07 juin 2025

Le cas David Zimmerman

Après une fête de Nouvel an où il se rend à contrecoeur, David se réveille dans le corps d'une jeune femme rencontrée à cette soirée et avec qui il aurait passé la nuit. Son corps s'est transformé, mais pas son esprit, puisqu'il est toujours le David Zimmerman qui nous est présenté au début, photographe un peu déprimé, issu d'une famille qui a enfoui plusieurs drames.
Durant toute la bd, David essaie de comprendre ce qui lui arrive, et il finira par rencontrer une autre personne victime de ce transfert et qui, lui, a pris l'apparence de David !
Le dessin est très beau et très fluide, et les pages de déambulation en ville très riches de détails. Les lignes sont claires, le dessinateur Lucas Harari se dit inspiré par Tardi et ses décors urbains. Il y a un peu de Scott McCloud également, dans les traits des personnages.
Ce scénario, qui frôle le fantastique, est un prétexte pour explorer les questions d'identité. Les éléments de réalisme magique nous rappellent un peu l'écriture de Murakami ou le manga Quartier lointain de Jiro Taniguchi, que les frères Harari citent souvent dans leurs références. À noter qu'Arthur Harari est au départ un scénariste de cinéma (notamment scénariste d'Anatomie d'une chute, en collaboration avec Justine Triet). 

Sa façon de travailler est donc bien différente de celle d'un scénariste de bande dessinée. Il ne voulait pas écrire cette histoire, au départ, mais finalement, ce projet l'obsédait trop, il a donc proposé à son frère de collaborer. Lucas a pu expliquer à son frère Arthur comment les dessins permettaient aux lecteurs de s'approprier l'histoire, d'une manière différente de celle associée au visionnement d'un film. Le dessin permet à l'imaginaire d'être plus actif (entrevue dans Télérama, 17 novembre 2024).
Une bande dessinée très réussie pour les deux frères, aussi mystérieuse que réjouissante.

Le cas David Zimmerman, Lucas Harari et Arthur Harari, Éditions Sarbacane, 2024, 360 pages.


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