10 mars 2007

L'Histoire de l'amour, de Nicole Krauss


Éditions Gallimard, 356 pages.

Trois récits composent ce roman. Tout d'abord celui de Léo, vieil homme immigrépolonais durant la Seconde Guerre Mondiale, qui vit seul à New York, après avoir perdu ses illusions et son unique grand Amour. Écrivain à ses heures, il cherche à se faire remarquer par n'importe quel moyen et ne veut pas mourir avant que son fils ne connaisse son existence.
Dans la deuxième narration, c'est Alma, 14 ans presque 15, qui nous raconte l'histoire de sa (courte) vie. Elle cherche un moyen de se remettre de la mort de son père sept ans auparavant. En essayant de redonner le goût de l'amour à sa mère, c'est son propre destin qu'elle façonne.
Dans une troisième ligne de récit, nous suivons un écrivain à Buenos Aires, dont l'unique livre, L'histoire de l'amour, est LE livre du père et de la mère d'Alma. Mais qui est réellement ce Zvi Litvinosk ?

Ce roman, construit d'une façon très plaisante mais pouvant être déroutante, nous amène encore une fois à reconstituer les pièces d'un puzzle compliqué.
Avec en toile de fond la Shoah et l'immigration de nombreux Juifs polonais aux États-Unis, le roman nous transporte d'une New York contemporaine vu par un vieillard et une jeune fille, à une Buenos Aires poétique.
La littérature crée un lien unique entre tous ces personnages et parfois la réalité se mêle à la fiction littéraire. Parfois, on ne sait plus distinguer le vrai du faux.
Mais l'Écrit et son étrange pouvoir lie tous les personnages et «par lui se fait la transmission, se forge l'identité et s'établit la vérité.»(Vanessa Aubert sur Fluctuat.net)

Par son livre, Nicole Krauss a aussi voulu démontrer comment la Shoah a brisé de nombreuses vies, celles de ses condamnés bien sûr, mais aussi celles de ses survivants, comme Léo (et comme les grands-parents de Nicole Krauss).

Les livres de Nicole Krauss et de son mari Jonathan Safran Foer abordent des thèmes identiques et forment un véritable "couple littéraire", l'un répondant à l'autre et vice-versa. Ces deux lectures permettent d'aborder des thématiques terribles, la perte, le deuil, la Shoah, la guerre, la douleur, mais amenées ici avec style, parfois humour, et toujours avec un immense attachement pour les personnages, et surtout beaucoup d'amour pour la vie.

Quelques articles :
Dans Libération, et dans Voir.


2 commentaires:

Anonyme a dit...

je l'ai vu hier à la bibliothèque, j'ai hésité mais comme j'ai un gros pavé à lire, ce sera pour la prochaine fois.
@+

Anonyme a dit...

Je l'ai enfin terminé, non pas qu'il m'ait pris beaucoup de temps. J'ai quelque peu peiné à le lire, sans cesse partagée entre la curiosité et la perplexité, la fatigue et l'envie. J'ai eu du mal a y entrer car pour moi, la psychologie des personnages est trop longue à s'installer. Je dois faire un effort trop important pour relier les chapitres et les histoires entre elles. Cependant je l'ai quand même aimé, car j'y ai fait la rencontre de la mère d'Alma, sorte d'Emma Bovary revisitée, de Zvi l'écrivain raté, si touchant dans sa solitude.
L'écriture est belle, souvent poétique. Le livre dans le livre "l'histoire de l'amour" est original et lyrique, presque musical. J'aurais presque aimé qu'il existe vraiment et pouvoir le trouver moi aussi dan sla petite librairie poussiéreuse du coin de la rue. En cela c'est réussi. Cependant cela reste un livre qui me laisse sur ma faim car trop délié dans son intrigue. À la fin l'intensité narrative se fait plus présente et nous fait faire un sprint de dernière minute : intéressant à vivre dans un livre, surtout lorsque celui-ci a été une course de fond un peu essoufflante. Les thématiques de la Shoah, de l'écriture, de l'amour, de la filiation, de l'identité, bien que présentes ne me touchent pas autant que dans Ligne de faille, qui reste ma lecture de l'été.
En tous les cas, merci Laetitia de m'avoir fait découvrir cette auteure.
xxx
Sylvie