30 janvier 2011

Petit jeu

Ma mère m'a invitée à jouer à un petit jeu littéraire pendant que j'étais à l'étranger, et puis, j'ai complètement oublié.
Je viens de m'en souvenir, et même si ce n'est plus vraiment d'actualité, je me suis prêtée à l'exercice. Même si, également, nous nous étions faits la remarque dans les commentaires sur ce jeu que ce palmarès était purement anglo-saxon et donc pas vraiment représentatif pour des lecteurs francophones.
Mais laissez moi vous expliquer le jeu : il s'agit de sélectionner dans une liste préétablie de 100 œuvres littéraires toutes celles que nous avons lues. Il paraît que c'est la BBC qui a commandité ce "sondage" en affirmant que la majorité des gens ont lu 6 livres ou  moins de cette liste.
Have you read more than 6 of these books? The BBC believes most people will have read only 6 of the 100 books listed here. Instructions: Bold those books you've read in their entirety. Italicize the ones you started but didn't finish or read only an excerpt.

Finalement, ça m'en fait 32 de cette liste que j'ai lus dans ma vie de lectrice qui est loin d'être terminée. Quelques livres de cette liste, pas encore lus, font partie des livres que je veux lire un jour (comme Les enfants de minuit de Salman Rushdie, Le Comte de Monte Christo d'Alexandre Dumas, Mémoire d'une Geisha d'Arthur Golden, ou Ulysses de James Joyce).

En étant un grand lecteur, on a toujours tendance à se dire qu'il y a plein de livres qu'on ne connait pas, surtout au niveau des livres dits "classiques". Mais cela ne veut pas dire que les auteurs plus contemporains que nous lisons peut-être plus volontiers ne sont pas bons eux aussi. Cela ne fait que nous montrer les trésors littéraires qui nous entourent, l'immense diversité de la littérature, et le bonheur que celle-ci peut nous procurer. Chaque lecteur peut créer sa propre liste de 100 œuvres littéraires qui ont ou auront marqué sa vie.
Tiens, si on s'essayait ? ;-)

1 Pride and Prejudice - Jane Austen

2 The Lord of the Rings - JRR Tolkien
(cela a été mon initiation à ce style et les seuls que j'ai lus...)

3 Jane Eyre - Charlotte Brontë

4 Harry Potter series - JK Rowling
(j'avoue, je suis fan)

5 To Kill a Mockingbird - Harper Lee

6 The Bible

7 Wuthering Heights - Emily Brontë

8 Nineteen Eighty Four - George Orwell
(immense livre - lecture obligatoire à l'école je crois)

9 His Dark Materials - Philip Pullman

10 Great Expectations - Charles Dickens

11 Little Women - Louisa May Alcott

12 Tess of the D’Urbervilles - Thomas Hardy

13 Catch 22 - Joseph Heller

14 Complete Works of Shakespeare (j'ai eu un trip Shakespeare à l'adolescence et je crois avoir tout dévoré - c'était juste après avoir vu Beaucoup de bruit pour rien au cinéma en 1993)

15 Rebecca - Daphné Du Maurier

16 The Hobbit - JRR Tolkien
(voir le numéro 2)

17 Birdsong - Sebastian Faulks

18 Catcher in the Rye - JD Salinger
(Immense livre qui a créé tout un imaginaire dans ma tête autour de la ville de New York et de Central Park en particulier)

19 The Time Traveler’s Wife - Audrey Niffenegger

20 Middlemarch - George Eliot

21 Gone With The Wind - Margaret Mitchell

22 The Great Gatsby - F Scott Fitzgerald

23 Bleak House - Charles Dickens

24 War and Peace - Leo Tolstoy

25 The Hitch Hiker’s Guide to the Galaxy - Douglas Adams

26 Brideshead Revisited - Evelyn Waugh

27 Crime and Punishment - Fyodor Dostoyevsky

28 Grapes of Wrath - John Steinbeck
(lecture d'école)

29 Alice in Wonderland - Lewis Carroll

30 The Wind in the Willows - Kenneth Grahame

31 Anna Karenina - Leo Tolstoy

32 David Copperfield - Charles Dickens

33 Chronicles of Narnia - CS Lewis

34 Emma -Jane Austen

35 Persuasion - Jane Austen

36 The Lion, The Witch and the Wardrobe - CS Lewis

37 The Kite Runner - Khaled Hosseini
 
(lu récemment, j'en ai parlé ici)

38 Captain Corelli’s Mandolin - Louis De Bernieres

39 Memoirs of a Geisha - Arthur Golden

40 Winnie the Pooh - A.A. Milne

41 Animal Farm - George Orwell

42 The Da Vinci Code - Dan Brown

43 One Hundred Years of Solitude - Gabriel Garcia Marquez
 
(lu récemment, j'en ai parlé ici)

