25 avril 2006

Diane Dufresne au Monument-National ~ 21 avril 2006

Diane Dufresne est née à Montréal en 1944.
Depuis le début de sa carrière en 1965, la présence incendiaire de Diane Dufresne n’a cessé d’exercer une réelle fascination sur tous les publics. Parmi les événements marquants de sa vie d’interprète, évoquons la sortie de son premier album Tiens-toé ben, j’arrive en 1972, ses prestations à la Place des Arts (1975), au Forum de Montréal (1980–1982) et au Stade Olympique en 1984 où Magie rose avait attiré plus de 57 000 personnes. D’importants spectacles en France et au Japon lui permettent aussi de trouver de nombreux adeptes. Elle a été de tous les événements majeurs du Québec, chantant avec Les Girls de Clémence DesRochers, pour les Fêtes de la Saint-Jean, lors de plusieurs festivals et dans les premières versions de Starmania. Le parolier Luc Plamondon et le compositeur François Cousineau ont été d’importants complices dans la trentaine de titres que compte sa discographie. Elle détient aussi plus de 37 nominations et prix à l’ADISQ. Artiste entière, elle ose dans tous les styles de musique, présentant à deux reprises des concerts symphoniques dans lesquels même Mahler a sa place. Au cours des années 90, celle que l’on nomme la Diva ou avec respect La Dufresne entreprend une démarche d’auteur qui culmine en une série de concerts au Musée d’art contemporain. Plus récemment, elle entreprenait avec succès sa plus longue tournée en carrière avec son spectacle Liberté conditionnelle. Honorée par la France, le Canada et le Québec pour sa «grande contribution» à l’essor de la musique francophone à l’échelle mondiale, Diane Dufresne a fait entendre le rock québécois de Québec à Tokyo, en passant par Paris. À l’instar d’Édith Piaf et Juliette Gréco, elle chante ce qu’elle ressent et communique l’essence même de la vie.
(Source : Atma Classique)

Le 21 avril dernier, Diane Dufresne se produisait en supplémentaire au Monument-National dans son spectacle Plurielle, qui porte bien son nom puisqu’il est constitué de quatre tableaux très distincts reprenant des thématiques chères à Diane Dufresne, avec un parfum d’au revoir flottant dans l’air… Le premier acte très glamour rappelle Hollywood, pour les vieux, comme moi, qui se souviennent du premier des deux spectacles présentés au Forum en 1982: la chanteuse apparaît vêtue d’une robe de star (décolleté froufroutant et jambes dévoilées), les initiales DD scintillant sur la ceinture. De petites lumières bleues balisent la scène, et l’on se dit que la Dufresne se la joue diva une fois de plus. Mais le public se fait prendre à contre-pied quand elle tire un tissu blanc de sa robe, et qu’y sont projetées des images des méga-spectacles passés tandis qu’elle livre quelques mesures des Adieux d’un sex-symbol de Starmania, et qu’elle entonne Partir pour la gloire, chanson de 1982 de Luc Plamondon qui noue la gorge 24 ans plus tard. Diane Dufresne est-elle vraiment prête à «raccrocher ses patins» et se retirer auprès de son ange gardien? Pas tout de suite! a-t-on envie de lui répondre.

Heureusement, le spectacle se poursuit avec un tableau Kurt Weill, qui résume très joliment, et en formation cabaret berlinois, le spectacle symphonique orchestré par Yannick Nézet-Séguin deux ans plus tôt. La chanteuse se fait gouailleuse et coquine, évoluant dans l’univers portuaire et paumé de Bertolt Brecht avec aisance et sensibilité. Puis l’humaniste s’inquiète du sort de la planète dans une série de chansons «écologiques», se glissant derrière une robe-écran qui lui donne l’allure d’être enceinte de la Terre, une Terre qui n’en peut plus… Des projections apocalyptiques émaillent le tout, de même pour les chansons sur la guerre en Irak et sur le sida. Et, pour terminer la soirée, on reprend des éléments de la folie, récurrents dans les spectacles de Diane Dufresne, auxquels on a ajouté quelques interprétations, dont une version étonnante de la magnifique chanson Dis tout sans rien dire de Daniel Bélanger et un extrait de l’opéra romantique Nelligan, de Michel Tremblay et André Gagnon. La folie dans la création, l’art qui apaise les âmes tourmentées, qui offre un asile aux hypersensibles. Un tableau d’une grande poésie.

