27 décembre 2010

Les musiciens disparus cette année

Le New York Times a réalisé un petit film qui nous montre les principaux disparus de 2010 dans le monde de la musique.

http://www.nytimes.com/interactive/2010/12/26/magazine/2010lives.html

19 décembre 2010

Bilan de fin d'année

Chers amies, chers amis,
Noël approche et nombre d'entre vous ont déjà commandé plein de belles choses pour garnir la hôte du vieux coquin. Cependant, il y a toujours une chance pour que certains soient en retard ou que d'autres reçoivent leurs cadeaux après coup.
Aussi nous avons décidé de faire une petite liste de nos coups de cœur pour cette fin d'année. La sélection n'est pas forcément très récente, néanmoins vous trouverez-là ce qui nous a vraiment plu.
Pour votre information, il a été difficile de sacrifier tant de créateurs sur l'autel du choix. Mais nous avons réussi (plus ou moins). Je suis juste totalement déchirée par mes choix. Et déçue de ne pas avoir sélectionné plus de femmes (
(note de Lætitia).
Donc s'il ne devait en rester que dix-huit - livres, bédés et films - voici ceux qui ont gagné notre estime.
Nous en profitons pour mettre en avant Aya de Yopougon et Shutter Island que nous avons tous les deux sélectionnés sans concertation... Bon, j'avoue, Shutter Island, j'y ai pensé en voyant la liste de François... (note de Lætitia)


Les liens vous mèneront sur les articles déjà écrits au sujet de ces livres, BD et films. Ceux qui ne sont pas associés à des articles sont brièvement décrits entre parenthèses, juste histoire de vous donner un aperçu du style de l'œuvre en question. 

Bonnes vacances, bonnes Fêtes de fin d'année, et surtout, bonnes lectures !

Livres



Bédés
Films

Tous ces films sont bien entendu disponibles en dévédés :)
  • Shutter Island, de Martin Scorsese (choix unanime !) (excellent thriller, glauque et surprenant)
  • Welcome, de Philippe Lioret (Drame social sur les immigrés clandestins, film profondément humain et bouleversant)
  • Incendies, de Denis Villeneuve (À l'origine pièce de théâtre de Wajdi Mouawad. Film choc, âmes sensibles s'abstenir. L'histoire d'une quête identitaire et familiale qui révèlera des secrets bien enfouis)
  • Breathless, de Yank Ik-Joon (voir ci-dessous)
  • Departures, de Kazuko Yoshiyuki (voir ci-dessous)
  • Fish Tank, d'Andrea Arnold (Drame social anglais, superbes images)
Comme certains de ces films n'ont pas été présentés sur le blogue, vous trouverez en suivant une courte description pour vous aider dans vos choix.

Breathless de Yang Ik-Joon
Film coup de poing qui nous vient de Corée du Sud, Breathless est l'histoire de Sang-hoon, un recouvreur de dettes qui n'hésite pas à employer la violence.
Je ne vais pas vous raconter l'histoire mais sachez que si vous cherchez un film qui vous estomaque non par la violence visuelle (omniprésente cependant) mais par la violence de cet univers de couches défavorisées de séoul, alors jettez vous dessus. Quitte à me répéter, c'est un film coup de poing ! Il faut le voir pour comprendre ce que je veux dire: )

Departures de Kazuko Yoshiyuki
Daigo, violoncelliste, perd son emploi brutalement et décide de retourner dans son village d'enfance avec sa compagne. Là, il répond à une annonce d'emploi pour aider les gens à partir (departures). Sauf qu'il ne s'agit pas d'une entreprise de déménagement...
Ce film, qui aborde un sujet plutôt particulier, offre un grand coup d'air frais dans notre vision de l'autre et de ceux qui sont déjà partis. C'est à la fois tendre et drôle et très humain. Un bon coup de cœur.

Voilà, nous espérons que vous passerez de joyeuses Fêtes et que vous ne mangerez pas trop de daims afin de laisser le père noël effectuer sa mission.