44 A Prayer for Owen Meany - John Irving
(John Irving est l'un de mes auteurs préférés)

45 The Woman in White - Wilkie Collins

46 Anne of Green Gables - LM Montgomery

47 Far From The Madding Crowd - Thomas Hardy

48 The Handmaid’s Tale - Margaret Atwood

49 Lord of the Flies - William Golding

50 Atonement - Ian McEwan

51 Life of Pi - Yann Martel
(lu en anglais, pour le coup)

52 Dune - Frank Herbert

53 Cold Comfort Farm - Stella Gibbons

54 Sense and Sensibility - Jane Austen
(lu à l'adolescence après avoir vu le film d'Ang Lee avec l'immense Emma Thompson)

55 A Suitable Boy - Vikram Seth

56 The Shadow of the Wind - Carlos Ruiz Zafon

57 A Tale Of Two Cities - Charles Dickens

58 Brave New World - Aldous Huxley
 
(livre culte pour moi)

59 The Curious Incident of the Dog in the Night-time - Mark Haddon

60 Love In The Time Of Cholera - Gabriel Garcia Marquez


61 Of Mice and Men - John Steinbeck

62 Lolita - Vladimir Nabokov
 
(Lu après avoir vu le film d'Adrian Lyne en 1997)

63 The Secret History - Donna Tartt

64 The Lovely Bones - Alice Sebold

65 Count of Monte Cristo - Alexandre Dumas

66 On The Road - Jack Kerouac
(livre culte)

67 Jude the Obscure - Thomas Hardy
(lu après avoir vu le film incroyable réalisé par Michael Winterbottom, avec Kate Winslet)

68 Bridget Jones’s Diary - Helen Fielding

69 Midnight’s Children - Salman Rushdie

70 Moby Dick - Herman Melville
(lu récemment)

71 Oliver Twist - Charles Dickens

72 Dracula - Bram Stoker

73 The Secret Garden - Frances Hodgson Burnett

74 Notes From A Small Island - Bill Bryson

75 Ulysses - James Joyce

76 The Inferno – Dante

77 Swallows and Amazons - Arthur Ransome

78 Germinal - Emile Zola(lecture obligatoire à l'école, ainsi que plusieurs autres de Zola. À l'époque j'avais du mal, j'ai appris à apprécier)

79 Vanity Fair - William Makepeace Thackeray

80 Possession - AS Byatt

81 A Christmas Carol - Charles Dickens

82 Cloud Atlas - David Mitchell

83 The Color Purple - Alice Walker

84 The Remains of the Day - Kazuo Ishiguro

85 Madame Bovary - Gustave Flaubert
(voir le numéro 78)

86 A Fine Balance - Rohinton Mistry
(L'un de mes livres préférés au monde. Je l'ai évoqué ici, au tout début de ce blogue)

87 Charlotte’s Web - E.B. White

88 The Five People You Meet In Heaven - Mitch Albom

89 Adventures of Sherlock Holmes - Sir Arthur Conan Doyle

90 The Faraway Tree Collection - Enid Blyton

91 Heart of Darkness - Joseph Conrad

92 The Little Prince - Antoine De Saint-Exupery
(classique parmi les classiques)

93 The Wasp Factory - Iain Banks

94 Watership Down - Richard Adams

95 A Confederacy of Dunces - John Kennedy Toole

96 A Town Like Alice - Nevil Shute

97 The Three Musketeers - Alexandre Dumas

98 Hamlet - William Shakespeare

99 Charlie and the Chocolate Factory - Roald Dahl
(ceux qui connaissent mon amour du chocolat ne seront pas étonnés de savoir que je me suis délectée de ce livre)

100 Les Misérables - Victor Hugo

En écrivant ceci, j'écoute Radiohead, Amnesiac (Parlophone, 2001), et en particulier cette chanson, que l'on peut entendre dans le film Incendies, de Denis Villeneuve, en nomination pour l'Oscas du meilleur film étranger !

25 janvier 2011

Quelques riffs pour David Gilmour !

Photo prise au Salon du livre 2010
L'école des films, de David Gilmour, Éditions Leméac, 2010 (le livre se trouve en France sous le titre Le film club, Éditions Leduc.S Littérature)

Dans Jésus de Montréal, une rivalité entre deux critiques de théâtres les amène respectivement à dire des conneries. Je le sais, je l’ai vu au moins quinze fois. La première affirme que Daniel s’en tire avec un premier prix de conservatoire, là où la seconde prétend qu’il est autodidacte. C’est un peu gros, c’est une caricature. Un trait d’humour affectueux d’ailleurs, on reconnaît parmi ces critiques une Francine Grimaldi au bord de la syncope tant elle est ébouriffée par la prestation des acteurs et la profondeur de la mise en scène. Quand on aime, on ne compte pas.

Du coup, je me méfie des critiques. J’y peux rien, je l’ai juste vu quinze fois. Jésus de Montréal  s’entend. Tandis que cette semaine, j’ai terminé la lecture de L’école des films  de David Gilmour. Aucun rapport,  sinon que lui en est un, de critique.

Ah, on en apprend de belles à l’école des films. C’est autre chose que sur les bancs de classe livides. David Gilmour peut nous en parler, lui, le père avec son fils, se dépatouillent de leurs emmerdements respectifs, l’adulte et sa carrière fluctuante, le jeune avec ses blondes tantôt intransigeantes, tantôt frivoles et insatisfaites. Merde alors, c’est bien ça la vie, non ?