Pour un fan qui suit Diane Dufresne assidûment depuis plusieurs années (c’est mon cas), ce spectacle aura des airs de patchwork et parfois de réchauffé. La chaise dans le quatrième tableau, les extraits des spectacles passés dans le premier acte, on avait déjà vu ça dans les spectacles précédents. Mais ne faisons pas trop la fine bouche… Plurielle offre de très beaux moments, et un bel échantillonnage du fabuleux talent de la chanteuse. Diane Dufresne incarne les personnages de Kurt Weill magnifiquement, on les dirait taillés sur mesure pour elle. Son interprétation de Surabaya Johnny était particulièrement émouvante. Et aucun artiste n’ose aller si loin dans la folie, elle se promène au bord du précipice dans la quatrième partie avec une impudeur qui force l’admiration. Le tableau «engagé» est sans doute le plus personnel du spectacle, les préoccupations écologiques et pacifiques de la chanteuse étant aussi l’inspiration principale de la parolière, qui nous propose ici des inédits: Mille et une nuits, sur les bombardements de Bagdad, Mauvais quart d’heure, autrefois créée sur la musique de Kashmir de Led Zeppelin, ici chantée sur une musique originale de Sylvain Michel, et L’été n’aura qu’un jour, une chanson sur la disparition de certaines espèces animales. Dans ce bloc, la sincérité ne fait aucun doute, mais le ton est parfois trop appuyé, soit dans le propos, soit dans l’illustration visuelle.

Je finirai sur une demande spéciale, que je me permettrai puisque je suis une fan finie : la première partie serait parfaite si on avait droit aux Adieux d’un sex-symbol dans son intégralité ! Quelle frustration que de se faire couper l’émotion ainsi…

C. H.

17 avril 2006

Une belle mort ~ Gil Courtemanche

Éditions Boréal, 2005, 208 pages.
L'auteur (enfin une biographie complète ! Je l'ai trouvée sur le site des Éditions Boréal)

Gil Courtemanche est journaliste depuis 1962.

Jusqu’en 1977, il a collaboré à différentes émissions radio et télé de Radio-Canada telles que Le 60, Métro Magazine et Présent national.
De 1978 à 1980, pour Radio-Canada toujours, il a conçu et animé l’émission L’Événement et a aussi été animateur et scripteur de l’émission Enjeux, tout en étant éditorialiste à la station CBOT à Ottawa (réseau anglais). En 1978, il a animé et scénarisé le premier magazine d’affaires publiques de Télé-Québec, Contact.
De 1980 à 1986, Gil Courtemanche a été animateur, analyste et correspondant pour les émissions Télémag, Première Page, Le Point, à Radio-Canada.

Il a aussi été journaliste pour La Presse et a participé à la conception et à la fondation du quotidien Le Jour.
Depuis 1986 et encore à ce jour, il collabore à diverses publications, notamment Alternatives et Le Libraire, en plus de tenir une chronique dans le quotidien Le Devoir.

Il a par ailleurs tenu une chronique hebdomadaire sur la politique internationale dans les quotidiens Le Soleil et Le Droit, durant 8 ans. Plusieurs de ses textes sont regroupés dans Chroniques internationales, paru en 1991 au Boréal.

Il a coréalisé la série de témoignages Soleil dans la nuit, trente clips produits pour TV5 Europe-Afrique-Canada, à l’occasion du premier anniversaire du génocide au Rwanda. Il a réalisé et scénarisé L’Église du sida (The Gospel of AIDS), documentaire sur le sida au Rwanda (prix du meilleur documentaire du Festival Vues d’Afrique 1993) qui lui fournira la matière de son roman, Un dimanche à la piscine à Kigali, acclamé aussitôt par le public puis par la critique, et aujourd’hui traduit dans 10 langues et 13 pays. Gil Courtemanche a également produit et réalisé divers documentaires et messages publicitaires sur le tiers monde pour les organismes «Le Cardinal Léger et ses œuvres» et OXFAM-Québec (la lèpre en Haïti, la problématique de l’eau, le développement agricole aux Philippines, le programme de formation d’enfants handicapés en Thaïlande, etc.)
Coréalisateur et scénariste pour Radio-Canada et TF1 du docu-variétés Roch Voisine l’Idole (prix Félix et Gémeaux de la meilleure émission de variétés 1991), il a aussi réalisé et scénarisé Kashtin: Le Tambour éternel (Kashtin: The Eternal Drum).

