Voici une critique plus mitigée (mais positive quand même) parue dans le journal Voir (par Tristan Malavoy-Racine).

Pascale Quiviger est une auteure québécoise, originaire de Montréal-Nord. Elle réside maintenant en Angleterre où elle enseigne les arts visuels et la peinture (c'est aussi une artiste).
De ses origines, Pascale Quiviger dit sur le site de Canoë (article intéressant ici) : «L’écriture est transportable. Ça m’ouvre des horizons. Vivre ailleurs fait que nous n’appartenons à aucun espace. Ça rend mon travail plus malléable. Mon identité est en doute. Tout est familier et, en même temps, ne l’est pas du tout. Ma vision n’est pas celle de l’appartenance, mais elle est liée à des solidarités planétaires.»
La maison des temps rompus est son troisième roman publié, après Ni sol ni ciel, publié en 2001 aux Éditions de L'Instant même et Le cercle parfait, publié en 2004 aux mêmes éditions, qui a obtenu le prix du Gouverneur Général cette année là.

Alors je ne peux en révéler trop de ce roman, qui contient ici et là des phrases sublimes, des sentiments bouleversants. Juste vous dire que ce livre m'a profondément émue, je le conseille vivement pour la beauté de l'écriture et la découverte d'une auteure très originale et talentueuse.

En écrivant ceci, j'écoute Soap & Skin (2008), et Marianne Faithfull, Easy Come Easy Go (2008, Naïve)

02 avril 2009

Qui êtes-vous ?

Je suis surprise de constater le nombre de visites que j'ai sur mon "espace livres"... Alors qu'il y a trois ans, je me plaignais que personne ne lisait ce que j'écrivais, alors «à quoi bon faire ce blogue si personne ne lit ?». Ce questionnement, que tout le monde a un jour quand on écrit sur Internet (lieu public par excellence), n'a plus lieu d'être maintenant puisque je peux voir plus de 40 visiteurs par jour, grâce à ma fonction de statistiques. Un blogue, c'est comme une clientèle, ça se construit, et les visites arrivent quand on est bien patient...

Bref, tout ça pour vous dire qu'il reste une problématique pour moi. En réalité, ce n'est pas vraiment un problème, puisque je sais que ce que j'écris sur ce blogue n'amène pas forcément de commentaires. Mais le fait est que je reçois très peu de commentaires. Donc cela reste assez mystérieux à mes yeux : qui êtes-vous ?
Je vous demande, si vous le souhaitez, de m'écrire un petit mot disant d'où vous écrivez, et ce qui vous a amenés sur ce blogue.
Que représente la lecture pour vous ?
Et aussi, allons-y avec une suggestion lecture tiens, pendant qu'on y est. Quel livre me recommandez-vous ?
Allez-y, lâchez-vous ! :)

Sinon, je lis un livre formidable, commencé il y a deux jours : La maison des temps rompus, de Pascale Quiviger. Je vous en reparlerai !

27 mars 2009

Le combat des livres - La finale

Le grand vainqueur de l'édition 2009 du combat des livres est Rawi Hage, avec Parfum de poussière, aux Éditions Alto. Ce livre était défendu par Brendan Kelly et il a gagné par 3 voix contre 2.
Le lien pour écouter

Bon, je vous avoue, aujourd'hui je manque de temps et d'envie pour faire le compte rendu de façon aussi détaillée que les précédents jours. De plus, je suis un peu déçue du résultat, mais je réessaierai Parfum de poussière tout de même. Mais après La fabrication de l'aube par exemple ! Celui-ci a été si bien défendu par Emmanuel Bilodeau, même si celui-ci a été très critiqué sur sa manière de faire. Moi j'ai trouvé ça génial, car il voulait vraiment parler de son livre avant tout.
De toute manière, ce combat des livres, comme l'a dit Jean-François Beauchemin, est «bâtard». Ce qui compte, c'est de parler de littérature.
Je vous conseille d'écouter cette dernière partie grâce au lien ci-haut, le discours de Françoise Faucher, qu'Emmanuel Bilodeau a contacté, est très persuasif.

Le vote des auditeurs a été différent du choix final des concurrents :
- Emmanuel Bilodeau a été choisi comme meilleur panéliste, talonné de très près par Esther Bégin.
- La fabrication de l'aube a remporté le combat des livres.
Pourquoi pas deux gagnants cette année ? ;-)

Bonnes lectures à tous !

Le gagnant 2009 du combat des livres

26 mars 2009

Le combat des livres - Jour 4

Aujourd'hui, il reste trois livres, Parfum de poussière, Vandal Love ou perdus en Amérique, et La fabrication de l'aube.
Les participants reparlent de la journée d'hier, et de la tactique d'Emmanuel Bilodeau. «Pour le jeu, pour le coup d'éclat, tuons Janette et Borderline
Christiane Charette leur dit qu'ils sont peut-être plus honnêtes cette année.
Elle aime beaucoup le panel qu'ils représentent tous.