À l’adolescence, les gars ont pas mal besoin d’une présence paternelle. C’est ce qu’on dit, en tout cas. Lui, il s’appelle Jesse. Il a tout l’avenir devant lui mais par-dessus tout, il s’ennuie à terminer son secondaire. Et David Gilmour s’en rend compte. À une époque où le modèle éducatif est constamment ébranlé, remis en cause par les défaillances d’un système de moins en moins crédible, par des réformes dont on ne sait plus ce qu’elles réforment, l’auteur prend sur lui de retirer son fils du milieu scolaire. Une condition : trois films par semaine et c’est papa qui choisit.

Ensemble, ils vont s’en cogner un paquet de cinoche, mais ce n’est pas ça le plus important. La relation qu’ils vont entretenir à partir de ce moment-là. En commençant par les doutes du père face à sa décision. N’a-t-il pas fait preuve d’une trop grande désinvolture ? Ne risque-t-il pas de tout foutre en l’air dans l’éducation de son p’tit gars ? De lui ouvrir toute grande la porte de la dégringolade ? Son fils peut-il s’épanouir en dehors du système ? Parce que du coup, j’en viens à me demander à quoi qu’il sert ce système. Merde alors !

On ne nous présente pas assez souvent un adolescent dans son milieu naturel. D’un point de vue éthologique, l’animal résiste à plusieurs gueules de bois, à quelques peines de cœur carabinées, à de nombreuses discussions avec son paternel de père qui, bon an mal an, s’escrime à partager avec lui les rudiments de la vie amoureuse. On ne nous présente guère plus de pères aux prises avec eux-mêmes, partagés entre leurs propres expériences dont on rigole avec le temps, et les affres de la communication intergénérationnelle.

Est-ce parce que j’en suis rendu là ? Oh, je n’ai pas la disponibilité de David Gilmour mais veut, veut pas, la question du décrochage scolaire commence à se poser à la maison, pas frontalement mais pareil. Celle de comment partager son expérience ? Comment lui éviter les conneries qu’on n’a jamais su s’éviter soi-même ? Justement, David Gilmour n’a pas cette prétention. Il le laisse se vautrer si c’est par là que Jesse doit passer, il le laisse mais le regardant tomber, il peut lui tendre la main in extremis et amortir sa chute. Alors, oui, c’est touchant et oui, ça fait réfléchir.

L’autre personnage du récit, bien entendu, c’est le cinéma lui-même. Or, il se trouve que le premier film dont il parle est français, Les 400 coups, mais c’est pratiquement le seul. Difficile d’en vouloir à David Gilmour, cet anglophone a baigné sa vie durant dans un jus à la sauce anglo-amerloque. C’est pas faute d’avoir enseigné le français dans une vie antérieure. Rien à faire, la preuve est faite sur ce point, il est fichtrement difficile de s’extraire de ses canons culturels. Pourtant. Le cinéma indien. Le cinéma soviétique. Le cinéma polonais. Le cinéma espagnol ou suédois. Le cinéma underground. Merde, le cinéma québécois !

Autre aspect de la culture anglo-américaine, c’est le regard du spectateur qui lui-même vient de l’étude de la littérature anglo-américaine. C’est l’art de s’attacher aux détails comme révélant le tout. Comme légitimant le tout. Eh bien, je m’y perds, là-dedans. Le geste minuscule de James Dean dans Giant  m’émouvrait peut-être si je me rappelais l’avoir remarqué. Ne pas le remarquer en soi ne m’empêche pas de prendre la mesure d’un film non plus que du jeu des acteurs. On dit souvent wow face au jeu de certains acteurs, mais l’image au cinéma est si grosse que les détails nous échappent parfois et que certains aspects de l’interprétation peuvent passer pour plus joliets que nature. Ça vient peut-être de l’Actors Studio, comme de s’écrier à la gloire des quelques kilos qu’avait pris De Niro pour interpréter Raging Bull. De savoir tout ça n’apporte vraiment rien à l’histoire que nous racontent les artistes, sinon que c’est une manière supplémentaire d’agrandir le cadre, d’en mettre un peu plus sur celui qui existe déjà et qu’on appelle l’écran. Et qui devrait s’auto suffire, non ? Est-ce pour cette raison que David n’emmène jamais Jesse au cinéma ? Si c’est le cas, il n’en parle pas.

Il faut dire que l’approche est celle d’un critique, soumis, par la force des choix éditoriaux sans doute, à une certaine sélection. La part belles aux films cultes, ainsi soient-ils. Et encore, pas les plus osés. Pas les Eyes Wide Shut, pas les Dancer in the Dark, autrement dit, pas des films trop… Ceux qui justement donnent l’heure juste d’une société qui par ailleurs est sérieusement malmenée.

