Un livre offert dans le cadre de Masse Critique par Babelio.
Les immigrants, dans leur pays d'adoption, peuvent trouver en la littérature un moyen extraordinaire d'en apprendre sur la culture "locale" et l'identité de leur nouvelle terre.
Il en va ainsi, au Québec, avec l'œuvre de Michel Tremblay, et particulièrement Les Chroniques du Plateau Mont-Royal, qui comme je l'ai déjà exprimé plusieurs fois sur ce blogue, devraient être une lecture obligatoire pour tout nouvel arrivant, même si tout le contenu n'est pas facile à comprendre du premier coup. La langue et la réalité québécoise élargissent la vision que l'on peut avoir de notre propre expérience d'immigration.
Les biographies et autobiographies jouent un peu le même rôle : situer une personne - connue ou moins connue - dans un lieu précis, ancré dans une réalité particulière. Souvent, une biographie va couvrir une période historique plus ou moins longue, plus ou moins importante. Mais toujours, elle regorgera de détails, souvent nouveaux et instructifs.
Par cette digression, j'en viens à vous parler d'une de mes dernières lectures, Janine Sutto, Vivre avec le destin, écrite par jean-François Lépine, journaliste bien connu qui travaille pour Radio-Canada depuis de nombreuses années, actuel présentateur de l'excellente émission Une heure sur terre.
Ce billet a tardé à paraître car la lecture du livre de Jean-François Lépine a été ardue et parce que, d'autre part, je ne savais pas comment exprimer mon ambiguïté suite à cette lecture.
En effet, ce livre se révèle une mine d'informations qui nous entraînent dans le milieu du théâtre québécois, dont on connaît souvent trop peu de choses, mais qui pourtant a établi les bases de la culture populaire québécoise. "Notre-Dame du Théâtre" (surnom donné à Janine Sutto par son ami Gilles Latulippe) porte bien son nom, et c'est avec admiration que nous suivons l'actrice passionnée dans sa vie professionnelle riche et variée.
Mais voilà, l'auteur, qui est le beau-fils de l'actrice, en est resté à un alignement de faits, écrits dans une langue relativement pauvre, ou du moins sans aucune originalité, et alignant les lieux communs et des transitions tragiques exagérées et répétitives. Il a choisi de présenter la vie de Janine Sutto dans un ordre chronologique, or, après cette lecture fastidieuse, une présentation moins linéaire et orientée sur des thématiques aurait probablement été plus captivante.
«Dès le moment où Janine m'a demandé de faire ses mémoires, j'ai accepté, mais avec une condition. En tant que journaliste, je voulais absolument aller au fond des choses, autant dans sa vie privée que dans sa vie professionnelle. Elle a revisité beaucoup de moments de sa vie avec moi, et sa fille Mireille [Deyglun] en a appris beaucoup sur sa mère».
Concernant la vie privée de l'actrice, l'auteur traite autant de son alcoolisme que de ses amants, et de sa relation difficile avec sa fille Mireille, qui lui a toujours reproché d'avoir été une mère absente. Absente ou trop centrée sur son autre fille, Catherine, jumelle de Mireille, et trisomique.
On se doute que le fait que Jean-François Lépine soit le gendre de Janine Sutto a fait en sorte qu'il avait accès à un grand nombre d'informations. Mais on sent aussi une certaine réserve dans ses commentaires notamment concernant les relations entre Janine Sutto et sa fille Mireille Deyglun (sa propre épouse).
Constatant cela, on peut se poser la question du recul nécessaire du biographe vis à vis de son sujet.
Ceci dit, la carrière de Janine Sutto reste exceptionnelle et sa contribution au théâtre québécois singulière. Aujourd'hui âgée de presque 90 ans, elle est aussi une fière porte-parole pour l'AMDI (Association de Montral pour la déficience intellectuelle) et marraine de l'Association Baluchon Alzheimer.
