10 juin 2025

Silence sur le quai

Ce « plaidoyer pour le train et pour le maintien des petites lignes qui désenclavent les territoires ruraux » (Planète BD) enquête sur l'abandon de la ligne de train Béziers-Neussargues, en France, qui a pourtant un potentiel touristique et dessert une région éloignée. L'auteur, en convoquant ses souvenirs d'enfance, démontre tout le potentiel des petites lignes ferroviaires de France. Celles-ci rejoignent les petites communautés rurales ou montagnardes, la plupart très enclavées ou isolées. La rentabilité économique et la vitesse ont longtemps primé dans le développement des transports collectifs, au détriment, selon l'auteur, de l'idée même de service public.
Certaines de ces petites lignes ont ou auraient par ailleurs un potentiel touristique intéressant, qui mériterait d'être développé davantage. La France s'est beaucoup construite grâce à ce réseau ferroviaire, cette toile qui a permis de relier de nombreuses villes entre elles. Ce patrimoine n'est pas à négliger. Silence sur le quai peut alors devenir une lecture plus universelle, qui illustre par ses dessins simples l'abandon d'un monde, d'une époque où l'on prenait plus son temps. Sans être passéiste ou réactionnaire, l'auteur prône une cohabitation entre ces différents moyens de transport. Il regrette que l'aspect social ne soit plus tellement considéré dans les différents choix politiques en lien avec le transport collectif. Sa rencontre avec Claude Gayssot, qui a été ministre (communiste) des transports, est assez éclairante sur le sujet.
D'un point de vue écologique, les trains régionaux qui nous sont présentés dans cette bande dessinée permettent de traverser le territoire comme on ne le fait jamais. Les différents paysages se succèdent. L'épidémie de COVID a incité de nombreuses personnes à se rapprocher de la nature, à quitter la ville, à retrouver le goût du silence : la réouverture de ces petites lignes de train serait donc tout à fait propice. Reste à voir si la conjoncture économique le permettra : nous pouvons en douter, mais nous pouvons espérer. En ayant une vision sur le long terme, réévaluer la pertinence de ces moyens de transport peut s'avérer nécessaire.

Silence sur le quai illustre en tout cas très bien l'évolution des transports, les choix politiques d'une époque, le regard sur le territoire que porte un pays, la France. La réalité est bien différente au Canada, mais connaître ce qui se fait ailleurs nous enrichit toujours.

Silence sur le quai, Elliot Royer et Alain Bujak, Éditions Futuropolis, 2024, 95 pages.

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