28 juillet 2006

Je est un autre


J comme Je (essais d'autobiographie), de Julie Doucet, éditions du Seuil.
Julie Doucet est certainement l'auteure québécoise de BD la plus connue du monde. Ses bandes dessinées sont publiées en anglais, en français, en allemand, en finlandais et en espagnol. De plus, ses planches originales ont été exposées dans plusieurs villes tant au Canada qu'aux États-Unis, en France et au Portugal. Née à Saint-Lambert le 31 décembre 1965, Julie Doucet étudie en arts plastiques au cégep du Vieux-Montréal au début des années 1980. C'est dans cet établissement, à la faveur d'un cours sur la bande dessinée, qu'elle commence à s'intéresser à cette forme d'art. Doucet obtient son diplôme d'études collégiales, puis s'inscrit à l'Université du Québec à Montréal où elle étudie les arts d'impression et les arts plastiques.
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(Je me foule pas trop ce soir... Hihi)

Franchement, j'avais quelques apriori sur Julie Doucet, enfin pas sur elle mais sur ses dessins. Non pas que je jugeais ce qu'elle faisait mauvais, mais cela ne me touchait pas (Dirty Plotte par exemple).
Voilà, c'est dit.
Mais là, ohlalalala !
Cet ouvrage, qui ne comporte d'ailleurs aucun dessin (sauf celui de la très belle, très colorée, et très grande couverture !), est à mi-chemin entre le récit autobiographique et le livre d'art. En effet, il est construit comme une lettre anonyme, avec des morceaux de journaux, des mots découpés, de différentes tailles, de différentes polices. Il y a un effort graphique qui apparaît comme logique venant d'une bédéiste, cela en fait un beau livre, de la couverture (papier très doux) à la dernière page, on le feuillette dans tous les sens et on l'admire.
L'histoire nous promène de la naissance de Julie à son adolescence :

«Je m'appelle J comme je,
j comme Jules César
je comme jupon
- Je suis née
Le dernier
jour de
1965.
Ah ! mais.
Ça n'a pas été sans regret ;
Je voulais pas.
Ils ont voulu me provoquer.
J'ai dû adopter la vie humaine
mais ç'a pris des pinces.»

Le ton est donné. Très drôle mais surtout très touchant, le récit de la vie de Julie Doucet prend toute son ampleur grâce au rythme, car ici - même si le propos peut parfois paraître minimaliste - chaque virgule a sa place et chaque césure est importante. On peut relire la même phrase plusieurs fois et lui trouver une signification, ou plutôt une profondeur, différentes. C'est de cela qu'il s'agit : sous le masque de l'humour, de la simplicité, Julie Doucet nous entraîne dans les méandres de son esprit, dans ses expériences de vie qui l'ont marquée et ont fait d'elle ce qu'elle est aujourd'hui. Le texte est d'une profondeur incroyable, certains passages m'ont laissée pantoise d'admiration tellement c'était beau, bien dit, profond, à double sens, ou tout ça à la fois !

Avec en plus le côté graphique de l'ouvrage, cela en a fait mon petit coup de coeur des dernières semaines, et je dois pour cela en remercier cette amie qui me l'a offert pour mon anniversaire.

En rédigeant ceci, j'écoute d'une oreille distraite un reportage à la télé sur le mouvement punk et sur les Sex Pistols :
The Filth and the Fury (j'crois que je vais aller me coucher !)

4 commentaires:

Bavardage sens dessus dessous sur la culture et la communication, la communication de la culture et la culture de la communication a dit...

Eh bien Julie Doucet n'est pas à la FNAC de Lille ! Dommage j'aurais bien aimé lire cette autobiographie d'une bédéiste.
Dans le genre, il y a un ouvrage polémique sur la BD, d'un auteur de BD : Plates-bandes de Jean Claude Menu. Mais plus qu'une autobiographie, c'est un pamphlet contre le monde de l'édition BD, ou la "cuture BD": "doit-on assister impuissants à cet éternel mouvement de yoyo, qui fait que chaque effort de nouveauté doive être redissolu dans la masse quinze ans plus tard, là est la vraie question" Il y évoque comment la culture alternative est devenue un business: "dans les années 80, les alternatifs étaient là, parce que le business n'y était pas. Ils n'ont pas du tout vu venir la vague alternative. Alors des gens ont monté des labels, des structures, et ils ont fait ça très bien. Et les groupes sont restés pendant suffisamment longtemps pour que ça commence à vendre... Les majors ont fini par tiquer: "les Bérus, cinquante mille !?" Le business s'est réinstallé. C'est un ouvrage intéressant et une bonne initiation (avec un ton pamphletaire !) à l'histoire de la BD.
A bientôt!

Anonyme a dit...

Bon, j'arrête pas de te croiser chez Stella et Pierzo, et pis, Stella me parle souvent de toi, mais je ne t'ai jamais suivie régulièrement. Je pense qu'il est un peu temps d'y remédier.
A très bientôt !

Lætitia Le Clech a dit...

Merci Miss Poivert et bienvenue !

isarmel a dit...

je viens de découvrir Julie Doucet avec "Changements d'adresses" (1993). J'ai été séduit. Pas de quoi sauter au plafond, mais de quoi être séduit, ça oui. Le propos et la mise en image vont bien ensemble.