Commentateur pour diverses émissions d’affaires publiques, animateur durant un an de la série The Editors sur PBS, collaborateur régulier au magazine L’actualité (il y a signé divers grands reportages, dont un numéro spécial sur l’Algérie, en 1998), Gil Courtemanche a remporté en 1998 le National Magazine Award for Political Reporting.



Une belle mort (résumé de la quatrième de couverture)
«Noël. Le repas du réveillon. Toute la famille est réunie autour du père et de la mère. Hier encore figure imposante qui terrorisait ses enfants, le père, victime du parkinson rigide, est aujourd’hui prisonnier de son corps. Les paroles qui résonnent dans sa tête n’arrivent plus à franchir ses lèvres. Les mouvements qu’il veut faire le trahissent. André, l’aîné de la famille, approche la soixantaine. Il n’a jamais aimé son père, celui-ci ayant trop abusé de son pouvoir, trop menti, trop manipulé ses proches pour sauvegarder son image de toute puissance. Pourtant, il ne peut s’empêcher d’être profondément touché en étant le témoin de la déchéance de cet homme. Que faire quand on est en présence de quelqu’un à qui désormais tous les plaisirs sont interdits ? Faut-il prolonger sa vie, ou plutôt l’aider à l’abréger ? Autour de la table, les avis sont partagés. Gil Courtemanche nous fait vivre encore une fois une expérience humaine bouleversante. En mettant merveilleusement en scène ce drame qui interpelle chacun de nous, il pose de façon nouvelle mais tout aussi magistrale la question qui était au coeur de son premier roman : Pourquoi vivre ? Pourquoi mourir ?»
Gil Courtemanche, ou du moins son personnage, règle dans ce roman ses comptes avec son père.
Ce dernier, âgé et malade, reste le "chef" autoritaire d'une famille de dix enfants et de beaucoup de petits enfants. Le narrateur, aîné de ces dix enfants, n'a jamais aimé son père, lui reprochant cette autorité, cette violence sournoise contre ses enfants et aussi contre sa femme.
«Ce père, selon l'auteur, incarne toute une génération de pères autoritaires, servis par des épouses qui s'abîmaient dans le devoir. Des couples que la vague de Mai 68 et ses variantes ont fait disparaître pour laisser place à des paternités plus souples et moins assoiffées de pouvoir. » (Caroline Montpetit, Le Devoir, 17 septembre 2005)
Il se remémore par exemple ce doré, que son père lui a volé lors d'un concours de pêche, ces humiliations mal vécues, qui ressortent à travers la lente agonie du père.
Le père, à cause de sa maladie, devient l'enfant de ses propres enfants, ne pouvant ni se déplacer, ni manger, ni parler sans aide extérieure, qu'il refuse par ailleurs.
Un dilemme : doit-on laisser son père souffrir, ravagé par la maladie, jusqu'à une mort certaine et difficile ; ou bien l'aider à "bien mourir", en lui offrant le meilleur, tout ce qu'il aime : de la nourriture grasse et riche, du bon vin, des émotions, jusqu'à une mort certaine elle aussi mais presque agréable ?
Ce sont les questions que l'auteur nous pose tout au long de ce livre, assez dur à encaisser tant son propos est cru. Les relations familiales occupent aussi une place de choix dans ce livre, et l'auteur n'est pas tendre. En fait, il dit ce que beaucoup de personnes ne veulent pas entendre. En effet, dans cette famille très nombreuse, il n'hésite pas à dire qu'il n'aime pas son père et que tel frère ou telle soeur est un/une imbécile. D'ailleurs, il n'y a pas de tendresse ni de liens réels entre ces frères et soeurs. Seul le neveu, William, «dit Sam», un adolescent très en avance sur son âge, réussit à ouvrir le coeur du narrateur et à le toucher. Il symbolise une vision différente, celle de la jeune génération et du renouveau, de la vie finalement.
Ses frères et soeurs sont affublés par le narrateur du qualificatif découlant du métier de chacun : ainsi nous avons l'homéopathe, le géographe, la tragédienne, la banquière, etc.
Tous ne sont pas d'accord avec la vision du narrateur, ainsi cela permet de partager le clan en deux groupes : d'un côté les bouddhistes, partisans d'une belle mort et préoccupés par la qualité immédiate de la vie, et de l'autre côté les médicaux, qui souhaitent suivre les recommandations des médecins et «voudraient faire éviter tout excès de table à ce père de 86 ans dont la nourriture reste l'unique plaisir» (Éric Paquin, Journal Voir, 22 septembre 2005).
À partir de ce constat, les deux clans vont s'affronter tout en essayant de se comprendre. La mère, au milieu de tout ça, essaye de sauver les meubles, avant de flancher à son tour.
Se déroulant en grande partie autour d'une tablée de Noël, Une belle mort est propice à de belles réflexions entre les différents personnages, sur la vie, sur la mort, sur la filiation. Isabelle, la jeune future épouse du narrateur, pense que cette famille est «la seule famille totalement dysfonctionnelle qui réussisse à fonctionner, et surtout à durer, même si c'est dans une harmonie chaotique» (p. 188)
Ce n'est pas peu dire...
J'ai beaucoup aimé ce livre. Le style est très journalistique et très précis, une précision de scalpel, cela va droit au but. Le personnage principal (comme dans Un dimanche à la piscine à Kigali) peut être haïssable par moments, mais est-ce parce qu'il est animé de sentiments négatifs envers son père, ce qui est plutôt contraire au politically correct ? Sûrement. Finalement il est haïssable et touchant à la fois, on le découvre au fur et à mesure, il chemine, il est humain tout simplement. Bien sûr, ce livre est dur à lire parfois, parce qu'il nous ramène à notre propre mort, et surtout à la façon dont nous allons mourir. Il y a beaucoup d'émotions qui nous viennent à la lecture de ce livre...

