29 octobre 2006

Après la nuit rouge, de Christiane Frenette

Éditions Boréal Compact, 2005, 168 pages.

Encore un petit livre extraordinaire qui se lit en coup de vent, se referme avec regret et ne s'oublie pas si vite...
La nuit rouge, c'est cet incendie qui a ravagé Rimouski, ville du Bas-Saint-Laurent au Québec, le 7 mai 1950. Point de départ d'une histoire croisée où se perdent et se retrouvent trois personnages, Thomas, Romain, et Marie, la femme de ce dernier. Thomas revient dans sa ville en 1955 après 5 ans passés dans un hôpital psychiatrique. Il retrouve alors Romain, son ami d'enfance dont il ne se souvient pas, et la femme de celui-ci, Marie, en qui il capte la même détresse que celle qui l'habite. Thomas retrouve aussi son chien, Rex, aveugle et sourd, mais toujours fidèle.
Puis l'on retrouve en 2002 Lou, qui revient à Rimouski elle aussi après la rupture d'anévrisme de son mari Joe. Ils s'installent dans une grande maison et Lou va retrouver peu à peu tous les souvenirs qu'elle a laissés en fuguant 30 ans auparavant de la maison familiale, la maison de Marie et Romain...
Cette histoire est finalement très difficile à résumer tant la trame est dense et riche. On fait connaissance avec chacun des personnages, tous très émouvants par leur fragilité et leur recherche du bonheur, ou leur résignation (Marie).
Thomas en tête, qui réapprend à vivre après cinq ans passés à l'hôpital, sous le regard des autres qui le prenne pour un fou. Le soir de l'incendie, «Thomas n'avait pas trouvé sa voie, il avait pris l'issue de secours». Quand il revient à Rimouski, il retrouve son chien devenu sourd et aveugle, métaphore de cette amnésie qui le frappe et de cette difficulté à communiquer qui le caractérise. Thomas est difficile à mettre à jour, à l'image de cette accusation qu'il se porte lui-même, d'être le coupable de cet incendie. On ne sait s'il dit vrai.
Marie, femme du médecin Romain, caractérise la femme qui refuse de se mettre au service de la gloire de son mari. Avec la révolte qu'elle réprime et les scotchs qu'elle s'enfile (!), elle devient frustrée et aigrie face à sa vie. Thomas représentera peut-être pour elle une sortie de secours qu'elle essaiera d'emprunter, et ce, même face à la jalousie de son mari. Le couple se dispute l'amitié/amour du jeune homme, qui lui, tente de trouver un sens à sa vie.

Poète et romancière, Christiane Frenette est titulaire d'une maîtrise en littérature québécoise de l'Université Laval. Elle enseigne actuellement la littérature au Collège de Lévis-Lauzon. Elle a publié des recueils de poésie, des recueils de nouvelles et des romans, son écriture exprimant le difficile combat de la vie contre le désespoir.
Christiane Frenette a reçu le Prix Octave-Crémazie pour son recueil de poésie Indigo nuit en 1986 et le Prix du Gouverneur général du Canada dans la catégorie «roman et nouvelles» pour La Terre ferme en 1998. Elle est membre de l'Union des écrivaines et des écrivains québécois.

Le roman Après la nuit rouge a été sélectionné pour le prix des collégiens 2006 (c'est Nikolski de Nicolas Dickner qui l'avait remporté).

Critiques du livre Après la nuit rouge :

«Savamment orchestré (l’alternance entre deux narrations concurrentes se fait en souplesse) et servi par cette petite musique précise et jamais précieuse, délicate et jamais mièvre, Après la nuit rouge confirme le statut de la styliste parmi les écrivaines majeures de sa génération et de la littérature québécoise contemporaine.»
Stanley Péan, Le Libraire

«Si l'émotion risque de submerger le lecteur à tout moment, c'est peut-être qu'à une certaine hauteur, la beauté et la vérité se confondent. Écrit dans un style minimaliste et avec une puissance d'évocation rare, Après la nuit rouge sonne admirablement juste.»
Suzanne Giguère, Le Devoir

En ce moment, j'écoute : Gorillaz ~ Demon Days (Parlophone, 2005)

1 commentaire:

Anonyme a dit...

woow! quel roman à la hauteur de votre talent ma chère Christianne! je suis bien fière que vous m'aillez enseigner pendant une courte session
merci
josiane Marmet