22 octobre 2011

La chute de Sparte [AJOUT]

La chute de Sparte, Biz, Éditions Leméac, 2011

Quatrième de couverture :
Steeve, grand lecteur, féroce critique de la société, raconte sa dernière année de secondaire marquée par la mort du quart-arrière des Spartiates, l'équipe de football de l'école Gaston-Miron.

La chute de Sparte ressemble à son auteur : drôle, cultivé, aux opinions fortes, aux désirs vifs, et dont la passion pour l'Histoire confère au récit une profondeur insoupçonnée. Son narrateur rejoint, par son esprit agile et caustique, ces grandes figures adolescentes à l'esprit torturé qui s'apprêtent à quitter l'enfance pour une aventure adulte pas piquée des vers...

Dans son article du Journal Voir, le journaliste Dominic Tardif sous-entendait que les adolescents auxquels s'adresse le roman de Biz ne seraient pas touchés par son propos. J'ai voulu tenter l'expérience avec un ado de mon entourage en lui faisant lire le roman et en lui proposant de m'écrire ses impressions. Son enthousiasme à la lecture des premières pages fut tel qu'il a achevé les 165 pages du roman en seulement quelques jours et qu'il m'a écrit son texte immédiatement.

Le voici :

La chute de Sparte est un livre écrit par Biz, le chanteur du groupe Loco Locass. Je l’ai adoré car il s'agit d'un livre qui combine humour, joie, noirceur et tristesse. C’est selon moi le juste milieu d’une vie normale. En effet, tout être humain a des hauts et des bas. 
C’est aussi l’image parfaite d’un adolescent. Un adolescent est souvent révolté et veut toujours avoir du plaisir. Mais quand une vérité sort ou quand on lui met le nez dans son caca, ça lui fait prendre conscience des choses. Ce qu’il n’aime pas faire. Comme de se retrouver face à la bêtise des autres, et donc face à la sienne en quelque sorte.
De plus, Steeve et son ami Samir ont souvent des discussions avec les parents de Samir, et ils parlent de sujets qui nous touchent. Par exemple, dernièrement, en sortant du cours d'histoire, on a parlé de la souveraineté du Québec avec mes amis. La défense de la langue française est aussi un sujet qui nous préoccupe et on en parle souvent entre nous.

Les traits psychologiques comme physiques des personnages sont mis en valeur et ça donne un côté chaleureux au livre. Comme si nous avions vu les scènes. J’ai aussi aimé le fait qu’il y ait plusieurs éléments déclencheurs : entre autres, la colère de Maxime Giroux et la mort de MSA. Ces deux éléments déclencheurs amènent du piquant à l’histoire, ce qui fait que l’on reste encore plus accroché au livre.
La bagarre avec Maxime Giroux m'a fait penser à ce qui arrive parfois dans mon école. Certains élèves se battent souvent à cause du racisme ou de la jalousie. Il faut dire qu'il y a beaucoup de bandes qui se forment naturellement selon les classes sociales ou la culture. Pour cet aspect, le livre est très réaliste.
En ce qui concerne l'homosexualité, il y a plusieurs élèves à l'école qui se disent bisexuels ou homosexuels, et personne ne les ennuie avec ça. Par contre, le mot "fif" comme insulte (Pour les lecteurs de la France, le mot "fif" est l'équivalent de "tapette") est toujours très populaire, mais ne pointe pas précisément l'orientation sexuelle de la personne visée par l'insulte. C'est un mot fourre-tout.

Quand on rentre dans ce livre de 165 pages, on veut juste qu’il dure éternellement. Pour y ajouter du piquant, on aurait bien aimé que la relation entre la prof de français et Steeve se développe un peu plus, qu'elle l'encourage plus encore ou qu'il ose lui avouer son amour.
Mais la fin du livre est très optimiste, on sait que Steeve a fait le bon choix et qu'il réussira.

Bravo Biz!

