23 novembre 2010

Sorcellerie et dépendances


Sorcellerie et Dépendances, Sandrine Revel, éditions Dupuis, 2010
Résumé de l'éditeur : « San Francisco, de nos jours.
Accro à la sorcellerie, Eva essaie de rompre avec cette dépendance en fréquentant les sorciers anonymes. Mais c'est plus facile à dire qu'à faire : la sorcellerie améliore tellement la vie de celles qui s'y adonnent qu'il n'est pas évident d'y renoncer ! De bonnes résolutions en rechutes, elle finit par signer un pacte avec Satan... mauvaise idée.»

Chers lectrices, chers lecteurs,
c'est avec une joie non dissimulée que je vais aujourd'hui vous parler de Sorcellerie et Dépendances, une bande dessinée à ne pas balancer au bûcher !

Alors pour tout vous dire, et parce que je me dois d'être honnête avec vous, j'hésitais entre ça et faire une petite rétrospective sur Lady Snowblood de Kazuo Koike et Kazuo Kamimura. Finalement je me suis dit que la gymnastique suédoise et les perversions japonaises pouvaient bien attendre un peu d'autant que les trois volumes sont déjà parus depuis deux bonnes années.

Donc je vous préviens, il ne sera pas question ici et maintenant de l'histoire d'une mère violée que sa fille, née en prison, va venger. Non, moi je préfère vous parler des petits atermoiements de la bobogeoisie californienne narrée par notre très française - du moins de ce que je sais... - Sandrine Revel et... Ah pardon, mais on m’interrompt pour me dire que l'auteure est bordelaise ! Ah tiens, c'est pas loin de chez moi ça, Bordeaux. Oui... Oui... d'accord... Oui, attendez je leur dis : alors je dois aussi vous communiquer l'adresse de son blogue. Bon, voilà qui est fait... Ah ! non, mademoiselle ! Non, ça suffit maintenant, je sais que je devrais la connaître mais bon vous savez, moi je ne connais pas tout le monde à Bordeaux et je fréquente peu cette ville surtout depuis que le maire a décidé de se tirer un boulet dans le pied en torpillant ses promesses. Alors bon, maintenant hop ! Un coup de baguette et je repars à écrire ma critique comme par enchantement.

Ainsi, je vous disais que moi, j'ai bien aimé la bédé de Sandrine, parce que l'histoire est rigolote : dans un monde où la sorcellerie est reconnue, utilisée et même soignée comme une addiction, une femme pas bien dans son couple, pas bien dans sa peau décide de faire un pacte avec le diable pour rajeunir, reconquérir son mari et retrouver une digne position dans la société... Bien entendu on pourra y voir nombre de parallèles avec nos modes de vie.

Le trait et le choix des couleurs sont sympas, très américains. Ça tombe plutôt bien, je ne suis pas difficile : j'aime bien la bédé alternative américaine (Ghost World, Black Hole, Ice Haven, Blankets... ) dont je reparlerai à l'occasion. Et puis mince alors, c'est quand même plus sympa de relater les petites cachotteries d'une femme mûre dans une société où tout doit être parfait que de découper des vilains môssieurs à grand coups de katana, quand même !

Je sais, je sais, chacun ses goûts. Il paraît que Quentin Tarantino préfère les katanateries féminines, lui. Moi, personnellement, je me sens mieux à braver les interdits en Californie qu'à voir des femmes se faire découper leur... Enfin, bref j'avais dit que je ne parlerai pas de Lady Snowblood. Donc je ne dirai rien de plus... Allez, si quand même une impression très personnelle comme toujours, mais vite, hein, parce qu'on est ici pour présenter la bédé de Sandrine, je vous le rappelle !

Donc, je fais vite : Kazuo Koike, le scénariste, est une gros pervers et donc attendez-vous à un scénario toujours limite, prêt à dévoiler les charmes de l'héroïne et des autres personnages féminins au beau milieu de mâles apparentés à des taureaux, pas franchement fins, qui n'attendent pas pour remuer tout ce qui bouge. Bref, ce n'est certainement pas de la haute voltige. Et c'est là qu'intervient la finesse, la douceur et la volupté du dessin de Kazuo Kamimura en complète opposition : sous sa plume, Lady Snowblood se dote d'une âme, d'une sensibilité, d'un esprit. Et c'est ce qui fait qu'on a envie de suivre ses aventures jusqu'au bout des perversions du scénariste, juste pour ses beaux yeux et sa fluidité. C'est tout le paradoxe de cette oeuvre qui est donc à lire, mes cher-e-s ami-e-s.

Voilà, j'ai fini de vous parler de Lady Snowblood, et puis j'ai également fini de vous parler de Sorcellerie et Dépendances, oeuvre originale, contemporaine, intelligente qui plaira san doute à ceux qui aiment bien lire des bédés comme on regarde un film ou comme on lit un livre ; des bédés avec une âme, des bédés pour adultes donc...

Allez, sur ces bonnes paroles, je vais lire le dernier tome paru de Pluto de Naoki Urasawa...

Sorcellerie et Dépendances, un coup de botox magique, par Sandrine Revel.

Lady Snowblood, un grand n'importe quoi tout en finesse, par Kazuo Koike et Kazuo Kamimura (trois tomes, éditions Kana, 2007-2008 )

François Nicaise

[Note de Lætitia : en mettant le texte de François en ligne, j'écoute le dernier album de Kanye West, My Beautiful Dark Twisted Fantasy (Universal, 2010) sur le site Luisterpaal. Les critiques de cet album sont dithyrambiques et comme ce n'est pas du tout mon style habituel de musique, j'ai bien hâte de me faire ma propre opinion... fin de la note...]

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