Une belle mort sera adapté au cinéma

«Lyse Lafontaine et Michael Mosca d’Équinoxe Productions ont fait l’acquisition des droits en vue de l’adaptation cinématographique du dernier roman de Gil Courtemanche, Une belle mort, qui vient de paraître aux Éditions Boréal.
Le long métrage sera coscénarisé par l’auteur et Léa Pool qui en assumera aussi la réalisation.

Avec cette histoire, Gil Courtemanche nous entraîne dans une nouvelle expérience au cœur de l’humain, et il le fait dans un style où il mêle avec brio une écriture intensément triste, un peu cynique, et complètement jubilatoire.
Pour Lyse Lafontaine et Michael Mosca, il s’agit d’une deuxième expérience de travail avec Gil Courtemanche dont le précédent roman a aussi été adapté au cinéma. Réalisé par Robert Favreau et mettant en vedette Luc Picard et Fatou N’Diaye, Un dimanche à Kigali prendra l’affiche au printemps 2006.»
(source : www.lecinema.ca)
En écrivant ceci, j'écoute cela : Marie-Jo Thério ~ Les matins habitables (2005) (encore !)

13 avril 2006

Nikolski ~ Nicolas Dickner

Éditions Alto (division des Éditions Nota Bene), 2005, 322 pages.
L'auteur
Nicolas Dickner est un jeune auteur né à Rivière-du-Loup en 1972. Il a beaucoup voyagé en Amérique Latine, en Europe, et s'est finalement posé à Québec. Nikolski est son premier roman, mais il a reçu les prix Adrienne-Choquette et Jovette-Bernier pour son recueil de nouvelles L'encyclopédie du petit cercle (L'instant même, 2000).
Vous pouvez en apprendre davantage sur cet auteur en lisant son carnet en ligne (blog) dont l'adresse figure à la fin de ce texte...

Nikolski
Trois destins qui se croisent, se frôlent, se rencontrent. Joyce, Noah, et un narrateur non-identifié ont tous les trois un lien de sang qu'ils ignorent.
En 1989, ils sont tous les trois dans la jeune vingtaine et débarquent à montréal l'un suite au décès de sa mère, l'autre pour débuter ses études universitaires après une vie d'errance avec sa mère, et la dernière, pour trouver un peu d'action ?
Nous allons les suivre pendant 10 ans. Ils sont tous les trois à la recherche du bonheur et tentent d'y parvenir chacun par ses propres moyens. Ils sont aussi à la poursuite de leurs identités, de leurs racines.
Ainsi Noah qui envoie des lettres à toutes les postes restantes du Canada, espérant rejoindre sa mère qui telle une nomade, vit dans sa caravane et se déplace tout le temps. Toutes les lettres lui reviennent. Où est sa mère ? Est-elle encore vivante ?
Joyce de son côté, tente de suivre les traces de ses ancêtres pirates en se convertissant au piratage informatique : trafic de cartes de crédit et d'identité, principalement.
Le narrateur non identifié, quant à lui, garde autour de son cou un vieux compas qu'il a surnommé "Nikolski" car l'aiguille de la boussole, quand on la dirige vers le nord, pointe invariablement vers les îles Aléoutiennes, et en particulier, le village de Nikolski. Ce compas lui a été envoyé par son père, qu'il ne connaît pas.

