03 septembre 2021

Quand je ne dis rien je pense encore

on croit que ceux qui ne parlent pas
ne pensent rien
que ceux qui sourient
sont heureux 

on croit aussi que ceux qui sont convaincus
ont raison
que ceux qui écoutent
obéissent
(p.38)

Ce premier recueil de poésie de l'autrice Camille Readman Prud'homme, proposé au printemps dernier par l'éditeur L'Oie de Cravan, offre des réflexions à la fois intimes et universelles, un propos d'une beauté magistrale. La poète nous donne à réfléchir sur des instants de vie, des moments précieux, parfois fugaces, qui nous traversent, ou nous habitent parfois un peu plus longtemps et ne nous lâchent jamais vraiment. Elle s'arrête à les décrire, à les décortiquer, elle vise juste, elle écrit avec une telle intelligence des émotions, un bouillonnement qui nous prend et nous fait savourer chaque mot. Elle nous parle aussi d'objets du quotidien, de la conformité à laquelle on se plie et qui ne veut rien dire, ou plutôt tout. Elle nous touche avec les petites choses qui nous habitent sans qu'on s'en rende compte, en décrivant ces moments déroutants qui nous font parfois honte, qui font qu'on se trouve incompétent, ou avec ces évocations très justes de gens que l'on croise sur notre chemin.
Il s'agit d'une poésie, en prose le plus souvent, belle et qui nous fait réfléchir, à la manière d'un essai philosophique, dont les questions résonnent dans nos propres vies et dont le propos est appuyé par un effet de répétition utilisé par l'autrice.

Souvent, j'emprunte mes livres à la bibliothèque. Quelquefois, ceux-ci me prennent tellement aux tripes que je vais éprouver le besoin de les posséder. C'est ce qui est arrivé avec ce recueil, je l'ai acheté en plusieurs exemplaires après l'avoir lu, pour le posséder, le relire, les autres exemplaires pour les offrir. Un très grand coup de cœur du dernier mois.

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Complément :

Un autre texte de Camille readman Prud'homme, publié dans la revue Moebius.

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Quand je ne dis rien je pense encore, Camille Readman Prud'homme, L'oie de Cravan, 2021, 105 pages

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