09 mars 2006

W;T au Théâtre de Quat' Sous - Samedi 4 mars 2006


Pièce écrite par Margaret Edson, mise en scène par Denise Guilbaut, après une traduction de Maryse Warda.
Avec : Louise Turcot, Dominique Pétin, Robert Lalonde, Jean-François Nadeau, Françoise Faucher, Charles Baillargeon, Pascale Denommée, Ève Gadouas.
Pièce présentée du 13 février au 18 mars 2006 au Théâtre de Quat'Sous. En supplémentaire les 21 et 22 mars à 20h.

Vivian Bearing, éminente professeur de littérature de 50 ans, apprend qu'elle est atteinte d'un cancer ovarien de stade 4, métastasien et incurable.
Elle accepte tout de même de se soumettre au traitement extrême que lui offre le docteur Kelekian, qui dirige le service d'oncologie. Dose maximale de chimiothérapie.
Pendant sa lente agonie, Vivian doit faire face à sa maladie, à l'anéantissement de son corps et de son esprit. Et surtout elle doit accepter sa mort.
Mais voilà, elle qui a toujours tout maîtrisé, qui menait sa vie à un train d'enfer, qui était impitoyable avec ses étudiants, qui n'avait ni vie affective ni vie sociale (comme le prouve l'absence de visiteurs à son chevet), elle, la grande Vivian Bearing, spécialiste des sonnets métaphysiques de John Donne, ne peut pas se laisser aller, elle ne peut pas souffrir et mourir.
De plus, elle se retrouve entre les mains d'une équipe médicale sans coeur (dont l'un de ses anciens étudiants), exceptée cette infirmière, qui ne connaît peut-être pas les vers de John Donne, mais qui prend soin d'elle avec candeur et bonté.

Sortez vos mouchoirs
Lorsque l'on va voir W;T, on sait à quoi s'attendre. L'histoire, les thèmes ne sont pas faciles.
Le décor ne laisse aucun doute, il s'agit d'une chambre d'hôpital, et nous y serons durant toute la pièce (même si à l'occasion de "flash back", la pièce se transformera en salle de classe, en maison, ou en salle de radiologie).
Quant Louise Turcot arrive sur scène, crâne rasé et perfusion au bras, on ne peut plus reculer.
La force du texte réside dans l'humour (le cynisme aussi) dont fait preuve Vivian Bearing. Le drame s'intensifie au fur et à mesure que la pièce avance. Les scènes les plus dramatiques succèdent à des retours en arrière ou à des dialogues plus légers.
Le personnage s'adresse au public dès le début : «Je vais mourir à la fin. Ils m'ont donné 1h50...».
Louise Turcot, qui interprète Vivian Bearing, fixe parfois intensément les spectateurs.
Tout cela ajoute finalement encore plus d'intensité au drame qui se joue. Celui-ci devient absolument bouleversant au moment même où l'on comprend que Vivian Bearing accepte qu'elle souffre, et accueille sa mort. Il atteint encore son paroxysme lors de l'unique visite que recevra Vivian, son ancien professeur, E. M. Ashford, qui vient lui lire une histoire pour enfants. Déchirant...
D'autant plus que nous nous attachons rapidement à cette femme qui fait preuve d'une vivacité d'esprit à toute épreuve (le "wit" du titre, avec un point virgule au milieu...), et que nous voyons décliner.
La critique du milieu médical fait froid dans le dos, l'équipe de médecins, d'étudiants, de résidents, n'étant intéressée que par les résultats de leur traitement, et surtout pas par les états d'âme de leur patiente.
Avec cette pièce, on nous fait voir la mort en face (pour reprendre l'expression d'Ève Dumas). Essentiel (mais douloureux) pour apprendre à lâcher prise...
Finalement, Ève Dumas, pour La Presse, a écrit une critique que je partage entièrement, alors au lieu de la plagier, je vous invite à lire cela ici.
Ce texte est aussi visible sur le site du Voir, et m'a rapporté 30 jetons...;) Votez pour moi !
En écrivant ceci, j'écoute cela : Marie-Jo Thério - Les matins habitables (2005)

2 commentaires:

Stephan a dit...

je note l'existence du Théâtre de Quat'Sous grâce à cette note fort intéressante! merci!

Lætitia Le Clech a dit...

Tout petit théâtre très charmant situé sur le Plateau Mont-Royal. J'ai parcouru vite fait ton blog, alors comme ça tu t'apprêtes à venir vivre ici ?
Bonne chance dans tes démarches !