Il y a pleins de chouettes trouvailles dans ce roman qui se lit d'un trait.
S'opposant aux romans "Plateau Mont-Royal", Nikolski se déroule en partie dans le quartier du marché Jean-Talon. Y habitant, je ne regarde plus la poissonnerie Shamrock du même oeil... Et je pense même avoir deviné dans quel immeuble Joyce habite sur la rue Mozart...

Mais l'auteur a aussi voyagé et cela se sent. Il nous raconte de belles histoires sur les Iles Aléoutiennes, nous fait réviser toute la géographie du Canada en quelques pages (zut j'ai déjà passé mon examen de citoyenneté...!), nous emmène ensuite au Venezuela, sur une petite île du nom de Margarita.
Il ne manque pas d'imagination également et nous présente tour à tour des personnages cocasses, attachants, intriguants.
Un marin qui a le mal de terre, une freak qui se promène en roulotte à longueur d'année, un prof d'archéologie qui enseigne l'archéologie des ordures, des pirates, et j'en passe.
Prix littéraires
Nikolski a déjà reçu de nombreux prix littéraires :
  • Prix Anne-Hébert 2006 (Le prix Anne-Hébert récompense un premier roman de langue française écrit par des citoyens canadiens ou des résidents permanents du Canada. Il a été attribué par un jury franco-canadien composé cette année de Jean-Marc Dalpé, Monique Proulx, Gaétan Soucy et René de Ceccatty).
  • Finaliste pour le prix du gouverneur-général
Il est aussi en lice pour d'autres prix :
  • Prix littéraire des collégiens
  • Grand prix littéraire Archambault
  • Prix des libraires : la remise de ce prix s'effectuera au Lion d'Or le lundi 8 mai à 19h (J'en reparlerai puisque j'y serai...)
Rumeurs
Nikolski va être publié en France. «Les Éditions Alto peuvent confirmer avec fierté que la rumeur est bel et bien fondée. Nikolski a reçu un accueil très favorable de la part d'Olivier Rubinstein, directeur des Éditions Denoël. L'entente devrait être conclue dans les prochains jours, mais aucune date de sortie en France n'est encore officielle. Nicolas Dickner rejoindra ainsi le prestigieux catalogue de la maison parisienne qui a déjà accueilli par le passé Gil Courtemanche et Chrystine Brouillet.» (source : www.nikolski.net)
Nikolski va peut-être être traduit en anglais pour une diffusion dans tout le Canada. Une affaire à suivre en 2007.
Liens intéressants
En écrivant ce texte, j'écoute : Karkwa ~ Les tremblements s'immobilisent (encore !)

09 avril 2006

Ben Harper au Savoy, lounge du Métropolis, pour un concert intime et privé...


J'ai eu la chance, il y a quelques jours, de gagner deux places pour assister à un concert intime et privé de Ben Harper qui nous revient ces jours-ci avec un nouvel album (Certaines critiques de celui-ci sont plutôt pourries). De quoi il s'agissait exactement, en quel honneur donnait-il un concert offert aux seuls invités, je ne le savais pas, mais le seul fait de me dire que j'allais voir un artiste que j'aime depuis si longtemps, qui en est à son dixième album (autant que Madonna !!!), qui est reconnu internationalement et qui ne vend pas ses billets de spectacle 350 $ me remplissait de joie.
Situé à l’intérieur de la salle Métropolis, le Savoy est un petit lounge à l’ambiance feutrée, chaleureux, équipé d’un système de son et d’éclairage. La salle peut, entre autres, servir de salle de spectacles, de salon VIP, de salle de réunion, de salle de lancement ou de salle d’audition.
On y entre par la rue Saint-Dominique, en grimpant tout en haut d'un escalier qui nous amène presque sur les toits de la bâtisse. On entrevoit d'ailleurs en passant des bouteilles de bières abandonnées... Comme cela doit être agréable de passer une nuit d'été là-haut !
Il n'y a rien d'indiqué, ni le nom de la salle (le Savoy) ni ce que nous allons voir... Pour un concert privé, c'est un concert privé !
La salle se remplit tout de même entièrement en quelques minutes, on entrevoit une star de la chanson rock québécoise (Qui ? Qui ? Essayez de trouver !), des gens (dont nous faisons partie :) s'assoient par terre, d'autres restent debout en arrière.
Sur la scène, deux chaises et trois guitares, ou plutôt deux guitares et le célèbre instrument qui a fait la renommée de Ben Harper, le Weissenborn. Nous aurons droit à une seule jolie démonstration de Ben Harper avec cet instrument.
Le reste du concert, un enchaînement de chansons de ses anciens albums et de quelques nouveautés que certains fans semblaient connaître, a été comme prévu : intime et accoustique. En fermant les yeux, j'avais l'impression que Ben Harper était dans mon salon et me jouait quelques ballades pour m'endormir.
Ben Harper n'a jamais été considéré comme une bête de scène. Il nous l'a encore prouvé hier soir : peu de communication avec le public, peu de regards, peu de paroles. Timidité ? Fatigue ?
Mais c'était quand même quelque chose de le voir de si près, il est très beau (ça aussi ce n'était pas un mythe !), indéniablement très doué.
De beaux souvenirs à garder précieusement dans mon tiroir à concerts...
Ce soir, j'écoute ceci : Ben Harper ~ The will to live (EMI Virgin ~ 1997)

