30 août 2013

Bilan de l'été

Bon, je sais. Vous allez me dire que l'été n'est pas terminé. Que voulez-vous, c'est symbolique. Dans 2 jours, c'est le mois de septembre. Tout le monde est retourné sur les bancs d'école. Alors, moi aussi, j'ai fait mes devoirs et recensé rapidement les jolies choses que j'ai lues cet été. Je vous souhaite à tous une rentrée littéraire enthousiasmante !

Mon roman de l'été : Le roman du mariage, de Jeffrey Eugenides. Pour ses descriptions de la société américaine contemporaine et ses portraits de la jeunesse universitaire désabusée et pour l'amour de la littérature, que chaque personnage déploie selon ses convictions (religieuse, scientifique ou amoureuse).

Le livre qui m'a fait redevenir végétarienne
: No steak, d'Aymeric Caron. Parce que parfois, ça prend juste ça pour passer à l'action. Je n'ai rien appris de très nouveau dans ce livre, mais il a cependant le mérite d'être cohérent et convaincant...

La découverte à approfondir
: On m'a offert Les éphémérides, roman publié en 2012 aux Éditions Rivages, et cela m'a suffisamment titillé pour me pencher sur le cas Stéphanie Hochet.

La découverte tardive
: Testament, de Vickie Gendreau. Le texte de Vicky Gendreau, décédée en mai dernier d'une tumeur au cerveau, prend malheureusement tout son sens aujourd'hui. Un réel talent littéraire chez cette jeune femme, qui a eu le temps de finaliser avec l'aide de son ami Mathieu Arsenault un deuxième livre, Drama Queens, qui sera publié début 2014 aux Éditions Le Quartanier.

La BD de l'été
: Big Questions, d'Anders Nilsen (L'Association, 2013), qui sous ses airs de dessin minimaliste et de questionnements existentiels naïfs nous met dans la peau de petits oiseaux et nous ouvre à leur univers pas si limité qu'on pourrait le penser. 15 ans de travail pour presque 600 pages de résultat. Une pure beauté graphique et narrative.

Une mention spéciale à Bicycle 3000, de l'auteur coréen O Se Hyung (Éditions Kana, 2012), qui relate un fait divers sordide basé sur de nombreuses ellipses et retours en arrière et sur un graphisme froid qui n'est pas sans rappeler Blast de Manu Larcenet. Deuxième mention spéciale à Un printemps à Tchernobyl, d'Emmanuel Lepage (Futuropolis, 2012), BD effrayante sur un reportage à Tchernobyl, de nos jours, pour un projet artistique engagé. La magnificence des dessins vient s'entrechoquer avec l'horreur absolue qui est là sous nos yeux.





 






La musique de l'été : Syd Matters, Sharon Van Etten, Maissiat, La musique du film québécois Camion, Lila dit ça, Lia Ices, Chris Garneau


Lætitia Le Clech

14 août 2013

Trois jours aux Correspondances d'Eastman

Au départ, le festival littéraire des Correspondances d’Eastman, dans les Cantons-de-l’Est, célèbre l’écriture en incitant les visiteurs à envoyer une missive à quelqu’un (gratuitement), après avoir flâné dans le joli village d’Eastman, à la bibliothèque ou le long du lac d’Argent. Quelques lieux sont ainsi aménagés à travers le village pour donner un peu d’inspiration aux écrivains en herbe.

« Donner le goût d’écrire et de lire en passant par l’échange épistolaire est l’un des objectifs avoués du comité organisateur, qui souhaite aussi que cet accent mis sur l’écriture vivante puisse valoriser le livre et le travail des écrivains. » (Site Internet des Correspondances d’Eastman)

À ce sujet, David Goudreault, slammeur et l’un des deux porte-paroles de cette 11e édition, ajoute :

«Pour moi, c'est comme un retour à la terre, confie David Goudreault. Ça me fait souvent rire quand je dis que je suis un auteur qui aime le texte, mais qui ne texte pas! Écrire à la main est pour moi un plaisir, un contact charnel, j'aime les ratures, c'est-à-dire avoir la preuve du doute, de l'erreur, plutôt que de seulement effacer. On efface les courriels, mais on conserve les lettres toute sa vie. Tout le volet épistolaire des Correspondances d'Eastman, c'est un moment d'arrêt qu'on peut se permettre, des vacances pour les gens qui ont un intérêt pour la littérature sous toutes ses formes. Ce peut être un bon moment pour prendre congé de la ville et reconnecter avec l'écriture.» (Entretien avec Chantal Guy, La Presse, 9 août 2013).
À ce but premier viennent se greffer de nombreuses autres activités : rencontres avec des auteurs, cafés littéraires, spectacles musicaux, cabarets littéraires.
Cette édition 2013 fut faste en rencontres magiques et échanges avec le public. La proximité entre les festivaliers et les auteurs a permis beaucoup de profondeur et a rendu les discussions fertiles et capables de s’enrichir entre elles

David Goudreault nous parle de cet aspect :
«Vous partagez un bed & breakfast avec de grands auteurs, et pourquoi pas une chambre avec un grand auteur, lance-t-il à la blague. C'est un événement extrêmement sain, simple et inclusif, où l'on fait des rencontres, où l'on est carrément dans le public, avec qui on discute et prend un verre.» (Entretien avec Chantal Guy, La Presse du 9 août 2013)
Pour ma première participation à cet événement littéraire réputé, j’avais sélectionné quatre activités qui m’ont toutes enchantée.  

Thomas Hellman chante Roland Giguère

L’héritage de la parole

La beauté comme rempart aux horreurs de l’histoire

Entre images et mots : BD et roman graphique 

À ces activités s'est ajoutée la rencontre du photographe du Devoir Jacques Nadeau à l'occasion d'une petite discussion à la bibliothèque du village.



Livres et auteurs :
 
Thomas Hellman chante Roland Giguère (livre-disque), Éditions de l’Hexagone, 2012
Roland Giguère, L’âge de la parole, Éditions de l’Hexagone, 1965
Evelyne de la Chenelière, La concordance des temps, Leméac Éditeur, 2011
Carl Leblanc, Artéfact, Éditions XYZ, 2012
Louise Dupré, Plus haut que les flammes, Le Noroît, 2010
Michel Rabagliati, Paul à Québec, Éditions La Pastèque, 2009
Delaf et Dubuc, Les nombrils, tomes 1 à 6, Éditions Dupuis, 2006-2013
Jacques Nadeau, Carré rouge, Fidès, 2012

Musiques du moment : Sharon Van Etten, Syd Matters, Lila dit ça, la bande-originale du film Camion, tout ça en boucle !