24 novembre 2008

Woodpigeon


Ici et ici, des articles sur mon groupe fétiche de l'année, Woodpigeon, élu album du jour par le journal anglais the Guardian.


Jorane depuis 10 ans

J'ai reçu ce matin mon album de Jorane, cette compilation nommée sobrement Dix.
Dix, pour dix ans de création, dix ans de présence dans le paysage artistique québécois et dix ans de travail pour se faire connaître partout. C'est un album double, le premier volet contient dix chansons choisies par les fans, qui ont été sollicités cet été pour choisir une pièce de chaque album. Je n'ai pas eu le temps d'y participer même si on me l'a demandé à moi aussi :)
Le deuxième volet regroupe dix pièces qui ont été écrites pour le cinéma mais qui n'ont jamais été commercialisées sur disque.

Il y a presque dix ans, je voyais Jorane pour l
a première fois à Bordeaux, en France, dans une grande salle, trop grande pour la trentaine de spectateurs présents. Nous avons eu droit à un spectacle unique, juste pour nous... Depuis, le chemin parcouru par Jorane est impressionnant et il vaut mieux s'y prendre à l'avance pour acheter un billet ! Je n'ai cessé de la suivre depuis toutes ces années, allant à chacun de ses spectacles et achetant chacun de ses albums. Je crois que c'est l'artiste à laquelle je suis la plus fidèle...
J'ai eu droit à une dédicace de Jorane sur cet album, que j'ai commandé depuis plusieurs semaines sur le site de Tacca Musique, qui produit Jorane depuis le début. J'avais assez hâte de le recevoir !
Je souhaite une très longue carrière musicale à Jorane et j'espère qu'elle ravira nos petite oreilles bientôt. Pour le moment, la madame attend des jumeaux et a sûrement autre chose à faire :) !

Voici mon CD dédicacé par Jorane (les 500 premiers qui ont acheté l'album y ont eu droit...:)

Article du
Voir.
Un autre article ici.

En écrivant ce petit mot, j'écoute Jorane, Dix (Tacca Musique, 2008)

23 novembre 2008

Voyage au Proche-Orient et en Asie Centrale

L'attentat, de Yasmina Khadra, Éditions Pocket (Éditions Julliard), 2005, 246 pages
Les cerfs-volants de Kaboul, de Khaled Hosseini, Éditions Belfond, 2005, 384 pages

Je parlerai de ces deux livres ensemble puisqu'ils traitent tous deux d'événements contemporains qui nous touchent tous. De plus, la rédemption de l'un (Amir dans Les cerfs-volants...) peut faire penser à la recherche et à la compréhension de l'autre (Amine dans L'attentat). L'année de publication de ces deux livres est la même, 2005 (même si Les cerfs-volants est sorti en anglais en 2003), et leur succès à tous deux a été retentissant.
Les deux livres sont des livres coup de poing, et ces deux histoires sont si dramatiques qu'on en ressort incompréhensifs face à une telle horreur.

Le premier, L'attentat, narre l'histoire d'Amine, brillant chirurgien d'origine arabe parfaitement intégré à la vie israélienne et même naturalisé israélien. Marié, habitant dans une magnifique maison dans un quartier huppé de Tel-Aviv, il ne lui manque pas grand chose pour parfaire sa vie. Jsuqu'au jour où une femme kamikaze se fait sauter dans un café, tuant de nombreuses personnes. Amine, à l'hôpital ce jour-là, doit travailler d'arrache pied pour sauver le plus de vies possible. En soirée il est rappelé à l'hôpital pour identifier un corps : celui de sa femme. Or, celle-ci s'avère être l'auteure de l'attentat, la kamikaze.
Le sol se dérobe sous les pieds d'Amine. Commencera alors une véritable quête pour le brillant chirurgien qui, dans sa bulle dorée, n'a rien vu venir, n'a rien senti, et surtout ne peut pas comprendre que l'on agisse avec une telle violence pour défendre une cause dans laquelle il ne se sent pas investi.
Son retour vers ses racines, son obsession de la vérité et son entêtement l'emmèneront dans les pires situations de sa vie, jusqu'à atteindre un point de non-retour.
La quête de cet homme est saisissante, car elle touche non seulement à des événements très présents dans l'actualité et l'Histoire, sans tenter de prendre parti pour l'un ou l'autre camp, mais en plus, elle aborde la (mé)connaissance de l'autre. Comment un homme partageant la vie d'une femme depuis plusieurs années ne s'est-il pas rendu compte de ce qui animait celle-ci ? Le regard des autres à ce sujet est éloquent, l'accusation de complicité en premier lieu venant faire douter le narrateur lui-même, puis l'incompréhension face à sa douleur.
La méconnaissance de l'autre peut être élargie ici à la méconnaissance des autres peuples, des autres cultures, ce qui amène souvent à ces guerres incessantes.
Après Les Hirondelles de Kaboul (Afghanistan), L'attentat (Israël; Prix des libraires 2006) est le deuxième volet de la trilogie que l'auteur consacre au dialogue de sourds opposant l'Orient et l'Occident. Les sirènes de Bagdad (Irak) en est le troisième volet.
Yasmina Khadra est un auteur algérien né en 1955. Il est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages et a reçu de nombreux prix littéraires. Il est considéré, notamment par J.M. Coetzee, prix nobel de littérature en 2003, comme l'un des plus grands écrivains contemporains.
On peut visiter le site Internet de Yasmina Khadra ici.

