22 octobre 2006

Gioconda, de Nikos Kokantzis

Éditions de l'Aube, 2006 (traduit en 1998, 1975 pour la version originale), 124 pages

L'auteur vu par l'éditeur :
Nikos Kokantzis, né à Thessalonique en 1930, découvrira l'amour avec Gioconda en 1943. Juive, celle-ci sera déportée à Auschwitz... et n'en reviendra pas. Et c'est en 1975 que Kokantzis décide de raconter leur histoire d'amour, pour que Gioconda revive à travers ses mots. C'est son premier et seul ouvrage.

Il aura donc fallu 30 ans pour que Nikos Kokantzis couche sur papier cette histoire, son histoire, son premier amour. Ccet homme n'a écrit que ce livre, dans l'unique but que Gioconda ne tombe pas dans l'oubli, pour garder un souvenir tangible d'elle, alors que tout ce qui lui appartenait avait disparu. Une preuve de son immense amour pour elle, preuve aussi qu'il ne l'a jamais oubliée. Nikos Kokantzis a-t-il réussi à vivre et à aimer de nouveau avec autant d'intensité ?
Après tout, il s'agit d'un premier amour comme beaucoup en ont vécu.
Mais au-delà du drame amoureux qui se joue, il y a toute l'ampleur du drame humain de la Seconde Guerre Mondiale. Les tirs, les bombes, la résistance, les déportations.
Pendant la Seconde Guerre Mondiale, la ville de Thessalonique, en Grèce, a été occupée par les Allemands. Tous les juifs de Thessalonique ont été déportés en 1943 vers Auschwitz. Mille à peine ont survécu. Il s'agit d'une partie de l'histoire de la Seconde Guerre Mondiale peu connue.
Gioconda a fait partie de ces juifs déportés et qui sont morts. Nous le savons dès le début du livre, nous savons qu'il s'agira d'une histoire d'amour qui finit mal. Malgré cela, il plane une impression d'amour éternel lorsque l'on referme ce livre. Il émane de cette histoire des sentiments purs et simples, qui font du bien. On espère un miracle jusqu'à la fin, qui ne viendra pas.
Je l'ai lu hier soir d'une traite, c'est assez court mais suffisamment prenant et surtout très émouvant, écrit tout en finesse et délicatesse. Émouvant de lire cet éveil à l'amour et au sexe, émouvant de se dire que cet homme n'a écrit que ce livre, pour sa bien-aimée, la femme de sa vie. On a tous une part de romantisme en nous, et je trouve cette idée terriblement romantique, au-delà de l'horreur de la guerre et de ses conséquences.

« Je n’entendis pas chanter les oiseaux, ou sonner les cloches. Mais je me souviens encore de ses lèvres contre les miennes, de ce frisson de bonheur. L’amour débordait par mes yeux, mes oreilles, ma bouche, le bout de mes doigts. Ma peau était amoureuse, mon cœur, ma gorge, tout mon corps. Et son amour à elle venait vers moi, j’étais traversé par cette vague chaude, lisse, affolante. Nous étions si proches qu’il n’y avait de place entre nous pour des mots…. J’étais sur le point de terminer la guerre à moi seul, il n’y avait pas de guerre, nous traversions le désert à dos de chameau sous un soleil insoutenable, nous descendions le Nil blanc parmi les odeurs du soir, nous découvrions Samarkand, Kaboul, Benarès… »


7 commentaires:

Anonyme a dit...

"(...) nous savons qu'il s'agira d'une histoire d'amour qui finit mal. Malgré cela, il plane une impression d'amour éternel lorsque l'on referme ce livre. Il émane de cette histoire des sentiments purs et simples, qui font du bien."

C'est exactement cela ! Très juste impression. Content que ça t'ait plu. Bizz.

Lætitia Le Clech a dit...

Merci !
Et pour le commentaire, et pour ce livre que tu m'as envoyé...;-)

Alcib a dit...

Vous me donnez envie de lire ce livre. Merci.

Pierzo a dit...

Dominique A a bien aimé ce livre.
Je l'ai dans ma bibliothèque mais ne l'ai jamais encore lu. Le temps est s^rement venu.
;O)

Lætitia Le Clech a dit...

> Merci Pierzo pour ton premier commentaire ! Oui Dominique A a aimé ce livre... (C'est en effet écrit en quatrième de couverture...) ;-)
Je te le conseille ! En plus, ça se lit vite, et bien...

Anonyme a dit...

Merci pour cette découverte d'un livre que j'inscrirais personnellement dans la ligne du très beau "Tu, mio" d'Erri de Luca (Rivages Poche) ou encore "le Jardin des Finzi Contini" de Giorgio Bassini (en Folio) - des histoires d'amours adolescentes avec des jeunes filles sur fond de deuxième guerre mondiale : l'héroine du premier est une rescapée des camps, celle de la seconde n'en est malheureusement pas revenue (et le narrateur retrace un amour qui n'a pas été partagé par l'élue de son coeur).

Lætitia Le Clech a dit...

> Merci Jérôme pour ton commentaire et bienvenue ici. Merci aussi pour tes références ! Bonnes lectures !