Lætitia et François


En éditant ce billet, j'écoute les Nocturnes de Chopin N°1-11, par Nikita Magaloff

12 décembre 2010

Pages à brûler

Pages à brûler, de Pascale Quiviger, Éditions Boréal, 2010

Comme je l'ai parfois mentionné sur ce blogue, Pascale Quiviger fait dorénavant partie de mon panthéon personnel d'auteurs que je vénère (presque). En effet, depuis la lecture de La maison des temps rompus, qui m'avait jetée à terre, j'ai rattrapé mon retard en lisant Le cercle parfait, paru en 2004 aux Éditions de l'Instant même,  et qui m'a aussi énormément plu, et à la parution du dernier livre de la Québécoise exilée à Londres, j'ai sauté de joie et me suis empressée de me le procurer.
Avec Pages à brûler, Pascale Quiviger nous entraîne dans un nouveau genre, plus proche au départ du polar, puisque nous essayons avec l'inspecteur Bernard Lincoln de comprendre la disparition d'une femme, Clara Chablis.
Dans une lettre qu'il adresse à sa femme Louise, l'inspecteur lui explique les raisons de ses absences répétées et de sa presque folie dans le cadre de cette enquête plutôt non conventionnelle.
Puis, dans les différents chapitres, nous nous glissons dans la peau du chien de l'inspecteur, de la meilleure amie de la femme disparue, du père du conjoint de Clara, et dans celle de Daniel, le conjoint en question et principal suspect dans l'affaire.
Ainsi, nous découvrons la mystérieuse Clara par la bouche de ceux qu'elle a côtoyés (bon, sauf pour le chien). Et à chaque fois dans un style différent : le style précis de l'inspecteur (p.11) laisse place à l'urgence de la meilleure amie de Clara, Rose Jordan (p.75) et à la poésie de Daniel (p.191). Avec Constance Fullum (p.117), nous nous retrouvons dans un livre de Dickens...

L'auteure ajoute une dimension fantastique à l'histoire avec des références à une éventuelle gémellité entre Daniel et Clara, qui ont la même date de naissance et un code génétique très semblable. De plus, Clara dispose d'étranges pouvoirs, et une certaine influence sur tous les gens qu'elle croise. Elle représente l'altruisme et la compassion à l'extrême, ne possédant aucun bien matériel (condition nécessaire à la liberté selon l'auteure), perçant les gens dans leurs plus grandes fragilités, et devinant leurs vies. Ce dénuement et cette compassion représentent une fascination et un "presqu'idéal" de vie, cher à l'auteure, qui pratique le bouddhisme et la méditation.

Chaque personne qui côtoie Clara ressort de cette relation complètement transformée. Il en va ainsi de son amie Rose, bipolaire, qui nous décrit sa maladie : «C'est au cours de la même année qu'un psychiatre a diagnostiqué mon trouble bipolaire, et le reste de ma vie est tout en forme d'escaliers qui montent, descendent et s'arrêtent à l'improviste.» (p.86-87). Rose est celle qui vit le plus mal la disparition de Clara.
La folie - ou la quasi-folie - est souvent présente dans les œuvres de Pascale Quiviger, et dans celui-ci en plus de Rose qui a d'importants problèmes nerveux, nous côtoyons un schizophrène pyromane qui au contact de Clara s'apaisera. L'auteure explique : «Pour moi, les catégories "santé mentale" et "folie", c'est un peu comme le vrai et le faux. On avance sur une crête beaucoup plus étroite qu'on ne le pense» (article du Devoir par Caroline Montpetit)
Par Daniel, le conjoint de Clara, celui qui est le dernier à l'avoir vue avant sa disparition, nous accepterons et comprendrons mieux le fonctionnement de cette jeune femme pas comme les autres.

Ces pages à brûler, quelles sont-elles ? Les pages d'un mystérieux cahier rouge, fil conducteur de ce roman, cahier reliant les générations, les êtres, les femmes.