[Théo-Paul Petit]

Alors qu'un jeune de 15 ans vient à nouveau de mettre fin à ses jours parce qu'il se faisait écœurer à l'école à cause de sa bisexualité déclarée, le livre de Biz tombe à point et offre je crois une belle ouverture sur un monde adolescent intelligent, qui évoque aussi ces troubles, ces malaises, ce mal-être propre à l'adolescence mais qui accorde une réflexion contrastée, plus poussée, plus sensible à la différence. Cela change de l'image que la plupart des gens ont des jeunes, et en cela, Biz a bien saisi (ou s'est bien remémoré sa propre adolescence !) tous les contrastes qui traversent la vie de nos adolescents.
Il est certain que le narrateur - quand on connaît un peu Biz comme orateur (il a notamment officié régulièrement cet été dans l'émission On aura tout lu, et les débats étaient parfois houleux!) et comme chanteur des textes de Loco Locass - nous fait penser à son créateur, avec ses idées (notamment au sujet de la souveraineté du Québec) et son ton.
Mais l'environnement dans lequel évolue Steeve, son école secondaire, sa famille, ses amis, tout cela a particulièrement touché notre chroniqueur d'un jour !
Et vous, avez-vous aimé La chute de Sparte, de Biz ?

[Lætitia Le Clech]

Petit ajout : une entrevue avec Biz aux Francs-Tireurs, sur Télé-Québec. Passionnant !

Humeur musicale : Girls, Father, Son, Holy Ghost (Turnstile, 2011). Magnifique, planant, à la fois profond et léger comme l'été...

4 commentaires:

Anonyme a dit...

Moi, je trouve que ça mérite un commentaire. Et même plusieurs. Si ça me pète, j'y reviendrais, pourquoi pas ?
Cette chronique titeen est cute comme tout à cheval entre un discours djeunôt et scolaire là où la prémisse d'une explication s'impose, c'est l'école qui prend le relais avec des expressions comme "éléments déclencheurs", enfin, crotte, moi, si j'étais Biz, je serais fichtrement flatté, non ? Je serais vachement au poil qu'un 'tit gars plein d'astuces ait repéré des "éléments déclencheurs" à travers mon livre.

En plus de ça, l'ado, en lisant le bouquin, ça lui évoque des situations vécues, des histoires de cours d'école. Ça c'est le must, il ne faut pas se priver de le dire parce que ça suffit pas de prendre son laptop dans un café et tiptapper des mots les uns à la suite des autres. Encore faut-il que ça fasse sens dans l'imaginaire des lecteurs. Si, en plus, il avait pu y avoir du piment entre la prof et l'élève...
Dis, Théo-Paul, félicitations. Ça valait le coup, non ? Alors quand est-ce que tu recommences ?

Lætitia Le Clech a dit...

Bonjour Anonyme : je ne suis pas sûre du tout de comprendre le ton de ton commentaire ! Et je ne suis pas sûre de savoir qui se cache derrière ce commentaire (je ne me ferai jamais au côté anonyme des commentaires sur les blogues).
Je suis plutôt étonnée de lire un ton sarcastique, mais peut-être que je me trompe ?
Clarifications SVP ?

Anonyme a dit...

Clarification bon bon. C'est casse pied de devoir s'identifier au complet, raconter sa vie juste pour donner un avis. Et c'est plus simple de ne pas s'identifier, de ne pas se rappeler de son NIP, etc.

Aucun sarcasme non plus. Je ne vois pas ce qui laisse entendre que. Au contraire, je trouve normal d'encourager l'initiative de Théo-Paul, d'autant qu'il y met les formes, en s'emparant d'outils retenus en classe, sans pour autant tomber dans le didactique.
Mais il y a mieux. Que ce jeune homme évoque "le juste milieu d'une vie normale", voilà qui est plein de bon sens et d'ouverture au monde. La vie n'est pas tout rose, n'est pas tout gris, n'est pas manichéenne pour deux cennes. La vie, selon Théo-Paul est un juste milieu de normalité. Moi, j'adore, je sais pas pour vous mais moi oui.

Du coup, ça me donne une nouvelle occasion de féliciter Théo-Paul et de te remercier, Fibula de nous permettre d'affibuler son ton blog.

Un anonyme averti en vaut deux.

Lætitia Le Clech a dit...

Merci Anonyme averti, je me sens mieux ! ;-)