Imaginez la scène : vous rencontrez une personne que vous n'avez pas vue depuis des années. Passés les premiers sourires, vous demandez des nouvelles : "Comment vas-tu ? Qu'est-ce que tu deviens ? Qu'as tu fait tout ce temps ?", etc... Face à vos questions qui oscillent entre la curiosité, la courtoisie et la politesse, la personne ne répond pas, cherche ses mots, essaie de combler le vide qui s'installe ; un vide qui l'a justement habitée toutes ces années...
La Parenthèse est l'histoire d'un blanc, d'un bout de néant entre deux phases de conscience, entre deux période d'existence : l'avant et l'après la maladie ; avant quand tout allait bien, après quand la vie reprend son cours.
La Parenthèse est un récit qui essaie d'expliquer cette absence du soi, non pas un abandon mais l'évanouissement de la temporalité : le grand flou qui constitue la ligne de vie d'une personne dont la mémoire ne fonctionne plus vraiment, qui subit un traitement pour guérir et s'évapore sous l'emprise des médicaments.
Si l'intrigue en soi n'est pas complexe, c'est la relation face à la famille, face aux amis, au corps médical et à soi même, ce soi qui devient autre, ce moi qui n'est plus si sûr ; face à cette vie que l'entourage décrit et qui dans un cerveau endommagé n'existe même pas , c'est tout cela qui est un enfer.
Ce caractère humain, cette maîtrise de la sensibilité autour d'un sujet qu'on souhaiterait ne jamais aborder fait de La Parenthèse une œuvre à part. C'est une bande dessinée originale qui fait du bien parce qu'elle nous rappelle que nous ne sommes que des humains.
C'est un petit coup de poing qui souligne, si on l'avait oublié, que la vie ne devrait pas être un songe, un film qu'on joue dans sa tête mais l'expérience unique de chaque instant.
Pour conclure ce petit article, foncez ! Ne vous arrêtez pas au style graphique - dont je ne suis pas très fan - laissez vous happer par le découpage un peu particulier et faites vous ce merveilleux cadeau que nous offre la littérature : celui de partager avec l'autre, l'inconnu d'un coup très proche et de pouvoir librement choisir de réfléchir sur sa condition.
De temps en temps ça fait du bien... Non ?
La Parenthèse, le souvenir de la vie par Elodie Durand
Présentation de l'éditeur :
"C’est l’histoire d’une jeune fille âgée d’à peine plus de 20 ans, d’un drame dans sa vie qui semblait être sans retour, d’une chute dans la maladie, dans la perte de soi. Ce récit est une bataille contre l’adversité. Il parle de la mémoire parfois si fragile, d’une convalescence inattendue, de comment, un jour, on réapprend son alphabet, à compter, à retrouver ses souvenirs." Élodie Durand
François Nicaise
2 commentaires:
Je l'avais repéré dans les nouveautés BD de la rentrée... Je le lirai dès qu'il sera disponible au Québec. Par contre, j'ai bien peur d'être encore dans le même genre de sujet que ma précédente chronique ! On verra comment celle-ci le traite...(sans mauvais jeu de mot)
C'est noté dans mes lectures à faire, ça c'est sûr!
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