29 mai 2007

Au nom des cieux galvanisés

Pierre Lapointe au Cabaret-Théâtre du Vieux-Saint-Jean, Saint-Jean-sur-Richelieu, 27 mai 2007.
On peut dire ce que l'on veut de Pierre Lapointe : qu'il est baveux, arrogant, prétentieux, qu'il se prend pour quelqu'un d'autre, qu'il a un accent français trop forcé, qu'il fait de la pop trop... pop, ou qu'il a des textes incompréhensibles. On peut dire tout ça, mais on ne peut pas aller contre le fait que c'est un grand artiste. Un très grand, touchant, multidisplinaire, brillant, dynamique, drôle, incroyable artiste. Je ne mâche pas mes mots. Et je les mâche encore moins depuis que nous l'avons enfin vu en spectacle dimanche soir au Cabaret-Théâtre du Vieux-Saint-Jean (environ 45 minutes de route de Montréal). Alors que je l'écoute depuis plus de deux ans, ses chansons, de par l'interprétation qu'il en a faite, ont pris corps et sens pour moi ce soir là. Preuve que Pierre Lapointe est un grand interprète et une bête de scène. Au début timide et se cachant derrière son personnage sûr de lui, de son talent, de son charme, Pierre Lapointe est devenu au fur et à mesure plus naturel, et encore plus touchant. Tour à tour ado tourmenté et mal dans son corps et jeune homme sexy et hot, Pierre Lapointe joue sur toutes les ambiguités, pour le plus grand plaisir de ses fans... Il y avait des relents de «Patriiiiiiiiick» dans le concert de dimanche, allusion bien sûr à l'époque Patriiiiick Bruel, lorsque des centaines de jeunes filles en fleur hurlaient le prénom de leur chanteur préféré... Mais au delà de ce charme incontestable, Pierre Lapointe est non seulement un très bon musicien, très bien entouré (Josianne Hébert au piano et aux accordéons, Philippe B. aux guitares, Philippe Brault aux bruitages, contrebasse et basse électrique, et Guido del Fabbro au violon et bidouillages électroniques), mais aussi un excellent parolier, aux textes incroyablement bien construits, plus mûrs sur ce deuxième album.
Il a tout pour lui alors ce Pierre Lapointe ? Ce qui ne l'écarte pas de certaines erreurs, pour preuve «la pire version de "Au nom des cieux galvanisés" jamais entendue», impossible pour lui d'entonner le refrain sans éclater de rire... Un peu frustrant pour le spectateur, d'autant plus qu'il ne l'a pas reprise à la fin du spectacle, comme je l'aurais pensé. Mais c'est aussi ça le bonheur du live, de l'instantané, on se rend compte que l'artiste a lui aussi ses failles.
Sinon, pour ajouter encore un qualificatif à ceux déjà énoncés, Pierre Lapointe est un artiste généreux, n'hésitant pas à promettre une séance de signature à la fin du spectacle. Séance de signature agrémentée de prises de photos, toujours avec le sourire... Certaines spectatrices en étaient toutes émoustillées à la sortie de la salle.
Ça jasait aussi dans les toilettes, à l'entracte, du Pierre Lapointe par ci et du Pierre Lapointe par là...
Non, vraiment, quelqu'un qui ne laisse personne indifférent. Son succès en France est encore une fois une autre preuve de son grand talent...

Quelques articles sur Pierre Lapointe :
Dans Télérama (avec une très belle photo et des liens sur le coté droit à aller voir, dont trois chansons au piano)
Le site officiel de Pierre Lapointe
La fiche Wikipédia (avec d'autres liens à la fin)
Un clip sur Youtube (une de mes chansons préférées)

Ce soir, je n'écoute pas Pierre Lapointe, mais Patrick Watson, "vu" (plutôt entendu) hier soir sur Saint-Viateur, et que je verrai pour de vrai le 5 juillet lors du Festival de Jazz.


15 mai 2007

Prix des Libraires 2007

Le mardi 15 mai 2007
Les libraires décernent leurs prix
Sonia Sarfati (La Presse)

Jean-François Beauchemin pour
La fabrication de l'aube (Québec Amérique) et Jonathan Safran Foer pour Extrêmement fort et incroyablement près (L'Olivier), ont reçu hier le Prix des libraires du Québec 2007 - le premier dans la catégorie Roman québécois et le second dans celle Roman hors Québec.


De plus, le comité de sélection a décerné une mention spéciale à Michel Rabagliati pour sa série de bande dessinée «Paul» (La Pastèque).
«J'avais cru, en écrivant les dernières phrases de La fabrication de l'aube, conclure cette histoire si difficile que j'avais vécue, puis racontée dans ces pages. Je me trompais. La vraie conclusion, la plus belle aussi, bien meilleure que celle que j'ai moi-même écrite, est dans ce Prix des libraires», a indiqué Jean-François Beauchemin.
L'Américain Jonath
an Safran Foer a remercié les libraires - avec humour : «Je le considère non seulement comme un honneur extraordinaire mais comme une sorte de modeste ristourne pour tout l'argent que j'ai dépensé en librairie», a-t-il écrit.

Michel Rabagliati s'est pour sa part dit heureusement surpris : «J'espère que de plus en plus de lecteurs seront réceptifs au travail sérieux qui se fait en bande dessinée car tout un pan de cette littérature, surtout du côté adulte, reste encore méconnu ou mal jugé.» Quelque 200 libraires ont participé au vote cette année.