Évidemment, il y a des films grandioses, des films qui nous ébranlent en profondeur, d’autres qui nous exposent un point de vue inédit, nous éclairant du même coup sur le truc qui nous turlupine, justement. David s’en sert à dessein, lorsque le silence s’installe entre son fils et lui, lorsque les mots d’un père pourraient choquer ou blesser, le cinéma prend le relais et pif paf pouf, la liaison père-fils est rétablie parce qu’in fine, le cinéma a toujours raison. Ici encore, le dialogue est important. Le dialogue est capital.

Voilà d’ailleurs pourquoi ces quelques lignes, ce billet d’humeur, oh oh oh, en guise de remerciement à Laetitia – entre autres – qui m’en a procuré l’occasion et que je salue ici. So long, partner, et longue vie au roman ! 

[Stéphane Petit]

21 janvier 2011

BookCrossing, partage, don et pastilles vertes !

Chers lecteurs, chers lectrices,
en lisant vos commentaires suite à mon précédent article, j'ai continué à réfléchir sur le BookCrossing.

Comme je l'ai expliqué, je pense que le bookcrossing ne propose pas tant un don que l'extension de la propriété à un entourage plus ou moins éloigné.

Suite à cet article, Sylvie F. proposa plutôt l'idée que les livres envoyés dans la nature l'étaient comme une bouteille qu'on jette à la mer, en espérant que quelqu'un la récupère. En clair, si j'ai bien compris, le but n'est pas tant le don que le fait de se sentir relié à l'autre par le biais du partage.

J'ai eu l'occasion de continuer ma discussion avec mon ami Benjamin en lui faisant part de l'idée d'extension de propriété. Nous avons dérivé sur une de nos discussions favorites : la notion de propriété sur les biens culturels (cd, livres, films, etc...).

Nous discutions donc et il m'expliqua le cas d'un de ses amis qui devait se séparer de ses livres.
Ce dernier avait plusieurs options :
- les donner : mais qui allait être intéressé ?
- les revendre : cela impose une logistique complexe et coûteuse en temps et énergie (relation client, envoi, suivi, etc...)
- les brûler : ce n'est pas vraiment évident...

On peut rajouter à cette liste :
- les jeter ou les recycler : mais il arrive qu'on en ait pas envie non plus, qu'on se dise que c'est quand même dommage.

Grands partageurs dans l'âme, ayant l'habitude d'échanger massivement conseils musicaux et cinématographiques, ils sont arrivés à la conclusion que la meilleure des solutions était encore de laisser le choix. C'est à dire de proposer l'objet, de le laisser libre une fois "consommé".

Pour donner un exemple concret, imaginez que vous ayez des livres que vous relirez peu probablement mais que vous souhaitiez les partager. Vous vous retrouvez donc face aux hypothèses sus-mentionnées. L'idée alors est de proposer ces livres à ceux qui viennent vous rendre visite par exemple.

Cela étant, ce n'est pas forcément évident de dire : "Tiens au fait, si tu veux j'ai des vieux livres là, dont je ne veux plus. Si ça te dis...". Et là vous tendez votre index accusateur en direction de la pile de bouquins qui prend la poussière dans un recoin du salon. C'est un peu dépréciatif - et un peu exagéré -comme exemple. Quoique...

Au lieu de cela, on applique les règles du "fabuleux système des pastilles vertes" (FSPV pour les intimes) !
Ah ?? Tiens mais qu'est-ce que c'est que ce "fabuleux système" ? Eh bien c'est simple : sur chaque objet que vous ne souhaitez pas conserver, vous apposez une pastille verte. Ensuite quand une personne vient chez vous, elle peut de façon très naturelle prendre l'objet qui devient sa propriété. Pas besoin de demander, help yourself !

Elle peut ensuite décider de conserver l'objet ad-vitam æternam si cela lui chante ou laisser la pastille verte. Ça fonctionne pour les livres, les dévédés, les cédés, les cocottes-minutes, les tee-shirts. Bref, en gros tout ce que vous souhaitez partager.

Benjamin est allé même plus loin : imaginez dans la rue, une personne se balade avec une veste qui arbore fièrement la pastille verte. Hop, si vous le souhaitez, vous prenez la veste - j'imagine déjà le genre de situations rigolotes que cela pourrait provoquer.

Voilà pour le FSPV. En gros, tout comme la bouteille à la mer de Sylvie, les objets peuvent voyager une fois "libérés" et appropriés et on entre ainsi dans la sphère complètement désintéressée du partage. Sauf que contrairement au Bookcrossing, on laisse tomber l'idée de "GPS" (imaginez d'ailleurs l'impact désastreux du bookcrossing sous Nixon...).

Benjamin a émis l'idée de créer un petit site pour proposer le Fabuleux Système des Pastilles Vertes. Je pense que je vais l'essayer en "mode bêta" chez moi.

Et vous qu'en pensez-vous ?

François Nicaise

[Pour l'image, je n'ai pas résisté à l'envie de mettre une image de la petite pastille verte que nous devions apposer sur nos autos en France, quand elles étaient considérées comme non-polluantes... En fait ça signifiait que l'on pouvait prendre ces voitures ?:) Lætitia]

20 janvier 2011

Pour une société de lectrices et de lecteurs

2e Sommet sur la lecture : pour une nation de lecteurs

Marie-Claude Girard
La Presse
(Publié le 20 janvier 2011 à 08h45 )

Aujourd'hui démarre à la Grande Bibliothèque le 2e Sommet sur la lecture, deux jours de conférences et d'échanges visant à faire du Québec et du Canada une société de lecteurs.

