Fauve d'or au festival d'Angoulême, 2012
Après Schenzhen, Pyongyang (tous les deux publiés par L'Association respectivement en 2001 et 2003) et Chroniques Birmanes (Delcourt, 2007), l'auteur originaire de Québec Guy Delisle continue son exploration des comportements culturels, religieux et sociaux de ses semblables, où qu'ils se trouvent sur la planète.
Avec Chroniques de Jérusalem, on pouvait s'attendre à une complexe étude autour du religieux et de la politique en Terre Sainte.
Guy Delisle adopte encore une fois l’œil du visiteur curieux et naïf, ouvert à toutes les diversités. Il n'hésite pas, par exemple, afin de confronter l'Histoire, à effectuer la visite d'Hébron (en Cisjordanie) à la fois avec un groupe de jeunes Palestiniens francophiles, plus tard avec un groupe d'Israéliens anciens soldats, l'organisation Breaking the Silence, qui a décidé de rendre compte de la situation dans les territoires occupés, puis avec un groupe de colons juifs. C'est ce qu'on appelle multiplier les points de vue. Celui des colons juifs est... comment dire, assez biaisé et arrogant. Il est intéressant et étonnant d'observer comment l'Histoire peut changer, selon qui la raconte, et comment chacun se pense dans son bon droit.
Il en va de même avec le mur de séparation, que l'auteur découvre pour la première fois page 37, et qui ne cessera de le hanter et de hanter les pages des Chroniques. L'auteur, à la fois fasciné et dégoûté par ce mur, le dessine sous toutes ses coutures. On le retrouve pp.37-47, p.99, p.153, 164, 168, et de plus en plus en arrivant vers la fin du livre. Cela devient une obsession pour le dessinateur, mais aussi pour le lecteur, qui se retrouve face à une des aberrations de ce pays.
Il en va de même avec le mur de séparation, que l'auteur découvre pour la première fois page 37, et qui ne cessera de le hanter et de hanter les pages des Chroniques. L'auteur, à la fois fasciné et dégoûté par ce mur, le dessine sous toutes ses coutures. On le retrouve pp.37-47, p.99, p.153, 164, 168, et de plus en plus en arrivant vers la fin du livre. Cela devient une obsession pour le dessinateur, mais aussi pour le lecteur, qui se retrouve face à une des aberrations de ce pays.
Après avoir visionné le documentaire Le mur de fer, réalisé en 2006, on comprend mieux l'inexorable colonisation des territoires palestiniens par les Israéliens. On ne comprend pas nécessairement pourquoi, car une telle brutalité peut-elle vraiment se justifier (?), mais on saisit les faits et on décrypte le déséquilibre entre deux peuples qui ne veulent pas vivre ensemble. Ce documentaire est un excellent complément à la bande dessinée de Guy Delisle, si le sujet vous intéresse.
Cette BD, magnifiquement dessinée, dans la même veine que les précédents opus des chroniques de voyage de Guy Delisle (avec de la couleur en plus), peut fasciner et consterner tout à la fois. L'omniprésence de la religion dans cette ville, la beauté des sites (parfois inaccessibles), la vie quotidienne rythmée par la religion et la vision folklorique que l'on peut avoir de ces événements s'opposent à l'absurdité d'assister à tant d'incompréhension entre les gens, tant de contrastes entre la tradition et la modernité, entre ce qu'on prône et ce qu'on fait (la paix / la guerre).
Guy Delisle rend parfaitement cette complexité, qui, si elle ne nous donne pas toujours envie d'aller visiter ce pays, nous pousse à lire et apprendre sur l'Histoire et le devenir d’Israël et de la Palestine. En tout cas, avec ce mur honteux qui s'étend encore et encore, on peut dire que l'avenir de cette région est plutôt inquiétant.
On ne peut pas passer son temps à contourner des murs et éviter des gens.
Sur le site Actua BD, on peut lire l'avis d'un Israélien, Michel Kichka (un caricaturiste qui sera publié bientôt chez Delcourt également, donc peut-être pas totalement objectif ;-), sur le livre de Guy Delisle :
Cette BD, magnifiquement dessinée, dans la même veine que les précédents opus des chroniques de voyage de Guy Delisle (avec de la couleur en plus), peut fasciner et consterner tout à la fois. L'omniprésence de la religion dans cette ville, la beauté des sites (parfois inaccessibles), la vie quotidienne rythmée par la religion et la vision folklorique que l'on peut avoir de ces événements s'opposent à l'absurdité d'assister à tant d'incompréhension entre les gens, tant de contrastes entre la tradition et la modernité, entre ce qu'on prône et ce qu'on fait (la paix / la guerre).
Guy Delisle rend parfaitement cette complexité, qui, si elle ne nous donne pas toujours envie d'aller visiter ce pays, nous pousse à lire et apprendre sur l'Histoire et le devenir d’Israël et de la Palestine. En tout cas, avec ce mur honteux qui s'étend encore et encore, on peut dire que l'avenir de cette région est plutôt inquiétant.
On ne peut pas passer son temps à contourner des murs et éviter des gens.
Sur le site Actua BD, on peut lire l'avis d'un Israélien, Michel Kichka (un caricaturiste qui sera publié bientôt chez Delcourt également, donc peut-être pas totalement objectif ;-), sur le livre de Guy Delisle :
« De plus en plus de BD tentent d'aborder le conflit israélo-palestinien. Toutes partent d'un a priori politique affirmé ou non. Le livre de Guy est d'une authenticité frappante et d'une honnêteté remarquable. C'est un journal raconté sous forme de thriller soft qui ressemble à s'y tromper à une tragi-comédie. C'est le rapport journalistique du théâtre de l'absurde qu'est parfois la réalité des Israéliens et des Palestiniens. Je félicite Guy pour ce "petit" chef-d’œuvre hautement récompensé à juste titre par le jury d'Angoulême. J'espère que le public suivra et qu'une version en hébreu pourra voir le jour prochainement. »
Le blogue des Chroniques de Jérusalem, avec quelques précisions tout à fait passionnantes
Le site de Guy Delisle
L'article du Journal Voir
Chroniques de Jérusalem fait l'objet d'une recension dans la revue Carto, excellente revue de géographie et géopolitique, dans son numéro 10 de mars-avril 2012 :
« Tous les excès sociaux et politiques perpétrés au nom de la religion et de l’extrémisme sont dénoncés avec humour. L'une des richesses de l'ouvrage est qu'il illustre, avec bulles et vignettes, l'un des conflits les plus anciens de la planète avec finalement beaucoup de simplicité, comme si la paix était à portée de main. Une paix rendue impossible sur le terrain, avec ces colonies, ces contrôles militaires incessants... »
[Lætitia Le Clech]
Humeur musicale : Frank Deweare, Mes semblables (2011, auto-produit)
2 commentaires:
Ah celui-là je cours après depuis quelques semaines sans parvenir à le récupérer, ce que tu écris ne me donne que plus envie de le lire...projet !
Il m'a déjà fait de l'oeil en librairie à plusieurs reprises (mais comme je ne connaissais pas du tout l'auteur, j'hésitais un poil), je pense que ce sera un de mes prochains achats BD.
Publier un commentaire