06 juin 2025

J'y vais mais j'ai peur

Dans cette bd documentaire, on suit la navigatrice Clarisse Crémer, qui, à l'âge de 28 ans, a réussi à terminer le Vendée Globe 2020, une course de voile en solitaire très exigeante. On assiste au parcours technique et humain qui a mené à cette participation et on découvre le quotidien sur un bateau de cette envergure, un IMOCA de plus de 18 mètres de long (monocoque).
J'y vais, mais j'ai peur : la navigatrice se le dit souvent. Dans plusieurs situations, elle doit faire preuve de sang-froid pour se sortir de certaines situations et accepter que la peur est souvent bien présente. 
Le dessin fait la part belle aux détails techniques nautiques très précis, que la dessinatrice, Maud Bénézit, de son propre aveu en postface, a acquis durant ses discussions avec Clarisse Crémer. Les pages plus poétiques, montrant le côté romantique de la navigation sont plus rares, mais magnifiques. Elles occupent souvent  des pleines pages, qui ouvrent sur des paysages sans fin, observés en mer.
Avant de parcourir le monde durant ce Vendée Globe, Clarisse Crémer s'était pratiquée dans d'autres courses et régates : on voit toute l'évolution de son parcours dans cette bande dessinée.

Le dessin, parfois naïf et plein d'humour, très coloré, contient aussi beaucoup d'informations sur toutes sortes de sujets : la voile en tant que telle, la force du mental, la place des femmes dans ce sport, mais aussi l'écologie, et notamment cette question cruciale : comment pratiquer une activité telle que la voile en respectant ses valeurs profondes de respect de l'environnement ? En effet, on pense à tort que la voile est une activité "verte", mais il n'en est rien ! Que penser par ailleurs de l'aspect ultra commercial de ce sport, qui fait de ces magnifiques voiliers des étendards pour des banques ou des cosmétiques ? La navigatrice raconte : les millions dépensés, l'énergie utilisée pour la fabrication du bateau, l'obligation de rentabilité, les collisions avec des cétacés (5 durant le Vendée Globe 2020, mais c'est un sujet tabou), les déchets rencontrés en mer (qui eux, sont dus à d'autres) incluant des conteneurs tombés de leur navire, etc.
Sa conclusion : pratiquer ce sport permet d'être témoin de cette triste réalité et d'en parler ensuite pour sensibiliser la population. C'est aussi le rôle de cette bande dessinée. Reste à attendre des actions concrètes.

J'y vais mais j'ai peur, Clarisse Crémer et Maud Bénézit, Éditions Delcourt/Encrages, 219 pages.





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