Pendant deux jours, près de 200 auteurs, chercheurs, libraires, bibliothécaires, éditeurs, enseignants, chefs d'entreprises et autres acteurs du monde du livre mettront en commun leurs expériences d'accès à la lecture et discuteront des enjeux de l'alphabétisation lors de ce 2e Sommet sur la lecture.

Parmi eux, on compte les écrivains Antonine Maillet, John Ralston Saul, Rodney Saint-Éloi et les auteurs jeunesse Marie-Louise Gay, du Québec, et Jon Scieszka, des États-Unis.

L'objectif ultime: doter le Canada d'une véritable campagne nationale de la lecture appuyée par le gouvernement. Avant d'en arriver là, les organisateurs souhaitent d'abord sensibiliser la population et les dirigeants politiques à l'importance d'améliorer les capacités et pratiques de lecture des Canadiens de mettre en commun les différentes expériences d'accès à la lecture menées un peu partout au pays. Le Sommet de Montréal est le deuxième d'une série de trois. Le premier a eu lieu à Toronto l'année dernière, le prochain se tiendra à Vancouver en 2012.

«La situation est critique en ceci qu'on est une société très développée au plan économique, mais qu'on n'est pas fondamentalement une société de lecteurs. C'est vrai autant pour le Québec que pour le Canada anglais. On reste encore avec des taux d'analphabétisme absolu et fonctionnel très élevés», explique Jean-François Bouchard, éditeur chez Bayard Canada et coprésident du Sommet.

Il ne faudrait donc pas se laisser emporter par les résultats en lecture des jeunes canadiens qui, lors de la dernière enquête internationale du Programme international pour le suivi des acquis des élèves, en 2009, se situaient au 5e rang parmi 65 pays de l'OCDE. Au Québec, 800 000 personnes de 16 à 65 ans, soit 1 adulte sur 6, ont de sérieuses difficultés à lire, selon un rapport de l'Institut de la statistique publié en 2006.

«On est une société qui est arrivée à la modernité par l'économique et beaucoup par la médiation de la télévision, peu par la lecture, avance M. Bouchard. La pratique de la lecture, c'est la pratique du développement d'une pensée personnelle autonome. C'est le développement du jugement qui est en jeu. Or, dans une société où la circulation de l'information est devenue une affaire-clé, le développement d'une conscience personnelle, d'une liberté de pensée est très important.»

Il constate que la mobilisation n'est pas facile «dans une société dont le confort de vie est relativement développé. Cela crée en partie l'illusion que finalement, on peut se développer sans ça».

Pas à rougir

Les débats et conférences porteront sur les jeunes enfants et les garçons - qui accusent un retard sur les filles quant aux capacités de lecture -, les nouveaux arrivants, les communautés autochtones et les nouvelles technologies. Un expert chinois, Li Qingming, directeur de l'école Nanshan, affiliée à l'Institut national chinois de recherche en éducation, viendra expliquer la nature de son travail depuis 30 ans pour favoriser les compétences en lecture dans tous les domaines d'étude.

Demain, les résultats d'une recherche sur la lecture menée par la banque TD, commanditaire de l'événement, seront dévoilés par Craig Alexander, économiste en chef au Groupe financier.

«Au Québec, on est loin d'avoir à rougir de ce qu'on fait, rappelle toutefois M. Bouchard. C'est certainement la province canadienne où il y a le plus grand nombre d'initiatives organisées. Il y a au moins une quarantaine de programmes organisés d'accès à la lecture, sans compter tout ce qui se fait dans les bibliothèques locales.»
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Pour en savoir plus, consulter le site Campagne sur la lecture

Et voici un autre article réjouissant en ce 20 janvier...

16 janvier 2011

Les corpuscules de Krause

Les corpuscules de Krause, Sandra Gordon, Éditions Leméac, 2010

D'après le dictionnaire Larousse, les corpuscules de Krause sont de «petits corpuscules arrondis que l'on trouve dans le tissu conjonctif et dans la muqueuse buccale.
Ils paraissent jouer un rôle dans la perception du froid et de la pression.»
Sur le site de Wikipédia, on trouve une information supplémentaire : « Il semblerait que ces récepteurs jouent un rôle dans le plaisir puisqu'ils sont présents sur le gland du pénis et du clitoris.». Ah ben.
«Je suis tombée par hasard sur le terme.  Je l’ai noté à quelque part et j’ai fait un peu de recherche.  À l’époque je bossais dans un hôpital, alors j’en ai profité pour faire quelques demandes d’emprunt au centre de documentation – une espèce de petite bibliothèque où l’on pouvait faire venir des articles dans des revues spécialisées en médecine.  Ça m’a permis de pratiquer mon anglais.  Ce que j’ai lu m’a servi à bâtir une partie de la charpente, de l’ambiance, de la cohésion et des personnages.  En filigrane.  J’ai vu les corpuscules de Krause comme une faculté désirante, un check engine humain.  Et je suis partie principalement à partir de ça.»
Lucie, jeune femme de 24 ans écorchée par la vie, quitte Montréal au volant de sa rabbit vers le nord. Sa voiture tombe en panne dans un village des Laurentides, La Conception. En attendant qu'elle puisse rouler de nouveau, Lucie va s'installer dans une chambre au-dessus du restaurant du village et côtoyer quelques habitants de la place, tous plus attachants les uns que les autres.
Pendant ce temps, Henri Korsakoff, écrivain vieillissant et alcoolique, promène sa vieille carcasse à la recherche de ses propres livres qu'il veut anéantir dans un grand bûcher.

