06 septembre 2007

Rufus Wainwright

Concert de Rufus Wainwright, salle Wilfried-Pelletier, Place des Arts, 31 août 2007
En première partie, le groupe californien A Fine Frenzy a reçu d'élogieux commentaires dans La Presse, par Alain De Repentigny : «Parlant de beauté, la demi-heure de musique que nous a servie en lever de rideau le trio californien A Fine Frenzy était un pur enchantement. Alison Sudol, une chanteuse et pianiste aux cheveux de feu, a séduit comme ça se fait rarement le public de Wilfrid-Pelletier, qui s'est arraché son CD pendant l'entracte. Retenez bien son nom.» Personnellement, je n'ai pas aimé la voix de la chanteuse (sauf dans les tons les plus bas), qui m'écorniflait les oreilles en poussant dans les aigus. Par contre j'ai bien aimé le jeu du batteur, très drôle avec ses mimiques et sa faculté à se dédoubler pour jouer à la fois de la batterie avec sa main droite et du xylophone avec la gauche... Les sourires de la chanteuse étaient fort charmants aussi, car elle semblait vraiment heureuse d'être là («Montreal is gorgeous!», bon faut pas exagérer quand même...).


Le groupe de Rufus Wainwright entre en scène, tous les musiciens de rayures vêtus, à l'image de ce drapeau américain suspendu en arrière de la scène et redécoré pour l'occasion (à la place des étoiles, des petites appliques en paillettes). Le concert commence avec la chanson titre de l'album, Release the stars (libérer les étoiles, justement), durant laquelle, dixit mon accompagnatrice, Rufus semble se battre avec son orchestre. Il faut dire que c'est de l'artillerie lourde, cet orchestre, un batteur, un bassiste (contrebassiste aussi), deux guitaristes (dont un qui joue le rôle de synthé), trois "musiciens à vent" (un trompetiste, un saxophoniste / flûtiste, et un joueur de cor), et le grand piano à queue utilisé à la fois par Rufus et par l'un des deux guitaristes.
Le chanteur enchaîne avec Going to a town - incroyable mélodie, incroyable chanson -
avant de commencer à nous parler pour nous expliquer que sa soeur Martha se marie le lendemain et viendra peut-être chanter avec lui, si elle n'est pas trop "sourd". Charmant. Il rectifie pour "saoûle" et nous confirme qu'il a bien compris son erreur en insistant «Sourd, c'est muet ?» en joignant le geste à la parole il désigne son oreille...
Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il avait un peu de difficulté avec son français, il semblait fatigué, bafouillait beaucoup (même en anglais). Comme il nous avait précisé en début de spectacle : «Ce soir, je vous donne tout», je n'ose pas imaginer dans quel état il était à la fin de la soirée...
Car il nous a en effet beaucoup donné : beaucoup d'émotion surtout, comme dans cette chanson, Tiergarten, où un flot de larmes s'est déversé sur son visage. Le chanteur a bien précisé ensuite que le titre de la chanson n'était pas "Tear garden" (larme) mais bien Tier (qui signifie "animal" en allemand)... Également, dans ces chansons chantées avec sa soeur, qui est finalement arrivée de son party (pas saoûle), resplendissante. Une chanson de Joséphine Baker d'abord, Nuits de Miami, et ensuite la reprise d'Hallelujah de Léonard Cohen, pour mon plus grand plaisir, même s'ils ne se rappelaient plus les paroles du deuxième couplet, c'était beau de les voir si proches. L'ensemble de l'album Release the stars a défilé dans ce concert, qui ressemblait, selon les spécialistes, à son concert du mois de mai (cleui-ci était une supplémentaire, ne l'oublions pas). Le chanteur nous a également donné une chanson irlandaise de John McCormack, sans micro... Oui sans micro dans une salle de plus de 3 000 places ! Vieux rêve pour le chanteur, parfaitement accompli comme la salve d'applaudissements à la fin de la chanson l'a pouvé. Les frissons que ce genre d'ovation me fait ressentir, c'est incroyable. J'en ai toujours les larmes aux yeux.

Il a chanté aussi deux chansons de Judy Garland, puisqu'il a repris dernièrement intégralement le concert de légende que donna Judy Garland, au Carnegie Hall, le 23 avril 1961. «Pour retrouver cet âge d’or, et aussi parce que ce chanteur n’a jamais caché son homosexualité, Rufus Wainwright a entrepris le projet fou de reprendre, titre par titre, l’intégralité du concert de 1961. Rufus Wainwright conçoit ce spectacle mis en scène les 14 et 15 juin dernier par Sam Mendès (American Beauty, mise en scène également du spectacle Cabaret à Broadway) au Carnegie Hall de New York, avec 40 musiciens sur scène, et des costumes de Victor and Rolf. Il se veut d’une fidélité extrême à Judy Garland. Jusque dans le visuel de l’affiche, qu’il reprend également, en remplaçant évidemment le visage de la chanteuse par le sien, mais en gardant la mention initiale : «the greatest entertainer of all times», qu’il a traduit sur la version française par «le plus grand artiste de variété du monde». Rien de moins.» (RFI actualité, 20 février 2007)

Oui rien de moins... Il le répète souvent, qu'il est le meilleur, Rufus. Cette assurance peut être choquante (tiens ça me rappelle Pierre Lapointe)... Mais maudit que c'est vrai qu'il est bon, et beau en plus, et sexy, et doué, et généreux, et... et... et... Ouhlala, on se calme un peu. Bref, du grand art, encore une fois.

2 commentaires:

Alcib a dit...

Un peu plus, et je croirais que tu as aimé Rufus en spectacle ;o)
Tu me fais regretter encore plus de ne pas avoir été là.
S'il revient bientôt, les attentes seront grandes et alors on risque d'être moins séduits.

Claudio Pinto a dit...

Merci de votre compte-rendu du concert de Rufus Wainwright à la PdA la semaine dernière. J'ai moi aussi écrit quelques lignes à propos de ce concert. Vous pourrez lire ce texte en consultant mon blogue.

Au plaisir!

Claudio