29 mai 2025

Mon frère

Michaël raconte son frère disparu, la vie difficile dans le Park, un ghetto de la banlieue de Toronto, où vivent de nombreuses communautés caribéennes. Michaël et son frère Francis habitent avec leur mère Ruth, qui se tue à l'ouvrage pour échapper à la misère et offrir un avenir à ses fils. Arrivée de Trinidad, abandonnée par son mari, ombre lâche qui plane sur ce récit, Ruth est le fil conducteur de cette histoire, celle qui tente d'empêcher le drame, celle qui encaisse les coups sans rien dire, celle par qui la guérison arrivera.
David Chariandy parvient dans ce court roman émouvant à nous faire comprendre la lutte des deux frères pour s'imposer dans une société où tout sera plus difficile pour eux à cause de la couleur de leur peau. Il ne fait pas que décrire des situations : son style d'une grande sensibilité nous fait ressentir les personnages, leur anxiété, leurs peurs, leur désir de réussir, de se démarquer, de rendre leur mère fière.
Sa plume splendide nous montre aussi que lorsque le lien se crée - entre le narrateur et Aisha, la voisine qui réapparaît 10 ans après le drame, entre les deux frères, entre la mère et son fils, entre les jeunes de la communauté - quelque chose comme une chaleur douce et lumineuse peut apparaître, malgré le drame.
La musique tient une place importante dans cette histoire (le livre est paru sous le titre 33 tours, en Europe), comme liant entre les êtres et entre les générations. C'est un cliché, mais elle est là pour adoucir la rudesse de cette histoire.
Un auteur canadien très peu connu au Québec. Merci aux Éditions Héliotrope de nous le mettre entre les mains.

Mon frère, David Chariandy, Éditions Héliotrope, 2025 (réédition)

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