Ce qui frappe dans ce premier roman, ce n'est pas tant le style, parfois confus et alambiqué, que la grande tendresse de l'auteure pour ses personnages, qu'elle dépeint avec un réalisme plus grand que nature. De la serveuse au grand cœur  au cuisinier du restaurant, homme de multiples talents, sans oublier bien sûr le personnage central de Lucie, fragile et que l'on sent sur la mince ligne entre la noirceur et la lumière. Son goût prononcé pour le gin ne l'aidera pas toujours à aller mieux.
Tous ces êtres vont se rapprocher grâce à la présence de Lucie, et cette dernière trouvera en eux une nouvelle famille, loin du toc et du sexe fast-food qu'elle avait à Montréal avec Geoffroy, qui abusait d'elle.

Si le style m'est apparu parfois opaque, on ne peut pas dire que Sandra Gordon n'a pas de talent de dialoguiste ni qu'elle ne possède pas un ton percutant. Mais il m'a semblé que certains passages auraient mérité d'être raccourcis et l'écriture resserrée par endroit.
Sandra Gordon écrit depuis plusieurs années sur son blogue et la langue s'avère y être parfois maniée avec plus de naturel que dans ce premier roman. Mais tout cela n'enlève rien au fait qu'elle reste une auteure québécoise à surveiller, et que ce livre, qui serait passé inaperçu sans le travail de La recrue du mois, qui recense tous les premiers romans d'auteurs québécois,  est à découvrir pour entendre une nouvelle et originale voix.

Une savoureuse entrevue de Sandra Gordon pour le site La recrue du mois
Le blogue de Sandra Gordon
L'article dans La Presse

[Lætitia Le Clech]

10 janvier 2011

Janine Sutto, Vivre avec le destin

Janine Sutto, Vivre avec le destin, biographie par Jean-François Lépine, Libre Expression, 2010
Un livre offert dans le cadre de Masse Critique par Babelio.

Les immigrants, dans leur pays d'adoption, peuvent trouver en la littérature un moyen extraordinaire d'en apprendre sur la culture "locale" et l'identité de leur nouvelle terre.
Il en va ainsi, au Québec, avec l'œuvre de Michel Tremblay, et particulièrement  Les Chroniques du Plateau Mont-Royal, qui comme je l'ai déjà exprimé plusieurs fois sur ce blogue, devraient être une lecture obligatoire pour tout nouvel arrivant, même si tout le contenu n'est pas facile à comprendre du premier coup. La langue et la réalité québécoise élargissent la vision que l'on peut avoir de notre propre expérience d'immigration.

Les biographies et autobiographies jouent un peu le  même rôle : situer une personne - connue ou moins connue - dans un lieu précis, ancré dans une réalité particulière. Souvent, une biographie va couvrir une période historique plus ou moins longue, plus ou moins importante. Mais toujours, elle regorgera de détails, souvent nouveaux et instructifs.

Par cette digression, j'en viens à vous parler d'une de mes dernières lectures, Janine Sutto, Vivre avec le destin, écrite par jean-François Lépine, journaliste bien connu qui travaille pour Radio-Canada depuis de nombreuses années, actuel présentateur de l'excellente émission Une heure sur terre.

Ce billet a tardé à paraître car la lecture du livre de Jean-François Lépine a été ardue et parce que, d'autre part, je ne savais pas comment exprimer mon ambiguïté suite à cette lecture.
En effet, ce livre se révèle une mine d'informations qui nous entraînent dans le milieu du théâtre québécois, dont on connaît souvent trop peu de choses, mais qui pourtant a établi les bases de la culture populaire québécoise. "Notre-Dame du Théâtre" (surnom donné à Janine Sutto par son ami Gilles Latulippe) porte bien son nom, et c'est avec admiration que nous suivons l'actrice passionnée dans sa vie professionnelle riche et variée.
Mais voilà, l'auteur, qui est le beau-fils de l'actrice, en est resté à un alignement de faits, écrits dans une langue relativement pauvre, ou du moins sans aucune originalité, et alignant les lieux communs et des transitions tragiques exagérées et répétitives. Il a choisi de présenter la vie de Janine Sutto dans un ordre chronologique, or, après cette lecture fastidieuse, une présentation moins linéaire et orientée sur des thématiques aurait probablement été plus captivante.