04 avril 2006

Bienvenue au club, de Jonathan Coe


L'auteur
Jonathan Coe, né à Birmingham en 1961, est devenu en cinq romans l'un des talents les plus prometteurs d'Angleterre, et l'égal d'un Martin Amis dont il partage le même goût pour la satyre sociale, et l'acidité des portraits. Son premier roman, Les nains de la mort, mêle culture musicale (particulièrement avec le groupe The Smith) et thriller. Aussi apprécié en France, où il recoit le prix Médicis pour La maison du sommeil, que dans son pays, il joue d'une écriture qui se distancie souvent par l'humour noir de ce qui pourrait être le sentiment tragique de la vie.
Bibliographie (tous publiés chez Gallimard) :
Testament à l'anglaise (1997)
La Maison du sommeil (2000)
Les nains de la mort (2002)
Bienvenue au club (2003)
Le Cercle fermé (2006)
Bienvenue au club
Premier tome de deux livres (la suite, Le Cercle fermé, n'est pas encore tombée dans mes mains, mais j'ai hâte de la lire), Bienvenue au club nous présente Benjamin, Harding, Doug, et tous leurs petits copains et copines, ainsi que leurs parents, à Birmingham, dans les années 70.
À travers les grèves, menées par les puissants syndicats de l'époque en Angleterre, les attentats de l'IRA, qui touchent nos personnages de près, la musique, qui occupe toujours une place prépondérante dans les romans de Jonathan Coe (et ce n'est pas pour me déplaire...), et l'écriture, nos "héros" poursuivent leur chemin, leur découverte de la vie, ils vivent leurs premières histoires d'amour, leurs premières déceptions, dans une atmosphère de changements politiques et sociaux (juste avant l'arrivée au pouvoir des conservateurs de Margaret Thatcher). Cela pourrait être un roman banal mais il n'en est rien.
Jonathan Coe, dans chacun de ses récits, possède ce style particulier, cette faculté de nous toucher, et de rendre ses personnages tellement attachants que l'on ne veut plus les quitter.
Il a aussi cette facilité à nous raconter des histoires (probablement inspirées de sa propre vie) universelles : le passage de l'adolescence à l'âge adulte prend ici une importance considérable, et nous sommes amenés à repenser à notre propre adolescence, en nous identifiant à l'un ou à l'autre des personnages. Il y a beaucoup de tendresse dans ce livre. On sent que l'auteur a probablement vécu son adolescence avec beaucoup de passion et d'enthousiasme, mais aussi avec parfois un peu d'amertume.
Jonathan Coe utilise différents styles, qui amènent fraicheur, rythme et humour au texte : des articles de journaux hilarants (Qu'est-ce que j'aurais aimé écrire de si beaux textes pour le journal de mon lycée !), des lettres, des entrevues, et ce fameux dernier chapitre, écrit sans aucune ponctuation, qui vaut vraiment le détour.
Que rajouter de plus sinon que Jonathan Coe est un auteur à découvrir si ce n'est déjà fait. Bienvenue au club est un excellent roman, qui se lit d'une traite, et dont on ressort un peu tourneboulé. À déguster sans modération.
En écrivant ceci, j'écoute cela : Karkwa ~ Les tremblements s'immobilisent (Audiogram - 2005)