10 septembre 2008

Babyji


Babyji, d'Abha Dawesar, Éditions Héloïse d'Ormesson, 2007, 445 pages.

Dans les années 90, à Delhi en Inde, nous suivons l'apprentissage de la vie et l'émancipation sexuelle («tendance Gazon Maudit») d'Anamika, jeune et brillante lycéenne de 17 ans, qui découvrira l'amour dans les bras de trois femmes différentes, tout en essayant de comprendre le monde dans lequel elle vit, à travers nombre d'événements politiques qui ont secoués l'Inde de ces années-là. L'intérêt des diverses "conquêtes" de la narratrice vient du fait que les trois femmes qu'elle côtoie viennent de trois castes différentes : une est une servante, l'autre une étudiante, et la troisième une femme divorcée. La narratrice elle-même est une brahmine, la caste brahmane étant la plus importante en Inde. Tous ces personnages vont donc évoluer à travers des relations improbables, mais qui chacune, incarne une vision de l'Inde contemporaine (la domination toujours présente de certaines castes sur d'autres, la peur de la liberté tant recherchée et l'influence de l'Occident, la dualité entre tradition et modernité, que l'on retrouve par exemple chez les enfants nés d'immigrants de première génération).
L'impertinence sulfureuse de la narratrice s'oppose aux contraintes de cette Inde, et Anamika se heurte souvent aux préjugés et aux interdits d'une société qu'elle finit par vouloir fuir (son souhait de partir aux États-Unis).
La rencontre avec le père de son meilleur ami et le souhait d'Anamika de tranformer le bad boy de sa classe en un élève modèle viendront s'ajouter à son apprentissage existentiel.
Anamika se montre souvent autoritaire et égoïste, voulant dominer les autres, se comportant comme un homme dans une société où les rôles sont très marqués. On ressent souvent son malaise, le fait qu'elle soit partagée dans ses sentiments, ses attirances, à l'aube de sa majorité, elle se découvre, parfois avec peur.
Un roman initiatique très intéressant, avec un soupçon d'érotisme, pour découvrir l'Inde dans une partie de sa complexité, et une jeune auteure (née en 1974) qui promet.

De la même auteure :

Miniplanner, Cleis Press, November 2000
Dernier été à Paris, Éditions Héloise d'Ormesson, 2008

«Delhi est une ville où tout se passe dans la clandestinité, une ville sans amour mais avec des tonnes de passion.»
Abha Dawesar

Le blogue d'Abha Dawesar, en français s'il-vous-plaît !
Et Abha Dawesar sur Myspace !

En écrivant ceci, j'écoute Éthiopiques, super découverte du week-end dernier.

3 commentaires:

Anonyme a dit...

Content que ce (très bon) livre t'ait plu. Tu mets le doigt sur un point qui me turlupine : je ne comprends la curieuse obsession d'Anamika à vouloir rendre X meilleur... (X désignant le vaurien qui est dans sa classe et dont j'ai oublié le prénom (le bouquin est encore dans un carton, je ne peux même pas le rechercher)). T'as une clé ? Bisous.

Lætitia Le Clech a dit...

@ Kir : Contente de te revoir ici ! Internet est revenu chez vous, youpi !
X se nomme Chakra Dev. Je n'ai pas super bien saisi pourquoi Anamika est obsédée par la rédemption de Chakra Dev. Sûrement parce qu'elle prend son rôle de préfet de l'école très à coeur, et qu'elle espère avoir du pouvoir aussi dans ce domaine là (après le pouvoir de séduction). D'autre part, je pense qu'elle est attirée par lui, malgré son dégoût pour lui (amour/haine), son côté malsain l'attire visiblement, enfin c'est ce que j'ai senti.
Qu'en penses-tu ? :)

Anonyme a dit...

Bonsoir,

Je viens de lire vos commentaires sur ce livre que j'ai dévoré.
Je me suis également interrogée sur la relation d'Anamika pour Chakra Dev. Je crois que l'obsession d'Anamika concernant Chakra Dev est de l'attirance, un peu comme beaucoup de femmes sont attirés par le danger, par l'inaccessible, parce inaccessible . Parce qu'il est presque un homme mature, parce qu'il a une réputation sulfureuse, parce qu'il s'intéresse à Sheela...
Il la dégoute, parce que homme, mais en même temps, il l'attire parce que justement homme...
Après, il ne s'agit ici que de ma propre vision de la chose.