08 janvier 2015

Peine perdue

Peine perdue, Olivier Adam, Flammarion, 2014, 414 pages

Dans ses livres, depuis plusieurs années, Olivier Adam, auteur prolifique né en 1974, dépeint des personnages souvent laissés pour compte, et des réalités sociales peu présentes dans la littérature. 
Avec Peine perdue, il crée un livre choral dans lequel se succèdent 22 personnages (!) apportant tous une pierre au mystère entourant l'agression sauvage d'Antoine, un jeune homme un peu délinquant, gloire locale de l'équipe de football de cette petite station balnéaire sans nom, mais située près de Nice.
En parallèle, une tempête d'une rare intensité déferle sur la côte et vient fracasser plusieurs destins.
Peu d'optimisme dans ce livre, peu d'espoir. Les liens entre les gens se délitent lentement, l'amour est incertain, la famille déchirée, la jeunesse dépressive, les puissants toujours plus pervers et les pauvres toujours plus soumis. L'engrenage de la violence et des choix politiques douteux est irréversible.
22 destins incertains, chaotiques, à l'image d'une France de la crise, de l'échec et du désespoir. Peine perdue, l'expression parfaite pour illustrer les deux derniers jours...
Ce sentiment d'impossibilité, de désemparement collectif devrait être contré par le rassemblement, l'action et la solidarité, mais celle-ci manque aux personnages d'Olivier Adam dans Peine perdue. Au bout de 22 chapitres essoufflants, cette déprime collective devient épuisante. En voulant pousser l'exercice aussi loin, Olivier Adam beurre épais et nous perd parfois. Ceci dit, l'écriture puissante, cinglante et ciselée de l'auteur qui nous avait plus habitués aux côtes normandes et bretonnes, se moule parfaitement à l'ambiance de la Côte d'Azur. 
Mon avis un peu tiède ne doit pas décourager la lecture de Peine perdue qui, s'il n'est pas le roman le plus fort d'Olivier Adam, n'en demeure pas moins un portrait impitoyable de personnages qui n'ont pas souvent la parole et que l'auteur a le mérite d'essayer de comprendre.


Humeur musicale : Salomé Leclerc, 27 fois l'aurore (Audiogram, 2014). Surtout pour Devant les canons...