Celle qui a déjà dit en entrevue que «L’écriture est transportable. Ça m’ouvre des horizons. Vivre ailleurs fait que nous n’appartenons à aucun espace. Ça rend mon travail plus malléable. Mon identité est en doute. Tout est familier et, en même temps, ne l’est pas du tout. Ma vision n’est pas celle de l’appartenance, mais elle est liée à des solidarités planétaires.» livre encore une fois un roman dont on ne connait pas le lieu géographique précis. Cela pourrait se passer à Londres, à Paris, ou à Montréal. À ce sujet, l'auteure précise : «J'aime l'idée du non-dit, je trouve que cela rend les humains plus universels. J'ai l'impression de voler quelque chose au lecteur, si je lui en dis trop sur les personnages.»

Ce qui est sûr, c'est qu'elle nous livre encore une fois un très beau roman, puissant et poétique, parfois mystérieux.


Petite note sur l'auteure : Pascale Quiviger, également artiste peintre et enseignante, a publié en 2007 un livre intitulé Un point de chute, qui se présente comme une réflexion sur la naissance des formes, et qui intéressera probablement les artistes parmi vous... pour moi, ça n'en rajoute que plus à mon admiration pour l'écrivaine.

En écrivant ceci, j'écoute Dead Can Dance, le concert à Montréal enregistré le 4 octobre 2005 au Théâtre Saint-Denis (j'y étais !).

10 décembre 2010

Les tendres plaintes

Les Tendres Plaintes, Yôko Ogawa, Actes Sud 2010, traduction du japonais par Rose-Marie Makino et Yukari Kometani


Chers lectrices, chers lecteurs,
aujourd'hui je dois vous parler de ces auteurs que j'affectionne de façon un peu masochiste, ces auteurs que je vénère alors même qu'ils m'ennuient.

Oui ! Il existe une catégorie particulière d'auteurs qui ont cette double capacité.
Ces auteurs ne m'agacent même pas. Je ne leur en veux pas et pour cause : chaque fois, je m'immerge le plus profondément possible dans leurs styles, je parcours leurs constructions au gré du courant que créent leurs plumes et dans le sillage de ces dernières, me laisse dériver pour atteindre des continents inconnus où le verbe, la proposition, l'adverbe et le nom sortent des flots, s'étirent naturellement tels des arbres savants pour atteindre la lumière la plus vive ou plonger le monde dans l'ombre la plus dense...

Bien entendu, vu le titre de mon article vous allez me dire : "vous allez voir, il va nous parler de Yôko Ogawa et l'ajouter à cette fameuse liste très personnelle des auteurs qui l'ennuient ! Quel enquiquineur ! Il pourrait plutôt nous parler du bouquin, on a déjà perdu neuf cent trente neuf caractères ! C'est pas très éco-litté-gique !" Rassurez-vous. J'y viens, j'y viens.

Donc, il y a très précisément trois auteurs auxquels je pense qui entrent dans cette liste. Trois auteurs qui ont pour point commun d'écrire de façon supérieure, d'écrire de façon à la fois si subtile et si juste qu'une simple phrase, qu'une simple succession de mots révèlent les profondeurs de l'âme humaine.

Trois auteurs qui par contre arrivent à m'ennuyer de temps à autre, pour une raison inconnue ; sans doute un trait de génie ?

Mais de qui est-il question ?
Eh bien il y a Yôko Ogawa - Paf ! Je le savais ! - Paul Auster et Amélie Nothomb. Tous trois réussissent à capter mon attention, à me bercer de leur douce écriture pour des fois finir par me balancer dans un mur avec violence.

Là, il faut quand même que je précise quelque chose. Comment puis-je évaluer la qualité d'écriture de deux parmi les trois sachant qu'ils n'écrivent pas en français ?
Eh bien pour Paul Auster, ce n'est pas compliqué, j'ai la chance de lire les livres en anglais et ces versions originales sont sublimes. Compte tenu de son succès j'imagine que les traductions sont bonnes...
Par contre, pour Yôko Ogawa, c'est un peu plus compliqué étant donné que si je "parlote" le japonais, je ne le lis pas. Aussi je me vois obligé de passer par les traductions, françaises ou anglaises, afin de pouvoir goûter au nectar de son style. Donc je dois faire confiance aux traducteurs...

