01 février 2008

Jack Kerouac et le Mexique

Il y a une quinzaine d'années, fin du secondaire, je passe mon bac et refais le monde avec mes amis en écoutant de la musique et en rêvant de voyages à travers le monde.
Notre groupe préféré se nomme The Doors et on se prend quelquefois pour Jim Morrison, en récitant quelques poèmes tout en fumant des cigarettes qui font rire, alors que nos vies de privilégiés, bien rangées, sont bien loin de celles de ces artistes déchirés.
Nos lectures de cette époque vont des poèmes de Morrison aux ouvrages de Jack Kerouac, dont Morrison s'est d'ailleurs inspiré.
Sur la route, Les Clochards célestes, Les Anges vagabonds sont les trois récits de Kerouac que j'ai gardés au fond de moi, et qui ont suffi à m'intéresser à ce canadien français, né en 1922, mort en 1969, des suites d'une cirrhose du foie.
Aujourd'hui considéré comme l'un des auteurs américains (il est né à Lowell, au Massachussetts) les plus importants du XXe siècle, ses romans n'ont pourtant pas connu le succès à leurs sorties.
Jack Kerouac est le chef de file de la "Beat Generation", littéralement "génération ramollie, fatiguée", qui revendique un nouveau mouvement littéraire, social et culturel. Jack Kerouac, Allen Ginsberg et William S. Burroughs en furent les trois membres les plus connus. Les "beatniks", terme inventé plus tard, rejetaient les tabous des bourgeois, considérés comme des personnes rigides, et de la société organisée et corrompue, ainsi que des valeurs traditionnelles. Ils voulaient vivre simplement, à fond. Ils se révoltaient contre le matérialisme, l'hypocrisie, l'uniformité, la superficialité. Voilà pourquoi les récits de Jack Kerouac nous plaisaient tant car comme les beatniks, nous cherchions notre place dans ce monde...

Avant mon voyage au Mexique en décembre dernier, je lus dans la collection Guides Bleus (Hachette) sur le Mexique que Kerouac avait vécu quelques mois à Mexico, ce que j'ignorais. Il n'en fallait pas plus pour me donner envie "d'aller voir ça", puisque l'adresse était inscrite dans le livre.
Alors j'ai marché longtemps, car le 212 de la rue Orizaba, dans la Colonia Roma, se trouvait bien loin du métro Insurgentes, d'où je partais.
Map of Mexico City, Distrito Federal MX
Et bon, franchement, la découverte d'une petite maison très simple, pas très propre (contrastant avec l'allure du quartier, plutôt chic), m'a laissée un peu perplexe. Mais au delà de ma déception, c'était tout de même émouvant de se dire qu'il
avait vécu là, même si aucune plaque ou inscription ne relevait cet événement.

«À Mexico, Jack loue une buanderie sur la terrasse du 212 rue d’Orizaba. Il retrouve le vieux Bill Garver qui habite en dessous dans une pièce sinistre. Esperanza ne lui fournit plus de morphine parce qu’elle est désormais trop malade pour quitter le quartier indien. Désœuvré, Jack met en forme les journaux écrits sur la montagne. Une sévère dépression l’amène à comparer un sourire d’enfant à un sourire de tombeau. Il est envahi par un sentiment de culpabilité. Il se sent sale, presque malade. Il a des cauchemars, parfois des visions d’horreur, des sentiments de monstruosité spirituelle. Heureusement, les anges de la désolation sont en route pour le tirer du trou sans espoir dans lequel il se trouve confiné.

Allen débarque en octobre avec Peter Orlovsky accompagné de son frère Lafcadio et du poète Gregory Corso. Ginsberg est débordant d’énergie — les " ravissements angéliques " — se sentant investi d’un esprit révolutionnaire à la Maïakovski. Il secoue Jack en le comparant au vieux Bill, enfermé au milieu de nulle part. " Comment peux-tu dormir toute la journée et ne jamais rien voir ? À quoi ça sert, d’être vivant ? "

Ginsberg insiste pour qu’ils aillent visiter l’université, les pyramides de Teotihuacan — ils gravissent les degrés de pierre de la Pyramide du Soleil où les anciens adorateurs du feu faisaient leurs sacrifices humains. Ils peuvent voir, à l’horizon sud, scintiller le lac Texcoco, royaume des Aztèques.» Robert Canovaro, tiré du site Écrits... vains ?, site de poésie, nouvelles, essais, critiques et d'actualité littéraire.

Voici un extrait d'une lecture de "On The Road" par Jack Kerouac lui-même : ici

En écrivant ceci, j'écoute Ghinzu, Blow (Barclay, 2004), encore un groupe belge génial.

6 commentaires:

Claudio Pinto a dit...

Sur la route est dans la PAL (Pile de livres À Lire) depuis longtemps, mais c'est cette année que j'en ferai la lecture.

Vous communiquez bien le sentiment mystérieux qui vous habitait lorsque vous êtes entrée dans cette petite maison où a séjourné Jack Kerouac. Votre billet me confirme encore que Sur la route est à lire et à relire.

Lætitia Le Clech a dit...

Oui Sur la route est bel et bien à lire et à relire ! Mais je recommande encore plus Les Clochards célestes, qui m'a plus marquée encore.
Merci pour votre commentaire.

Anonyme a dit...

Très belle note! Tant pour la documentation que pour l'hommage fait à ces auteurs. Je me permets de te conseiller la lecture de "La chambre des parfums" (Inderjit Badhwar) commenté il y a peu sur mon blog pour l'amour porté par l'auteur à cette époque et à ces représentants.

Anonyme a dit...

J'avais beaucoup aimé, On the road !

Anonyme a dit...

Hello, je fais en ce moment une étude sur le merveilleux livre de Jack kerouac "On the road". Et bien évidemment une partie de cette étude porte sur la fascination du Mexique, j'ai été ravie de voir ces qq photos où Kerouac a vécu...Merci.

Lætitia Le Clech a dit...

Ravie de vous avoir "aidée" dans votre travail. Se représenter un lieu, ça apporte autre chose ! Vous pouvez utiliser mes photos si vous voulez, en mentionnant le site d'où elles viennent !