Prix Émile-Nelligan
Par ailleurs, la poète Maude Smith
Gagnon a reçu hier le prix Émile-Nelligan 2007 pour son recueil Une tonne d'air (Triptyque). Le jury a jugé que ce recueil, le premier de Mme Smith Gagnon, présente une «écriture à la fois savante, sensible, intense et constante dans sa justesse et sa retenue». Le prix s'accompagne d'une bourse de 7500 $ et d'une médaille à l'effigie du poète remises par la Fondation Émile-Nelligan. Parmi les lauréats de ce prix créé en 1979, se trouvent Carole David, Élise Turcotte, France Mongeau et Benoit Jutras.

Je suis très contente pour Jonathan Safran Foer ! Il le mérite amplement, même si Nicole Krauss avait fait fort aussi avec L'Histoire de l'amour. Les deux histoires sont très complémentaires, alors vous pouvez lire les deux aussi...
Je vous invite aussi à découvrir la série des Paul, de Michel Rabagliati. Son dernier, Paul à la pêche, est mon préféré, avec Paul a un travail d'été. On les trouve dans toutes les bonnes librairies et aussi librairies spécialisées bien sûr, mais aussi à la bibliothèque !

12 mai 2007

Le temps des festivals

Ça y est, j'ai mes billets pour les Francofolies en poche ! Cette année, ce sera Jeanne Cherhal le 28 juillet, Yann Perreau le 3 août et Karkwa (encore !) le 4. Pas de grande nouveautés donc si ce n'est Jeanne Cherhal que je n'ai jamais vue en concert mais dont on m'a dit le plus grand bien. Et j'adore son dernier album... Pour le festival de jazz, il y a tant de bonnes choses à voir... mais si chères, dommage (j'ai déjà eu l'immense bonheur de voir Keith Jarrett il y a 3 ans). Anouar Brahem, Cinematic Orchestra, Holly Cole, Les Cowboy Junkies qui fêtent leurs 20 ans de carrière, Jaco Pastorius, Gary Peacock, Skye (oui, LA voix de Morcheeba), sont quelques-uns des concerts que j'aurais aimés voir. Je vais me rabattre sur les nombreux spectacles gratuits, qui nous font connaître aussi d'excellents musiciens. Ma maman en visite va sûrement être enchantée...

Il y a aussi le festival
TransAmériques qui débute le 26 mai, et que je vais découvrir grâce à Aimzon, qui nous rend visite également. Nous verrons peut-être une pièce ou deux (même si ça a l'air très expérimental, mais il faut être ouvert à tout...), dont je pourrai vous parler ici.

Voilà pour un été à Montréal, et ça, c'est sans compter les nombreuses projections et autres spectacles en plein air, notamment au Théâtre de Verdure.



Le Théâtre de Verdure, au Parc Lafontaine

09 mai 2007

Doggy Bag

Doggy Bag, de Philippe Djian, Éditions Juillard.

Je viens de finir le troisième tome de Doggy Bag de Philippe Djian. C'est une histoire un peu insignifiante et malgré cela, j'en poursuis la lecture et attend la sortie du prochain tome. Non pas avec impatience, tout de même, mais avec une petite pointe de curiosité malsaine, de celle que l'on éprouve parfois quand on regarde une émission de télé "honteuse" («C'est pour l'intérêt sociologique de la chose») ou que l'on lit Voici...
Le style ressemble à du Djian qui se serait assagi. J'ai connu ses premières oeuvres : 37,2° le matin, Zone érogène, Bleu comme l'enfer, Sotos, et à l'époque, j'étais mal à l'aise avec cette écriture, j'étais jeune et pure et naïve...;-), mais je dévorais tout de même les ouvrages que mon ami François (immense fan de Djian à l'époque) me prêtait.
Aujourd'hui, avec Doggy Bag, j'en attendais plus : plus de trash, plus de sexe, plus de trahisons. Faut croire que j'ai vieilli. S'il respecte à fond les règles de la série TV, nous laissant en suspens de tome en tome, jonglant entre les divers personnages et leurs petites intrigues politico-sexuelles, j'en attendais plus de ce genre : certains considérations des personnages me laissent perplexes, le style me semble parfois un peu à côté de la plaque.
Certains aspects me font penser à des séries télévisées qui ont eu une certain succès ces derniers temps : Six Feet Under entre autres (dont Djian est un grand fan)... Mais Doggy Bag n'a pas la profondeur de celle-ci et ne nous émeut pas. Tout du moins, en ce qui me concerne...
Alors pourquoi je poursuis la lecture de cette saga familiale digne de Dallas ? Parce que d'une part, je trouve un vrai intérêt dans l'exercice consistant à ÉCRIRE une série sous la même forme qu'une série télévisée. Le projet avait parait-il été commandité par Jacques Audiard, qui souhaitait le réaliser en série télévisée. Malheureusement, il semblerait que les producteurs se soient retirés de l'affaire. C'est pourquoi Philippe Djian a finalement décidé d'écrire plus qu'un pilote : une série entière, avec toutes ses saisons (ici 6 jusqu'en 2008).
Et parce que malgré tout, j'ai envie de voir ce que vont devenir les deux frères héros de cette histoire, l'un compulsif sexuel, l'autre un peu perdu dans un mariage tissé dans le mensonge, de leur mère qui en voulant assouvir sa frustration sexuelle se retrouve embarquée par un malade, de leur père qui veut reconquérir le coeur de la précédente, de tous ces gens bizarres qui peuplent l'univers de cette histoire, sur fond de scandales politique et écologique (on se croirait à La Nouvelle-Orléans après le passage de Katrina).
Ça ne ressemble tellement pas à notre vie, c'est peut-être ça qui fait que ça nous intéresse...

Au moment où j'écris cela, je suis en train d'écouter Coco Rosie et cette sublime chanson, Beautiful Boyz (avec la voix d'Anthony, de Anthony and the Johnsons), de l'album Noah's Ark.