Il est de ces livres qui vous happent pour quelques heures, que vous achevez au milieu de la nuit, exténué par tant de douleur et de tristesse mais aussi libéré. Il en fût ainsi avec Falaises, d'Olivier Adam. Et maintenant avec Son frère, de Philippe Besson.
Philippe Besson que j'ai découvert en 2009 avec La trahison de Thomas Spencer. Philippe Besson, auteur français prolifique (il vient de sortir son quinzième roman, intitulé Une bonne raison de se tuer, en moins de dix ans), qui a été adapté au cinéma à plusieurs reprises (Son frère, en 2003, adapté par Patrice Chéreau. En l'absence des hommes, Un garçon d'Italie, Les jours fragiles ont également été adaptés au cinéma).
Philippe Besson que j'ai découvert en 2009 avec La trahison de Thomas Spencer. Philippe Besson, auteur français prolifique (il vient de sortir son quinzième roman, intitulé Une bonne raison de se tuer, en moins de dix ans), qui a été adapté au cinéma à plusieurs reprises (Son frère, en 2003, adapté par Patrice Chéreau. En l'absence des hommes, Un garçon d'Italie, Les jours fragiles ont également été adaptés au cinéma).
Son frère est son deuxième roman, publié la même année (2001) que son premier, En l'absence des hommes.
Thomas et Lucas sont frères. L'un est gravement malade, l'autre l'accompagnera jusqu'à la fin. Le point de départ est simple et permettra à l'auteur de discourir sur les relations fraternelles, sur l'enfance et les souvenirs qui y sont rattachés (les descriptions des vacances à l'Île de Ré sont très mélancoliques et réussies), sur le système de santé et la médecine en général (et l'acharnement thérapeutique en particulier). Toujours avec beaucoup d'empathie et un amour pur et inconditionnel.
Alors si l'on peut penser être masochiste en s'infligeant une lecture qui raconte les derniers mois de la vie d'un jeune homme de 26 ans, on en ressort grandi par tant de bonté. Le récit est si poignant qu'il nous apparaît impossible que ce texte ne soit pas autobiographique, catharsis de la douleur de l'auteur.
Un extrait :
« On n'est pas préparé à la perte, à la disparition d'un proche. Il n'y a pas d'apprentissage de cela. On ne sait pas acquérir l'habitude de la mort. La mort de l'autre nous prend forcément par surprise, elle est un événement qui nous désarme, qui nous laisse désemparé, y compris lorsqu'elle est prévisible, le plus prévisible des événements. Elle est une occurrence absolument certaine et cependant pratiquement inconcevable, et qui nous précipite dans une étrange hébétude.
On sait la nommer, parler d'elle et lorsqu'elle est là, lorsqu'elle survient, lorsqu'elle fauche un proche, lorsqu'elle s'empare d'un ami, d'un frère, on est dans la détresse intégrale, dans l'ignorance de ce qu'il faut faire, dire, on est sonné comme un boxeur qui a vu le coup arriver et qui est pourtant surpris par sa violence, qui vacille sur ses jambes avant de s'écrouler sans pouvoir s'y opposer. La chute, on ne peut pas l'empêcher.
La douleur, elle frappe là où on ne s'y attend pas, quand on ne s'y attend pas. Elle est pure comme peuvent l'être certains diamants, elle est sans tache, éclatante. On est seul avec cette pureté-là, cette blancheur insoutenable de la douleur. On détourne le visage, on ferme les yeux, les larmes viennent dans le silence, même quand, autour de soi, règne le plus grand désordre. » (p.150)
[Lætitia Le Clech]
[Lætitia Le Clech]
Humeur musicale : Adrian Vedady, In Three Acts (en concert à l'Astral le 4 juillet prochain avec Marc Copland, pianiste)
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