«Dès le moment où Janine m'a demandé de faire ses mémoires, j'ai accepté, mais avec une condition. En tant que journaliste, je voulais absolument aller au fond des choses, autant dans sa vie privée que dans sa vie professionnelle. Elle a revisité beaucoup de moments de sa vie avec moi, et sa fille Mireille [Deyglun] en a appris beaucoup sur sa mère».

Concernant la vie privée de l'actrice, l'auteur traite autant de son alcoolisme que de ses amants, et de sa relation difficile avec sa fille Mireille, qui lui a toujours reproché d'avoir été une mère absente. Absente ou trop centrée sur son autre fille, Catherine, jumelle de Mireille, et trisomique.
On se doute que le fait que Jean-François Lépine soit le gendre de Janine Sutto a fait en sorte qu'il avait accès à un grand nombre d'informations. Mais on sent aussi une certaine réserve dans ses commentaires notamment concernant les relations entre Janine Sutto et sa fille Mireille Deyglun (sa propre épouse).
Constatant cela, on peut se poser la question du recul nécessaire du biographe vis à vis de son sujet.

Ceci dit, la carrière de Janine Sutto reste exceptionnelle et sa contribution au théâtre québécois singulière. Aujourd'hui âgée de presque 90 ans, elle est aussi une fière porte-parole pour l'AMDI (Association de Montral pour la déficience intellectuelle) et marraine de l'Association Baluchon Alzheimer.
On peut souvent la croiser lors de spectacles de théâtre ou de musique, et elle est encore sur scène dans Belles-sœurs, l'adaptation musicale par René-Richard Cyr et Daniel Bélanger de la pièce de Michel Tremblay Les Belles-sœurs, mise en scène en 1968 par André Brassard au Théâtre du Rideau Vert, et interprétée déjà à l'époque par Janine Sutto (entre autres)...

Cette biographie assez conventionnelle brosse donc le portrait d'une femme unique, au caractère bien trempé. Elle ne révolutionne pas le genre, mais nous permet de réaliser à quel point la vie de comédien de théâtre était difficile et loin des projecteurs et des fantaisies que l'on peut imaginer parfois. Les comédiens de cette époque - collègues et amis de Janine Sutto - ont tous participé à l'amélioration de la condition d'artiste au Québec (création de l'Union des Artistes), et posé les jalons d'une vie théâtrale qui ne cessera jamais au Québec, avec ses hauts et ses bas.

Un article dans La Presse
L'article de Rue Frontenac
Une critique par une autre blogueuse (pour Babelio), avec laquelle je suis totalement en accord, et qui aborde des points que j'ai mis volontairement de côté (le fameux D.) mais qui m'ont choquée aussi...


En écrivant ceci, j'écoute K-X-P, K-X-P (Smalltown, 2010)

08 janvier 2011

Le bookcrossing

Chères lectrices, chers lecteurs, bonne année à toutes et à tous !

Je profite de cette nouvelle année pour aborder un des sujets qui me tient à cœur et à propos duquel je souhaiterais échanger avec vous.

Vu le titre de l'article, vous l'avez compris, il s'agit du BookCrossing. Alors qu'est-ce que c'est ?
Eh bien c'est simple, le BookCrossing consiste à prendre un de ses bouquins et à le libérer, c'est à dire à le faire passer à une personne qui le fera ensuite passer à une autre personne. Ainsi de suite.
La "libération" peut se faire à la main ou dans un lieu choisi. Par exemple, je peux déposer un livre dans un parc.
Une fois ce dernier disparu, il entamera une "seconde vie".
Le concept derrière est bien entendu l'échange mais aussi le suivi géographique du livre au gré des personnes qui le récupèrent.
A l'origine, le BookCrossing a été créé par Ron Hornbaker, un américain qui a décidé de créer un site web dédié en 2001.
Sur ce site, après avoir créé un compte, on peut enregistrer son livre dans une bibliothèque virtuelle. Ensuite, quand on décide de libérer l'ouvrage, on obtient un code qu'on inscrit sur le livre et qui permettra aux futurs lecteurs de pouvoir dire : "j'ai trouvé telle œuvre à tel endroit".

Alors moi aussi j'ai tenté l'expérience BookCrossing, parce que j'aime bien l'idée double d'échanger et de voir mes livres voyager.
J'avoue : j'ai commencé par libérer les livres que de toute façon je n'aurais jamais relus, voire ceux que mon entourage m'a fait passer. Puis, une fois les premiers San Antonio et autres "Sélection du mois" "libérés" dans des endroits clé de Bordeaux, j'ai enfin décidé de passer à des œuvres issues de ma propre bibliothèque.