«On ne parlera pas ici de beauté, le terme serait à juste titre déplacé. Mais L'attentat frémit de vérité humaine. Ne cède rien de cet humanisme lucide qui anime chacun des livres de Yasmina Khadra. Il confirme un art magistral de se saisir d'un sujet brûlant et de le mettre en scène, jusque dans ses plus insupportables contradictions» J.C Lebrun L'Humanité. 14 octobre 2005 «L'abomination aurait-elle ses raisons que notre raison ne connaît point ? Dès que cette hypothèse s'immisce, le roman se tend, prend une densité que le premier ton, narratif, n'annonçait pas forcément. Est-ce parce que l'histoire relatée en évoque tant d'autres, toutes récentes et toutes proches ? Est-ce parce que l'exploration de la psychologie du terrorisme introduit le doute dans nos mentalités occidentales (nos valeurs, notre mode de vie ne seraient-ils pas enviables ?). L'attentat est une déflagration lugubre sur cette fin d'été. Le lire, c'est attenter à sa quiétude : s'ensuit un long frisson dont on ne sait s'il est d'angoisse ou d'aise.» Etienne de Montety Le Figaro Magazine 27 août 2005


Les cerfs-volants de Kaboul est une véritable épopée, se déroulant sur plusieurs dizaines d'années de la vie du narrateur, Amir, entre l'Afghanistan de son enfance, l'Amérique de son immigration et le retour dans un pays occupé par des Talibans extrémistes.
Amir et Hassan sont très liés durant leur enfance, quasiment comme des frères, même si Hassan fait partie d'une classe sociale inférieure à celle d'Amir (et l'on voit dans le livre que cette notion est importante en Afghanistan). Mais un jour, après avoir assisté impuissant à une scène d'agression contre Hassan, Amir porte le poids de sa culpabilité et n'arrive pas à assumer le regard d'Hassan. Il le trahit alors, dans un geste irréversible. Puis c'est la guerre avec l'URSS et la fuite vers les États-Unis, à San Francisco.
Amir et son père vivent là plusieurs années difficiles, mais Amir s'en tire bien et poursuit des études. Jusqu'au jour où il reçoit un appel d'Afghanistan lui demandant de revenir car «il existe un moyen de [se] racheter» pour lui. C'est alors un retour dans un pays ravagé par des années de guerre et de luttes violentes, sous un régime menés par des Talibans sanguinaires. Il retrouvera là ses vieux démons et pourra peut-être les conjurer.

Les actes d'Amir sont condamnables, mais l'auteur nous montre toute la lourdeur que sa faute lui fait porter durant toute sa vie. Amir est marqué à jamais par ce qu'il a vécu avec Hassan, par le comportement de son père, à qui il veut absolument plaire mais qu'il n'arrive pas à atteindre, sa "faute" l'empêchant de s'affirmer.
Son retour en Afghanistan est pour lui un véritable retour sur les terres de son passé, avec tous les souvenirs que ça implique, les bons et les moins bons. Il se retrouve face à son ennemi, ce qui était un peu prévisible. Dès le début, je me doutais que l'on retrouverait ce "méchant" personnage d'Assef quelque part.
La description du régime des Talibans, qui veulent réaliser leurs idéaux, à savoir bâtir « le plus pur État islamique du monde », fondé sur une stricte application de la charia, ne fait pas dans la dentelle, et on n'a pas de mal à croire cette description. Après cette lecture, j'avais un peu plus de compréhension face à l'intervention en Afghanistan. Par contre, ce qui me laisse plus perplexe, c'est l'implication des États-Unis dans l'évolution des différents conflits reliés à l'Afghanistan, un coup avec les Talibans (en 1996), un coup contre (en 2001), mais on n'en est pas à une contradiction près, n'est-ce pas ? Ceci étant dit, cette thématique n'est pas développée dans le livre, ce sont mes recherches qui m'amènent à cette réflexion.
La partie se situant dans l'Afghanistan des Talibans est véritablement dramatique, tellement qu'à un moment donné, je me demandais quand ça allait arrêter. L'escalade dans la terreur et la violence n'en finissait plus.
Le dénouement, plus heureux que malheureux (je laisse ça vague tout de même), amène un peu de répit et laisse entrevoir un futur plus joyeux. Mais comment savoir ? C'est aussi la question que l'on peut se poser face à l'actualité des derniers mois dans ce pays déchiré, aux richesses extraordinaires, qu'elles soient minières, agricoles (y compris l'opium...) ou culturelles (L'Afghanistan actuel est la patrie de naissance de Rumi, célèbre mystique qui a influencé le soufisme). Carrefour de l'Asie Centrale, l'Afghanistan a toujours eu une histoire mouvementée, ayant été occupé par l'Empire Perse, par Alexandre Le Grand ou encore Genghis Khan. Ce qu'il sera demain reste encore incertain.