Petit rappel des participants et des livres qui restent.
Esther Bégin reconnaît la générosité d'Emmanuel Bilodeau qui lui a permis de gagner hier.
Janette Bertrand fait alliance avec Brendan Kelly pour défendre Parfum de poussière. L'Abbé Gravel préfère écouter.
Comme on a beaucoup parlé de Vandal Love depuis le début de la semaine, les participants se sont mis d'accord pour parler aujourd'hui de Parfum de poussière et de La fabrication de l'aube.

Parfum de poussière de Rawi Hage
«Je suis très heureux de pouvoir parler de mon livre enfin.
Dans L'étranger de Camus, l'auteur exprime l'absurdité de la violence. Le personnage lit ce livre à la fin. Et c'est le thème principal du roman Parfum de poussière, la thématique clé. Tout est très violent, mais l'auteur ne juge jamais les actes des personnages.
C'est un grand roman, au niveau de l'écriture.
Il a reçu de nombreux prix, et le livre a voyagé un peu partout dans le monde. Il y a une frappe incroyable, il y a des passages poétiques et lyriques, il y a vraiment quelque chose à dire. C'est un roman universel».
Janette Bertrand en rajoute : «C'est important d'imaginer des jeunes dans une guerre civile, cet auteur nous montre l'absurdité totale des guerre civiles. On se demande que feraient les nôtres dans une telle situation».
Esther Bégin trouve qu'il y a beaucoup de détachement dans ce livre. «Les personnages ne sont pas très actifs. J'ai eu l'impression que ça avait été écrit rapidement».

La fabrication de l'aube de Jean-François Beauchemin
«C'est un livre qui ouvre la cage thoracique, qui donne envie de respirer large, de se réconcilier avec l'imperfection de la vie...» (une amie d'Emmanuel Bilodeau qui lui a envoyé un courriel)
Emmanuel Bilodeau choisit de lire des extraits du livre pour le défendre, car il se trouve mauvais en plaidoirie. En conclusion, il répète à quel point ce livre a changé sa vie.
«Un livre précieux. Ce qui ressort le plus de ce roman, c'est que sans l'amour des autres, la vie est complètement absurde.»

Qui veut éliminer quoi ?
Emmanuel Bilodeau vote contre Vandal Love
Janette Bertrand vote contre Vandal Love
Esther Bégin vote contre Parfum de poussière
Brendan Kelly vote contre Vandal Love

L'Abbé Raymond Gravel ne comprend pas pourquoi Brendan Kelly vote contre Vandal Love, alors qu'il l'a sauvé hier. Celui-ci réplique que le plaidoyer d'Emmanuel Bilodeau l'a convaincu et qu'il a aimé de la même façon 4 des 5 livres en compétition, mais qu'il faut faire des choix.
Esther Bégin souhaite parler à l'Abbé Raymond Gravel avant que celui-ci ne fasse son choix.
«Vous aimez le Québec, les Québécois, les francophones. Vandal Love, c'est un hommage aux Québécois francophones qui ont dû quitter le Québec, et qui ont fui aux États-Unis, et qui malgré l'adversité, malgré l'omniprésence de la culture américaine, sont revenus à leurs origines québécoises. Et D.Y. Béchard est lui -même un produit del 'exode vers les États-Unis. Gaspésien d'origine, son père détestait le Québec parce qu'il a dû fuir dans de mauvaises conditions. D. Y. malgré ce qu'il a entendu sur le Québec, quand son père lui en parlait, est venu y vivre pendant 10 ans pour y apprendre le français (Rimouski, Québec, Grand Nord, Montréal). Dans son livre, il a voulu rendre hommage à la dérive francophone, au fait français qui vit toujours aux États-Unis grâce aux Québécois qui ont quittés leurs terres, et qui sont toujours à la quête de leurs racines.
Vandal Love a remporté le prix des écrivains du Commonwealth. Il y a un juge jamaïcain qui a dit que c'était la première de sa vie qu'il lisait un livre où un peuple blanc ne trouvait pas sa place et non pas un peuple noir.
C'est ça Vandal Love, c'est un hommage aux Québécois francophones qui vivent à la dérive sur le continent américain.»