Et pour être certain que tous ceux qui trouveraient les livres, comprendraient le principe du BookCrossing, j'ai commandé de zolies étiquettes sur le site que j'ai collées en quatrième de couverture.
Sur ces étiquettes, on rappelle le principe de fonctionnement, dans dix langues, et on inscrit le code du livre qui permettra de le retrouver sur le site www.BookCrossing.com.
A chaque livre libéré, j'ai consulté avec impatience la page web concernée pour voir combien de tours du globe il avait fait dans la journée.... Bon je sais, je suis un peu optimiste.
Au bout de deux semaines, après m'être assuré que le livre avait bien disparu du banc où je l'avais posé, toujours aucune nouvelle ! Rien ! Pas de greetings américains, pas de bises d'Antarctique et encore moins de cartes postales de Papouasie ! Arghhhh !

Il a fallu me rendre à l'évidence, mon livre avait juste disparu de la surface de la planète !

Après réflexion, j'ai imaginé les hypothèses suivantes :
- Soit je suis impatient et il faut laisser le temps au "découvreur" de lire le livre avant d'aller sur le site indiquer qu'il a bien été trouvé
- Soit le bouquin libéré va se retrouver emprisonné sans un mot dans une autre bibliothèque... Snif...
- Soit les gars de la voirie ont bien fait leur boulot...
- Soit une brigade anti-terroriste a décrété que mon paquet plastique contenant le livre était en fait de l'anthrax ou une bombe ou dieu sais-je quoi encore.
- L'hypothèse précédente fonctionne pour la brigade anti-drogue...
- Des extra-terrestres !! Des extra-terrestres, mes aïeux !!

Un an plus tard, toujours pas de nouvelles. Pour aucun des livres libérés... Ont-ils été pris en otage ?
Malgré la déception, cela ne m'a pas empêché d'élargir un peu le concept et de laisser tomber le côté "marketing".
En gros, j'ai arrêté d'enregistrer mes bouquins sur le site. Finis les numéros isbn, les descriptions, les commentaires, etc... Et puis, j'ai juste donné mes livres.
En fait, c'est ma chérie qui a posé les bouquins au café du coin et puis comme on n'a pas eu de nouvelles non plus, on a laissé tomber les étiquettes.... Pour finir par apprendre que la maison de retraite d'à côté était satisfaite.
Donc nos bouquins rendent heureux nos proches retraités.

En discutant un peu à droite, à gauche, et après réflexion je me suis rendu compte que si le concept de base du BookCrossing, voir son livre passer de main en main et peut-être faire le tour du moooonde est vraiment attirant, dans la pratique c'est finalement un peu restrictif et surtout très consumériste.

En fait le partage de livre tel qu'il est proposé par la plateforme est un don sous conditions. On donne le livre à la condition que celui-ci voyage et qu'on puisse se rendre compte à quel point on a été généreux. En gros, c'est un don intéressé, un don qui flatte l'égo, un don certes, mais inscrit dans ce XXème siècle porté sur la propriété, sur le besoin de vivre par et au travers des objets.

Un de mes amis qui aime posséder des livres et ne souhaiterait pas se retrouver privé de la joie de pouvoir les relire, les feuilleter, sentir peut-être l'odeur de leurs pages, un parfum peut-être, de la poussière parfois, a trouvé comme forme de partage l'achat multiple : un pour lui, trois ou quatre à offrir à ses proches.
Il conserve la propriété mais propose aux autres de découvrir l'œuvre et de l'inscrire à leurs patrimoines personnels.

Pour finir ce court article. Finalement peu convaincu par le BookCrossing et pas assez collectionneur pour vouloir conserver à tout prix tous mes bouquins, j'ai décidé comme je l'ai dit de purement et simplement les donner.

Comment est-ce possible ?
Eh bien je suis parti des constats suivants :
- Il y a très peu de livres que je relirai effectivement
- Si j'ai besoin de retrouver un livre que j'ai donné, j'ai toutes les chances, à part cas très particulier, de les retrouver plus tard dans une bibliothèque ou dans une librairie

J'avoue : tout comme le BookCrossing, cela n'a pas été évident au départ. Donner n'est jamais un acte évident, surtout quand ce que l'on donne semble être un miroir de soi. En l'occurrence, dans chaque livre je retrouve un peu de mon âme. Les livres que j'ai lus ont tous réussi à me faire partager une histoire, à m'entraîner dans un autre univers. J'ai vécu avec chacun d'eux une relation intime, unique. Comment me défaire de toutes ces passions ?
Dans la douleur d'abord. Puis par envie que d'autres vivent la même chose et quelque part se rapprochent de moi, sans forcément me le dire, mais juste par l'acte, le passage d'une main à une autre...

Finalement, je crois que j'ai trouvé, pour moi en tout cas, la méthode pour à la fois échanger et rendre les auteurs immortels ! Rien que ça !
Par contre, je ne suis pas certain que cela remplisse leurs poches ;)

Le BookCrossing, comment faire compliqué quand on peut faire vrai !

Et vous qu'en pensez-vous ?

François Nicaise

[en mettant ce texte de François en ligne, j'écoute Calexico, Garden Ruin (Quarter Stick, 2006)]

01 janvier 2011

Snow Day for Lhasa

Du pays lointain où je me trouve (et où il neige beaucoup aussi), je pense moi aussi à Lhasa, disparue il y a un an aujourd'hui.

http://www.snowdayforlhasa.com/