Ces deux livres m'ont vraiment tenue en haleine, d'une part par leurs histoires, toutes deux romancées, mais si ancrées dans le réel, et d'autre part par le style et les thèmes soulevés : histoire, politique, rapports interculturels et interreligieux. Des livres chocs, qui auront tous deux leurs adaptations cinématographiques : l'un est déjà sorti, Les cerfs-volants de Kaboul, l'autre est à venir... pour quand ? Si vous avez la réponse, laissez-moi un commentaire !

Ajout du 3 janvier 2009 : J'ai regardé hier soir un film que j'ai loué après en avoir lu beaucoup de bien en faisant mes recherches concernant L'attentat de Yasmina Khadra. Il s'agit de Paradise Now, de Hany Abu-Assad, qui retrace le parcours de deux amis d'enfance Palestiniens, qui doivent commettre un attentat suicide à Tel Aviv. Le sujet est traité de façon très subtile, avec un certain parti pris, mais cela permet de voir vraiment ce qui pousse ces jeunes à se tuer pour leur cause. On les comprend...ou pas. Eux-mêmes sont souvent perdus face à leurs convictions. Mais enfin, cela apporte un pierre de plus sur ce sujet traité amplement dans L'attentat et aussi dans Les sirènes de Bagdad, du même auteur. À voir.

En écrivant ceci, j'écoute Ethiopiques 4 (Buda Musique)

11 novembre 2008

Théâtre

Ce mois-ci, je suis allée deux fois au théâtre, fait suffisamment rare pour être souligné...
La première fois, c'était pour Top Dogs, une pièce du Suisse Urs Widmer, produite par le Théâtre de la Marée Haute et donnée à l'Espace Geordie, une minuscule salle.
La deuxième fois, c'était pour Le Bruit et la Fureur, un texte de William Faulkner et une production du Théâtre de l'Opsis, théâtre qui a pour mission «de rendre accessible le théâtre classique et la découverte d’auteurs contemporains étrangers».
Cette fois, c'était à l'Espace Go.

Au lieu de vous raconter les histoires de ces deux pièces (ce que font très bien les articles que je vous ai mis en lien), que j'ai toutes les deux aimé, par leurs sujets brûlants tellement contemporains (alors que les deux textes originaux datent un peu...) et le jeu des acteurs, je vous parlerai plus de mon expérience théâtrale. En effet, je suis peu habituée à aller au théâtre, comme je l'ai souligné. Ces deux pièces étaient à des lunes l'une de l'autre mais quelles expériences ! La première nous projetait littéralement DANS la pièce, puisque la scène était quasiment intégrée aux gradins. De plus, nous étions au premier rang, ce qui augmentait encore plus l'impression de faire partie de la pièce. Les acteurs, au jeu intense (beaucoup de cris et de colère), nous faisaient donc vivre leurs émotions de façon assez directe.

Le Bruit et la Fureur, de William Faulkner, est une histoire assez sautée, comme on dit par ici. Famille dysfonctionnelle, obsessionnelle, suicide, folie avérée ou latente, les 2 h 20 de la pièce ne sont pas de tout repos. Encore une fois, la proximité théâtrale nous projette au sein de cette folie, et l'on ne ressort pas indemne de cette expérience.

Ce que je vous raconte là peut paraître assez naïf, ou en tout cas évident, mais pour moi qui suis assez novice, j'ai été bouleversée par cette proximité avec les acteurs, et l'intensité de leur jeu, bien plus puissant qu'au cinéma, auquel je suis plus habituée. Tout cela me donne bien sûr envie d'aller plus souvent au théâtre, en espérant que ce sera le cas...

Quelques articles sur Top Dogs dans le Voir : ici et .
Quelques articles sur Le Bruit et La Fureur : ici, et ...

En écrivant ceci, j'écoute Karkwa, Le coup d'état (album Les tremblements s'immobilisent, 2005)