Raymond Gravel avoue qu'Esther Bégin est très convaincante. Mais il ne sait toujours pas pour qui il va voter.
Esther Bégin lit encore un courriel qu'elle a reçu et qui va dans le même sens que ce qu'elle a exprimé avant.
J'ai essayé de retranscrire presque en intégralité son discours puisque je l'ai trouvée très vraie et convaincante moi aussi.
De plus, j'ai terminé Vandal Love hier soir et je suis tout à fait en accord avec son propos. Ce qui est sûr, c'est qu'elle a vraiment aimé son sujet et ce livre.
Janette Bertrand n'a pas du tout embarqué dans la symbolique de Vandal Love, et le thème de l'errance d'après elle fait partie de presque tous les romans québécois (Le Survenant de Germaine Guèvremont entre autres).
Esther Bégin trouve que c'est particulièrement bien raconté dans Vandal Love, avec une infinie tendresse.
Brendan Kelly vote honnêtement et aime beaucoup les trois livres mais il faut faire un choix...

Le vote secret
Vandal Love ou perdus en Amérique est éliminé ! :(
Et Esther Bégin est vraiment contente d'avoir pu débattre de ce livre, elle l'a lu deux fois, il l'a vraiment transportée. Elle a beaucoup aimé les discussions que le livre a engendrées.


25 mars 2009

Le combat des livres - Jour 3

Jean-François Beauchemin a laissé un commentaire sur le site de Radio-Canada : «Je souhaite bonne chance aux autres auteurs du Combat des livres, et je remercie les panélistes de déployer tant d’efforts en notre nom. »

D'autres personnes ont souligné le fait que l'Abbé Gravel avait baissé les bras suite à son élimination, au lieu de continuer à parler de son livre «avec amour».

L'Abbé Gravel justement, qui participe toujours à l'émission, et qui se sera probablement allié à Janette Bertrand, a réécouté l'émission hier soir, et commence d'entrée de jeu à attaquer Esther Bégin.
Janette Bertrand rappelle tout le monde à l'ordre.

Les panélistes doivent dire quels livres ils aiment le plus (en dehors du leur) :
Brendan Kelly choisit Vandal Love, qu'il compare par le style et les sujets à Jack Kerouac.
Esther Bégin choisit Parfum de poussière de Rawi Hage, car elle a aimé l'écriture.
Emmanuel Bilodeau choisit Borderline de Marie-Sissi Labrèche.
Janette Bertrand a choisi Parfum de poussière, de Rawi Hage.
Et puis finalement, l'Abbé Gravel, a décidé de défendre deux livres: La fabrication de l'aube, de Jean-François Beauchemin, et Borderline, de Marie-Sissi Labrèche.

Aujourd'hui, les "panélistes-combattants" choisissent 2 livres à éliminer :
Brendan Kelly choisit Borderline de Marie-Sissi Labrèche. Ila beaucoup aimé le livre, il a aimé sa voix, le langage employé. Mais il trouve qu'après 30 ou 40 pages, tout est là...
Esther Bégin choisit Borderline également. Elle trouve l'écriture très puissante, d'avoir le courage de publier cette histoire. Mais elle trouve que l'écriture est davantage le scénario d'un film.
Janette Bertrand veut éliminer Vandal Love.
L'Abbé Gravel veut éliminer Vandal Love, évidemment. Il continue à alimenter son argumentaire en disant qu'il n'aime pas la symbolique et le style.
Emmanuel Bilodeau a la balance du pouvoir, mais il choisit son propre livre car il ne veut pas porter le poids de l'élimination, et surtout il veut parler de son livre. Son choix sera peut-être différent lors de la décision finale, sur papier, par vote secret.

La défense :
Encore une fois, Esther Bégin doit défendre son livre. Elle choisit un paragraphe et le lit. «Tous les personnages portent au plus profond d'elle des lieux qu'ils ne connaissent pas».
Janette Bertrand réplique en lisant un extrait de Borderline, le passage où la mère de Marie-Sissi tente de se suicider, ma mère, «mon empêcheuse de regarder la télé en rond».
Janette Bertrand trouve que l'émotion dans Vandal Love est toujours derrière l'écriture.
Brendan Kelly compare le style de D. Y. Béchard au réalisme magique.
«Marie-Sissi Labrèche, on a envie de la prendre dans nos bras». Emmanuel Bilodeau
L'Abbé Gravel fait des accusations de complot. Le débat reprend entre l'Abbé Gravel et Brendan Kelly au sujet des accusations d'hier.

Le choix (vote secret) :
Le livre éliminé est Borderline. Emmanuel Bilodeau a finalement voté pour Borderline, par stratégie pour éliminer le livre à son avis le plus connu, car il pense que ce jeu est fait pour faire de la publicité pour des livres.
Vandal Love a donc encore une petite chance !Je vous ai fait ce petit compte-rendu en direct. Demain et vendredi, je ne pourrai pas être là en direct donc je tenterai d'écouter l'émission en différé et d'écrire mon petit compte-rendu en soirée.