On peut souvent la croiser lors de spectacles de théâtre ou de musique, et elle est encore sur scène dans Belles-sœurs, l'adaptation musicale par René-Richard Cyr et Daniel Bélanger de la pièce de Michel Tremblay Les Belles-sœurs, mise en scène en 1968 par André Brassard au Théâtre du Rideau Vert, et interprétée déjà à l'époque par Janine Sutto (entre autres)...
Cette biographie assez conventionnelle brosse donc le portrait d'une femme unique, au caractère bien trempé. Elle ne révolutionne pas le genre, mais nous permet de réaliser à quel point la vie de comédien de théâtre était difficile et loin des projecteurs et des fantaisies que l'on peut imaginer parfois. Les comédiens de cette époque - collègues et amis de Janine Sutto - ont tous participé à l'amélioration de la condition d'artiste au Québec (création de l'Union des Artistes), et posé les jalons d'une vie théâtrale qui ne cessera jamais au Québec, avec ses hauts et ses bas.
Un article dans La Presse
L'article de Rue Frontenac
Une critique par une autre blogueuse (pour Babelio), avec laquelle je suis totalement en accord, et qui aborde des points que j'ai mis volontairement de côté (le fameux D.) mais qui m'ont choquée aussi...
En écrivant ceci, j'écoute K-X-P, K-X-P (Smalltown, 2010)
4 commentaires:
Très bonne critique: je comprends maintenant pourquoi tu me disais que tu trouvais difficile faire ton texte! ;) Je trouve que tu as pointé les points essentiels et les problèmes majeurs de ce bouquin. Merci pour tes synthèses toujours justes!
Pour ma part, si j'avais voulu lire un récit documentaire historique, j'aurais choisi de le faire autrement. Je m'attendais de lire un texte riche en analyse psychologique du personnage et de la personne qu'est Janine Sutto et de là, la déception. J'apprécie l'effort et comme vous, je suis surprise de la pauvreté du "script" ou "scénario", de l'écriture aride et oui, "pauvre". Dommage mais prometteur...
Merci de votre commentaire Evelyne !
vous êtes étonnante de franchise
dans votre critique
et en même temps d'intégrité
intelligente:)))
bravo
permettez-moi de vous offrir
une de mes chansons
UN JEUNE HOMME DE BONTE
qu'est-ce qu'un être humain? C'est un être de lumière à intentisé variable. Allumer un rêveur, c'est nourrir de son propre feu un rêve à trop faible intensité de lumière. Etre allumé par un rêveur, c'est être aspiré par l'intensité de la lumière de l'autre. Chacune de mes chansons non normative fut une histoire vraie, inspirée par l'une ou l'autre des deux situations décrites dans ce paragraphe.
UN JEUNE HOMME DE BONTÉ
Un jour j’ai demandé
à un jeune africain
réfugié à Sept-îles
comment il voyait demain
ce jeune de 17 ans
m’a dit bien simplement
je rêve de retourner
dans mon pays maltraité
pour être reconnu
nationalement
comme un homme de bonté
REFRAIN
une chance qu’y pleuvait à sciau
sur ma guitare et mon chapeau
parce que mes larmes me lavaient l’corps
entre Sept-Iles et Bécomo
perdu dans l’parc
d’une route de bois
et d’orignaux
COUPLET 2
moi qui ai donné mes biens
qui marche mon pays
adoré des étoiles
et même de la pluie
il a suffi d’une phrase
d’un jeune noir en extase
pour que brille dans la nuit
sa clé du paradis
je me ferai mendiant
nationalement
pour chanter, ce jeune homme de bonté
COUPLET 3
y a très peu d’africains
qui demeurent à Sept-Iles
qui ont les yeux brillants
et bientôt 18 ans
qui marchent dans la rue
qu’on traite en inconnu
qui font l’ménage la nuit
dans une usine perdue
si vous le rencontrez
serrrez-lui la main
en lui chantant mon refrain
Pierrot, vagabond céleste
www.enracontantpierrot.blogspot.com
www.reveursequitables.com
http://www.tvc-vm.com/studio-direct-235-1/le-vaga bond-celeste-de-simon-gauthier
http://www.reveursequitables.com.centerblog.net
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