04 avril 2006

Bienvenue au club, de Jonathan Coe


L'auteur
Jonathan Coe, né à Birmingham en 1961, est devenu en cinq romans l'un des talents les plus prometteurs d'Angleterre, et l'égal d'un Martin Amis dont il partage le même goût pour la satyre sociale, et l'acidité des portraits. Son premier roman, Les nains de la mort, mêle culture musicale (particulièrement avec le groupe The Smith) et thriller. Aussi apprécié en France, où il recoit le prix Médicis pour La maison du sommeil, que dans son pays, il joue d'une écriture qui se distancie souvent par l'humour noir de ce qui pourrait être le sentiment tragique de la vie.
Bibliographie (tous publiés chez Gallimard) :
Testament à l'anglaise (1997)
La Maison du sommeil (2000)
Les nains de la mort (2002)
Bienvenue au club (2003)
Le Cercle fermé (2006)
Bienvenue au club
Premier tome de deux livres (la suite, Le Cercle fermé, n'est pas encore tombée dans mes mains, mais j'ai hâte de la lire), Bienvenue au club nous présente Benjamin, Harding, Doug, et tous leurs petits copains et copines, ainsi que leurs parents, à Birmingham, dans les années 70.
À travers les grèves, menées par les puissants syndicats de l'époque en Angleterre, les attentats de l'IRA, qui touchent nos personnages de près, la musique, qui occupe toujours une place prépondérante dans les romans de Jonathan Coe (et ce n'est pas pour me déplaire...), et l'écriture, nos "héros" poursuivent leur chemin, leur découverte de la vie, ils vivent leurs premières histoires d'amour, leurs premières déceptions, dans une atmosphère de changements politiques et sociaux (juste avant l'arrivée au pouvoir des conservateurs de Margaret Thatcher). Cela pourrait être un roman banal mais il n'en est rien.
Jonathan Coe, dans chacun de ses récits, possède ce style particulier, cette faculté de nous toucher, et de rendre ses personnages tellement attachants que l'on ne veut plus les quitter.
Il a aussi cette facilité à nous raconter des histoires (probablement inspirées de sa propre vie) universelles : le passage de l'adolescence à l'âge adulte prend ici une importance considérable, et nous sommes amenés à repenser à notre propre adolescence, en nous identifiant à l'un ou à l'autre des personnages. Il y a beaucoup de tendresse dans ce livre. On sent que l'auteur a probablement vécu son adolescence avec beaucoup de passion et d'enthousiasme, mais aussi avec parfois un peu d'amertume.
Jonathan Coe utilise différents styles, qui amènent fraicheur, rythme et humour au texte : des articles de journaux hilarants (Qu'est-ce que j'aurais aimé écrire de si beaux textes pour le journal de mon lycée !), des lettres, des entrevues, et ce fameux dernier chapitre, écrit sans aucune ponctuation, qui vaut vraiment le détour.
Que rajouter de plus sinon que Jonathan Coe est un auteur à découvrir si ce n'est déjà fait. Bienvenue au club est un excellent roman, qui se lit d'une traite, et dont on ressort un peu tourneboulé. À déguster sans modération.
En écrivant ceci, j'écoute cela : Karkwa ~ Les tremblements s'immobilisent (Audiogram - 2005)

4 commentaires:

Anonyme a dit...

Salut Laeticia,

je fais de superbes découvertes sur ton blog! Je viens de terminer "Testament à l'anglaise" de Coe et je m'apprête à lire "Bienvenue au club". J'ai littéralement dévoré le précédent, j'ai hâte de plonger dans celui-ci. "Testament à l'anglaise" est une critique acérée de la société britannique, de la corruption subtile ou frappante qui habite chaque sphère de la société. C'est sous forme d'une espèce de roman policier qu'il nous fait voyager dans ce monde par le biais de divers personnages (dignes représentants de chaque couche de l'infrastructure britannique). Le parcours narratif est de toute beauté et aucun détail n'est laissé au hasard. L'histoire se tisse magnifiquement à travers les personnages jusqu'à former une fresque d'une parfaite unité. La fin à la Agatha Christie n'est pas des plus enlevantes mais l'ensemble l'est suffisamment pour rester sur une note très positive. Je te donnerai mon avis prochainement sur "Bienvenue au club".

Au plaisir,

Maude :)

PS: J'ai aussi eu un grand plaisir à lire Nikolski. Belle réconciliation avec la littérature québécoise que je trouve bien souvent déprimante.

Lætitia Le Clech a dit...

Salut Maude,
Merci pour ton commentaire. Testament à l'anglaise est en effet excellent aussi, je l'ai lu mais il y a longtemps. Ta critique est très juste.
J'espère que tu aimeras autant Bienvenue au club, et ensuite Le cercle fermé (que je viens de finir), qui sont en quelque sorte les deux autres tomes de cette trilogie politico-dramatique en Grande-Bretagne...

Quant à Nikolski, tu sais qu'il a remporté le prix des libraires il y a une semaine ?

Bonne lecture, et bonnes découvertes littéraires !

Bavardage sens dessus dessous sur la culture et la communication, la communication de la culture et la culture de la communication a dit...

Bien défendu !
J'ai dû rechercher ton article car ton lien dans le commentaire de mon article (http://aimzon.blogspot.com/2007_11_01_archive.html#3546901153569049155)ne fonctionne pas.
C'est vrai que Jonathan Coe assure sur le plan de la construction de ses personnages : on parie qu'un jour ce sera adapté au cinéma ou au théâtre ?
You bet ?
See you !

Lætitia Le Clech a dit...

Oui ce serait une bonne idée d'adapter cela au ciné...Ça se pourrait bien !