Pour en finir avec mon idée et atteindre ainsi le deux mille deux cent sixième caractère, ces trois auteurs ont donc également la capacité à me plonger dans l'ennui.
Souvent - heureusement pas toujours - leurs histoires ne m'intéressent pas tant que leurs mots. C'est douloureux et terriblement frustrant.
Par exemple, j'ai eu beaucoup de mal avec la Trilogie New-Yorkaise d'Auster alors même que j'ai littéralement adoré La Musique du hasard et Dans le scriptorium.
Que dire d'Amélie Nothomb ? Je fonds littéralement à chaque phrase, mais dès que je sors une antenne pour voir de quoi il s'agit eh bien je suis des fois assez surpris. Par exemple, son dernier livre m'a laissé de marbre (Une forme de vie) alors même que j'ai dévoré Acide Sulfurique.

Concernant ces "Tendres Plaintes" de Madame Ogawa, eh bien c'est un peu ça.
Les Tendres Plaintes, c'est l'histoire de Ruriko, calligraphe qui décide de quitter son mari qui la trompe et la bat pour trouver refuge dans un chalet familial. Là, elle fait la connaissance d'un facteur de clavecin et de son assistante. Celui-ci, ancien pianiste virtuose, ne joue plus devant le public, handicapé à vie par une phobie. Ruriko tombe amoureuse de lui mais ne tirera qu'une relation physique et amicale alors que son assistante, elle, l'entendra jouer... S'ensuit l'histoire d'une relation ambiguë entre les trois protagonistes, suivie par le vieux chien aveugle de l'assistante.

Cette œuvre, qui date de 1996 et tout juste traduite, est pour moi un double mystère. Tout d'abord, je ne retrouve pas la côté froid, chirurgical des relations humains que j'affectionne chez Ogawa. Ensuite, l'histoire d'amour est un peu plan-plan.
Je sais, je suis pas gentil. Mais vraiment il n'y a pas de quoi fouetter un vieux chien aveugle !
Rien à voir avec Une parfaite chambre de malade, La grossesse et encore moins Hotel Iris. Sans compter l'impressionnant, le sublissime, l'incontournable Annulaire.

J'arrive enfin à la conclusion de mon article.

Je suis à la fois un lecteur et une victime de ces auteurs incroyables. Et même si je n'ai pas tout lu, et même si je sais que j'ai très envie de tout lire, et même si je connais les risques que j'encours à me jeter corps et âme dans leurs univers, eh bien je suis heureux de les lire.

Je suis heureux que ces auteurs trébuchent de temps à autre.
Parce que c'est dans leurs erreurs, dans ce retour à la condition humaine que je prends conscience de leur génie.

Surtout, n'oubliez pas chers lectrices, chers lecteurs, surtout n'oubliez pas que vous venez simplement de lire un avis très subjectif sur ces auteurs. Cet avis semblera certainement étrange, déplacé, de mauvaise foi pour beaucoup. D'autres s'y reconnaîtront.

Dans tous les cas, s'il ne devait en rester que trois...

Les Tendres Plaintes, un blague de la traductrice ou un manque de tolérance de ma part, par Yôko Ogawa.

François Nicaise

07 décembre 2010

Rappel - Jazz

Tous les mercredis soirs, de 17 h à 19 h, au Café Lézard sur Beaubien (1335, rue Beaubien Est), se déroulent des concerts de jazz très sympathiques, dirigés par Adrian Vedady, contrebassiste, et Kate Wyatt, pianiste. D'autres musiciens passant par là les accompagnent parfois...
J'ai fait de ces soirées mes petits moments musicaux introspectifs de ma semaine, relaxant sur le canapé avec une bonne bière ou papotant discrètement avec les amis présents de temps à autre.
Des propres compositions du contrebassiste aux classiques de Miles Davis (So What, All is Blue), les musiciens revisitent ces morceaux au gré de leur inspiration. Ils s'amusent, passent du bon temps dans un lieu qui habituellement, n'est pas dédié au jazz.

Les concerts, en photo...(Hier soir, le quatuor s'est agrandi en quintet, grâce à la présence du guitariste Gabriel Lambert)

Adrian Vedady

Andrew Schirasi au saxophone alto

Andrew Schirasi

Tony Spina à la batterie

Tony Spina

Kate Wyatt et Adrian Vedady

Le quatuor des 3 dernières semaines